23 janvier 2014 - 00:00
Miracle sur la glace!
Par: Le Courrier

À 49 ans, je n’ai jamais vu pareille démonstration au hockey. Et j’en ai vu des matchs de hockey… L’issue de la Série du siècle, les 24 coupes Stanley du Canadien n’ont rien de comparable à ce qui s’est produit ce matin à Ville-Dégelis, au Québec. Notre équipe bantam C, les Prédateurs d’Edmundston, affrontaient en demi-finale les Maskas de Saint-Hyacinthe. Personne ne se connait. Edmundston a subi l’élimination en perdant 2 à 0.

En fait, ils ont gagné, tout comme Saint-Hyacinthe. Avant la partie, les deux équipes attendaient l’arrivée tardive des officiels. Côte à côte, ils attendaient près de la porte de la bande. De loin, nous, les parents, voyions qu’il se passait quelque chose d’anormal. Chose certaine, les joueurs semblaient avoir du plaisir. Edmundston était la première équipe à embarquer. Trois de nos joueurs sont restés près de la porte à saluer chacun des joueurs de Saint-Hyacinthe qui embarquaient à leur tour. Des tapes amicales avec le gant. Puis, ce fut le moment le plus touchant. Les deux équipes, à l’invitation de l’équipe de Saint-Hyacinthe, se rassemblent au centre de la patinoire pour une photo. Les deux formations sont côte à côte, mais séparées; les rouges (Edmundston) à gauche et les blancs à droite. Une fois la photo prise, les équipes s’apprêtent à regagner leur banc quand, soudainement, on décide de ramener les joueurs des deux équipes au centre pour une autre photo. Cette fois, les joueurs sont mélangés, si bien que les couleurs rouge et blanc des deux équipes ne font plus qu’une! Du jamais vu! Et la partie n’est même pas commencée…! Pendant la prise de photo, les parents fort bruyants (trompettes au bec) de Saint-Hyacinthe décident de déménager de leur section isolée et de se joindre au groupe de parents d’Edmundston. Pendant la rencontre, les parents encouragent les deux équipes sur la patinoire. Plusieurs parents ont le « motton » et essuient quelques larmes. La partie se déroule dans la plus grande amitié et le respect absolu. Nos joueurs, même s’ils n’ont pas marqué, ont joué l’une des plus belles parties de la saison. Avant la partie, l’entraîneur-chef d’Edmundston sentait qu’il n’aurait pas besoin de faire de discours. « Allez, amusez-vous », leur aurait-il simplement indiqué. Cela aussi, c’était du jamais vu. Il y avait toujours un plan de match, une stratégie à appliquer. Mais là, non. Après la rencontre, les accolades des joueurs se multipliaient et les entraîneurs de Saint-Hyacinthe invitaient les nôtres à se rendre chez eux pour y jouer des parties. Nos joueurs étaient renversés. Ils viennent de connaître l’une des plus belles journées de leur vie. Quelle belle leçon : jouer avec (et non contre) une autre équipe, peu importe l’issue de la partie. Si le hockey était toujours joué ainsi, il n’y aurait plus jamais de bagarres, de parents qui engueulent les arbitres, de joueurs déçus d’avoir perdu. Ce matin, nous n’avons pas été témoins d’une partie de hockey. Cela ressemblait bien plus à un scénario de film à mouchoirs. Et pourtant, la partie a été intense. Merci aux joueurs, entraîneurs et parents des deux équipes d’avoir été les artisans d’une si belle leçon de vie!P.S. Ah, oui, j’oubliais (merci à ma femme de me l’avoir rappelé). Les joueurs de notre équipe ont reçu dans leur vestiaire la visite des joueurs de Saint-Hyacinthe après la partie. Ils ont offert à nos jeunes du jus et du lait au chocolat. Non, mais quelle générosité!P.S. II – Nous avons une fille dans notre équipe. Sa mère m’a rappelé que Mélanie était allée s’habiller avec les quatre filles de l’équipe de Saint-Hyacinthe à l’invitation de celles-ci. Place à l’amitié et non à la rivalité.

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