Profitant d’un ring de lutte construit par son père dans la cour arrière de leur maison, l’homme originaire de Saint-Damase a commencé à pratiquer la lutte à l’âge de 14 ans. Accompagné de ses amis, dont un certain Kevin Owens, le jeune Michaël Roy réalisait ses propres petits spectacles et était entraîné par le lutteur professionnel Serge Jodoin. C’est donc sous son aile que la carrière de Gorgeous Mike a pris son envol, tout juste avant de profiter des enseignements du réputé Jacques Rougeau Jr.
C’est finalement à l’âge de 17 ans que le grand moment tant attendu est arrivé. « À 17 ans, j’ai fait mon premier match professionnel dans la ville de l’Assomption contre Kevin Owens. C’était sa fête, donc c’était le 7 mai. J’ai eu la piqûre et je n’ai jamais arrêté », s’exclame l’homme, se remémorant de vieux souvenirs.
Changement de cap
Alors que sa carrière semblait se dessiner vers la lutte, un domaine complètement différent a attiré son attention, soit celui de la finance. Ayant un père entrepreneur à la tête d’une entreprise de portes et fenêtres, Michaël Roy a toujours navigué dans le domaine des finances et de l’entrepreneuriat. « Mon père m’a éduqué assez tôt dans la vie les rudiments de l’argent », explique-t-il.
Après un parcours scolaire un peu plus difficile, il a commencé son DEC en administration des affaires à l’âge de 20 ans, pour ensuite faire son bac en finances à l’UQAM.
Sacrifices à faire
Maintenant installé confortablement dans les bureaux d’Assante sur la rue Daniel-Johnson Ouest à Saint-Hyacinthe, le conseiller financier ne regrette pas ses choix de vie. Une situation qui aurait pu être bien différente s’il avait voulu pousser sa carrière de lutteur vers l’international.
« Quand je regarde Kevin Owens, on a le même parcours dans notre début de carrière. On a appris avec les mêmes entraîneurs, on a assisté aux mêmes cours, on adorait la lutte autant l’un que l’autre, mais Kevin avait probablement plus faim que moi », confie-t-il.
Michaël Roy ajoute que pour percer dans la lutte, il aurait fallu qu’il déménage aux États-Unis, ce que son ami a fait, pour se faire connaître des promoteurs le plus possible. « Ce n’est pas en luttant à Montréal que les promoteurs américains vont te remarquer », explique-t-il.
Pendant que son ami luttait chez les voisins du Sud, Michaël Roy poursuivait ses études. « Je faisais mes études la semaine, je travaillais avec mon père et j’allais lutter le vendredi et le samedi. Il y a un soir où je pouvais lutter à Shawinigan, à Drummondville et après à Montréal, raconte-t-il. Donc, je me promenais dans ça. Il y a des fois où je traversais la frontière, mais il aurait fallu que je pousse davantage. Quant à Kevin, il dormait dans son auto. Je n’aurais pas été capable de faire ces sacrifices-là. »
Un personnage bien différent de la réalité
Bien que les finances occupent une grande partie de sa vie, celui qui s’est fait un nom sous les traits de Gorgeous Mike lutte encore une à deux fois par mois. « Je lutte beaucoup moins, car je veux passer du temps en famille avec mes enfants. Cependant, ils aiment bien me voir lutter. »
Depuis le début de sa carrière, le rôle qu’il adore jouer est celui du méchant, ce qui lui permet de mettre de l’ambiance dans la salle. « Les lutteurs actuels sont un peu plus techniques avec des pirouettes et des prises de lutte. Ils sont moins théâtraux. Il y en a qui le sont, mais ils ne sont pas tous comme ça. Donc, moi, j’apporte encore le côté théâtral avec mon personnage flamboyant. Les gens aiment me huer », avoue celui qui s’est inspiré des grands noms de la lutte des années 90 comme The Undertaker, Hulk Hogan et The Rock.
Il ajoute également que Gorgeous Mike est lui en version x1000 et qu’il aime se ridiculiser devant le public. « Je rentre dans le ring avec une perruque et un boa de plumes, mais c’est ça la lutte. Je ne peux pas faire ça au bureau, mais dans un show de lutte, je peux être qui je veux et les gens vont m’aimer ou me détester, mais ne porteront pas de jugement sur la personne que je suis parce que ça fait partie du spectacle », souligne-t-il.
Quant à son promoteur de lutte, Éric Ouimet, il apprécie les deux côtés de son protégé et ami. « Quand Michaël est conseiller financier, c’est l’homme de famille, c’est l’homme qui aide les gens, alors que quand il est lutteur, il aime sortir le méchant même si c’est l’un des gars les plus humains que je connaisse », révèle Éric Ouimet.
Ne sachant pas trop ce qui l’attend dans les années à venir, le père de deux jeunes enfants veut tout de même continuer tant que la forme et le plaisir seront au rendez-vous. « Je n’ai jamais été aussi en demande pour des combats de lutte. Moi, j’ai toujours dit que quand je vais traverser le rideau et que je n’aurai plus la réaction de la foule et que je vais me considérer comme un has-been, c’est là que je vais arrêter et que je vais passer à autre chose », conclut celui qui franchira bientôt le cap de la quarantaine.
Par Félix Gallant