Après le bruit, les cris et les larmes est venu le silence. Et après l’horreur, malgré tout, parce qu’il le faut, la beauté s’est tranquillement remise en marche. Parce que c’est la seule chose à faire. Parce que la vie continue, même après la mort.
Il faudra se souvenir de cette chaleur commune, de ces mots de sympathie et de ces gestes d’empathie, de cet élan de solidarité sincère où, pour une trop rare fois, toute partisanerie était mise de côté. Il faudra se souvenir de cette unité, parce que nous savons que cela ne durera pas. Que les divisions reviendront dans l’arène de l’opinion. Que dans les lignes ouvertes, les esprits les plus fermés recommenceront à distiller leur haine ordinaire et que les loups hurleront de nouveau.
Il faudra se souvenir que rien n’est tout noir ou tout blanc, que tout est nuance de gris mais que la nuance, ça rentre pas toujours dans 140 caractères.
Souvenons-nous que seule la lumière peut faire reculer les ténèbres. Que sur la route tordue de l’ignorance, dans l’obscurité de la peur et de la colère, le plus inoffensif buisson peut nous sembler devenir une bête menaçante.
Il faudra aussi garder bien précieusement en mémoire que nous avons demandé au monde entier de ne pas juger tout un peuple à cause de la barbarie de quelques-uns. Ça oui, il faudra bien s’en rappeler la prochaine fois que cela arrivera. Et cela arrivera.
Et surtout, il ne faudra jamais oublier Khaled, Ibrahim, Mamadou, Aboubaker, Azzedine et Karim, ces Québécois que la terreur nous a lâchement enlevés. Pour honorer leur mémoire, nous devrons nous souvenir pour toujours de cette froide nuit de janvier.
Cette nuit où nous étions une famille unie.