17 novembre 2022 - 07:00
Professeure en géomatique appliquée et chercheuse
Myriam Lemelin veut former la relève scientifique
Par: Adaée Beaulieu
Myriam Lemelin a offert une présentation sur la géomatique appliquée à l’école Henri-Bachand. Photo gracieuseté

Myriam Lemelin a offert une présentation sur la géomatique appliquée à l’école Henri-Bachand. Photo gracieuseté

La scientifique Myriam Lemelin, qui est originaire de la région maskoutaine, a eu un parcours atypique qui l’a menée à travailler sur des missions financées par nulle autre que la NASA et qui iront sur la Lune en 2024. Aujourd’hui, elle souhaite intéresser les jeunes à la science afin de former la relève. C’est pourquoi elle a accepté d’être la présidente d’honneur du programme Initiation sport-réussite éducative destiné aux élèves du troisième cycle de l’école Henri-Bachand à Saint-Liboire, où elle a effectué une partie de son primaire.

Les étudiants de ce programme, qu’elle considère comme sortant des sentiers battus notamment par l’inclusion de nombreuses activités concrètes qui facilitent la compréhension des mathématiques et du français ainsi que la motivation scolaire, ont d’ailleurs pu la rencontrer récemment.

Changer de voie

Après avoir fait le programme d’anglais intensif au primaire à l’école Roméo- Forbes et son secondaire à l’École secondaire Saint-Joseph, Mme Lemelin s’est orientée en sciences humaines au Cégep de Saint-Hyacinthe. Cela l’a amenée à commencer ensuite un baccalauréat en enseignement au primaire à l’Université de Sherbrooke. Toutefois, en cours de parcours, elle a décidé de prendre une pause d’environ deux ans afin d’aller travailler.

« Finalement, j’ai réalisé que j’aimais beaucoup l’aspect enseignement, mais il me manquait celui de recherche », explique-t-elle.

Elle a donc profité de cette pause pour faire l’inventaire des programmes qui pourraient répondre à ses intérêts. Ceux-ci comprenaient aussi les arts, car elle adorait peindre. Toutefois, ses œuvres étaient très réalistes, notamment la représentation de la nature, donc elle devait trouver quelque chose qui rejoignait aussi son côté cartésien. C’est alors qu’elle a découvert la géomatique appliquée, c’est-à-dire tout ce qui a trait à l’acquisition et au traitement des données géospatiales. Google Maps est un bon exemple de géomatique. Les municipalités font aussi appel à des géomaticiens pour gérer les infrastructures. Les phénomènes naturels sont également étudiés via cette science. Cela peut notamment se faire par le biais de photos prises par des satellites, puis traitées à l’ordinateur.

Myriam Lemelin a réalisé, avec sa réorientation de carrière, que le problème est que les jeunes ne connaissent pas toutes les possibilités qui s’offrent à eux. Selon elle, c’est lorsqu’ils le découvrent que l’intérêt apparaît.

« Les jeunes étaient clairement fascinés. J’ai décidé de prendre les questions au fur et à mesure de ma présentation et j’ai presque juste répondu à des questions », souligne-t-elle à propos de son passage à l’école Henri-Bachand.

Pour ce qui est de ses étudiants, elle travaille actuellement avec huit diplômés sur ses nombreux projets. « Une carrière, ce n’est pas très long. C’est 20-30 ans en recherche. Si on reste à chercher tout seul de son côté, oui on augmente nos connaissances, mais quand on a fini, on doit les transmettre à d’autres. Si on le fait au fur et à mesure du parcours et qu’on implique les jeunes, on se bâtit une équipe qui s’assure de bien fonctionner dans le temps et de faire circuler les connaissances », affirme-t-elle.

Des études et des projets stimulants

Après avoir terminé son baccalauréat en géomatique appliquée, pendant lequel elle a fait un stage à l’Agence spatiale canadienne, Mme Lemelin a poursuivi à la maîtrise à cet endroit et elle a étudié la cartographie des minéraux lunaires. Elle a ensuite complété un doctorat à l’Université d’Hawaï dans le même champ de recherche en lien avec la cartographie de la glace aux pôles lunaires. Elle a également complété un postdoctorat à l’université de York en Ontario sur la rugosité de la Lune et de l’astéroïde Bennu et est devenue professeure à l’Université de Sherbrooke en 2019. Ses recherches se poursuivent et touchent la cartographie des minéraux et de la glace sur la Lune et la recherche de vie sur Mars.

De plus, elle est en ce moment membre de l’équipe scientifique des missions robotisées lunaires VIPER et Lunar Vertex qui iront sur la Lune en 2024. La première est une mission de 100 jours de la NASA, qui va chercher la glace aux pôles lunaires. Cela aidera les astronautes qui y iront dans le futur et permettra de connaître l’origine de l’eau autant sur la Lune que sur la Terre. Lunar Vertex, elle, est une mission de seulement 10 jours, dirigée par l’Université John Hopkins et financée par la NASA, qui étudiera une anomalie magnétique sur la Lune. Elle analysera ce qui l’a causée et aussi l’effet du champ magnétique qui pourra aussi être transposé au phénomène sur la Terre.

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