12 mars 2015 - 00:00
Mon avis public
Par: Martin Bourassa

Ce n’est pas de gaieté de coeur ni par amour des médias que les municipalités publient des avis publics dans les journaux locaux ou régionaux. Elles y sont obligées par la Loi sur les cités et villes.

Depuis l’automne dernier, quelques voix se sont élevées, portées par l’Union des municipalités du Québec, pour réclamer que soit modernisée cette loi.

Sous prétexte que l’Internet est une voie d’avenir, contrairement à la presse écrite dit-on, on voudrait donner aux municipalités la possibilité de remplacer cette publication par une diffusion des avis sur Interrnet, voire sur leurs propres sites.

La Ville de Saint-Hyacinthe vient d’adhérer à ce mouvement, et ce, à l’unanimité du conseil. Désolant. Dans sa résolution du 2 mars, « la Ville estime que c’est sur Internet et non plus dans le journal qu’elle atteint l’objectif de faire connaître à un maximum de citoyens les décisions ou les actes pris par le conseil ou ceux qu’il s’apprête à prendre ». Me semble oui. Un sondage Léger Marketing commandé par la Ville en novembre 2012 démontrait pourtant le contraire. Dans le dossier du tunnel du boulevard Casavant, 73 % des répondants avaient répondu avoir pris leurs informations dans LE COURRIER. La brochure municipale distribuée par Postes Canada avait rejoint 27 % des répondants. Le site Internet de la Ville? À peine 1 %.

Ce sondage ne date pourtant pas de 10 ans! Et rien ne permet de croire que le résultat ­serait bien différent en 2015, si la Ville ­interrogeait les Maskoutains sur la ­provenance des informations municipales qu’ils consultent religieusement et en toute confiance.

Pour une administration qui aime se draper du mot transparence, on voit mal en quoi le fait de ne plus publier ses décisions dans un hebdomadaire y contribuera.

J’aimerais que nos élus ne voient pas la publication d’un avis public dans un ­hebdo comme une dépense, mais comme un investissement dans la démocratie, une façon directe de rejoindre les gens dans leur quotidien, sans leur demander de faire un effort de recherche en parcourant les méandres des sites Internet municipaux. D’ailleurs, si les élus de la Ville de Saint-Hyacinthe sont si convaincus de ­l’utilité de leur site, on peut se demander pourquoi ne se servent-ils pas déjà de cette vitrine pour y diffuser également leurs avis publics ou leurs avis de démolition.

Dans certains milieux, des maires ne se cachent pas pour dire que cette offensive de l’UMQ vise aussi à punir des médias qui critiquent trop vigoureusement l’administration en place. J’ose espérer que nos élus ne sont pas rendus si bas.

Si c’est le message caché derrière cette résolution, ils seront certes déçus puisque LE COURRIER a démontré par le passé son indépendance face aux représailles des annonceurs publics ou privés. Nous avons trop de respect pour nos lecteurs et ­annonceurs pour leur offrir une information municipale complaisante.

Si la Ville ne croit plus aux vertus de ­l’imprimé, pourquoi ne cesse-t-elle pas sur-le-champ la production de son bulletin municipal Au Coeur du Maskoutain? Ceci lui permettrait d’économiser annuellement bien plus que ce qu’elle dépense en frais de publication d’avis public dans LE COURRIER.

Aucune loi ne l’oblige à produire son propre bulletin imprimé.

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