15 décembre 2022 - 07:00
carte blanche
Missile
Par: Christian Vanasse
Christian Willie Vanasse

Christian Willie Vanasse


L’histoire de la fillette de sept ans tuée par un homme au volant de son VUS est d’une infinie tristesse. Mourir si jeune est déjà une horreur, s’ajoute une couche d’absurde quand on apprend que l’enfant et sa famille avaient fui l’Ukraine il y a quelques mois pour se réfugier ici, en sécurité, loin des atrocités de la guerre et des bombes.

Et voilà qu’elle meurt bêtement par un froid matin de décembre dans les rues de Montréal. Aussi bêtement et inutilement que si elle avait été frappée par un missile russe dans les rues de Kyiv.

Je connais très bien cet endroit, au coin des rues Parthenais et de Rouen. Je vais souvent travailler dans ce quartier et j’ai le souvenir de la couleur des immeubles autour, le panneau d’arrêt, la traverse piétonne. Des écoles, des garderies, des restaurants et des commerces de proximité. Un petit quartier résidentiel comme il y en a tant, situé entre des axes routiers achalandés et traversés par des conducteurs trop pressés de gagner une minute ou deux sur leur précieux temps de trajet quotidien. Dans leur sillage, l’hécatombe. Depuis le début décembre, huit piétons sont morts dans le grand Montréal, dont cinq aînés.

Je connais l’endroit de la dernière tragédie, mais il en existe beaucoup d’autres. À Laval, à Beloeil et jusque dans notre confortable Saint-Hyacinthe, vous les connaissez comme moi. Dans Saint-Joseph, Saint-Sacrement, près de la Poly ou à Douville, dans le centre-ville ou le stationnement des galeries, partout, à tout moment, il y a ces gens trop pressés, distraits ou insouciants au volant de véhicules toujours plus gros qui ne voient même plus ce qu’il y a autour ou devant.

Ils ne font que poursuivre leur trajectoire. Et en une fraction de seconde, ils sèmeront la mort, comme des missiles assassins.

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