Voilà une sortie à son image, c’est-à-dire élégante sans plus, lui dont le leadership a été remis en cause allègrement par les partis d’opposition ainsi que les membres de son propre caucus ces dernières semaines, voire ces derniers mois. Il a d’ailleurs évoqué les batailles internes pour justifier sa décision prise dans « l’intérêt des Canadiens et [pour] le bien-être de la démocratie », batailles qu’il a souvent lui-même créées et alimentées.
La plus récente bataille, celle qui lui aura été fatale, a culminé le 16 décembre avec la démission de l’ancienne ministre des Finances, Chrystia Freeland, que plusieurs voient devenir calife à la place du calife au terme d’une course à la succession qui intéresserait entre autres l’ancien gouverneur de la Banque du Canada, Mark Carney, et le ministre François-Philippe Champagne, un favori. L’heureux élu pourrait cependant manquer de temps.
Le Parti libéral n’aura pas le luxe de tergiverser longtemps pour élire un chef de remplacement. Il pourra s’inspirer des démocrates chez nos voisins du Sud, eux qui ont remplacé le président sortant Joe Biden par Kamala Harris quelques mois à peine avant les élections de novembre 2024. Avec le résultat que l’on connaît. Dois-je rappeler que Donald Trump, qui ne parle que d’annexer le Canada, se verra confier les clés de la Maison-Blanche le 20 janvier? La sortie précipitée de Justin Trudeau et la chute annoncée et assurée de son gouvernement dès la reprise des travaux à la Chambre des communes laissent entrevoir beaucoup d’incertitude.
Pendant que Trump multipliera les attaques envers le Canada par des décisions ou des menaces intempestives, notre pays sera plongé en pleine campagne électorale jusqu’au printemps.
Et sa conclusion est bien incertaine, même si les sondages pointent vers une victoire conservatrice. Il est loin d’être acquis qu’on se dirige vers un gouvernement majoritaire, ce qui serait sans doute la meilleure chose qui pourrait se produire en cas de victoire du Parti conservateur.
Le choc serait sans doute moins brutal si les compromis et les alliances demeurent encore de mise à Ottawa. Pour que ce scénario se produise, le Bloc québécois et dans une certaine mesure les libéraux devront résister à la vague de changement et maintenir leurs positions.
Dans la circonscription de Saint- Hyacinthe-Bagot, on ne sent pas beaucoup d’excitation. Le député bloquiste Simon-Pierre Savard-Tremblay est bien en selle.
Il ne reste pas grand-chose du courant progressiste-conservateur du comté qui a porté au pouvoir la députée Andrée Champagne jadis. Et il y a belle lurette que les libéraux fédéraux ne font que de la simple figuration par chez nous.
Les quelques visites de Justin Trudeau à Saint-Hyacinthe ces dernières années n’ont jamais soulevé les passions. On se souviendra de deux passages éclairs au Marché public pour vendre sa salade et surtout d’une réunion citoyenne aussi catastrophique que cacophonique à laquelle il s’était prêté au centre communautaire Saint-Joseph en janvier 2019.
Sa prestation n’avait convaincu personne, alors qu’il avait été pris à partie toute la soirée durant par des opposants et ce qui ressemblait déjà à des complotistes. Six ans après cette soirée mémorable, je cherche encore sa pertinence.
J’en retiens l’incroyable capacité de Justin Trudeau à répondre aux critiques et à les alimenter. Ceci explique sans doute pourquoi il s’est accroché à son poste aussi (et trop) longtemps. Il pourra toutefois se vanter d’avoir réussi à faire l’unanimité en ce lundi matin de janvier.
Tout le monde s’accorde maintenant pour dire qu’il en a assez fait. Next!