9 juin 2011 - 00:00
Des professeurs du Cégep de Saint-Hyacinthe lancent un cri du coeur
Non à une éducation « fast-food »
Par: Nicolas Dubois
Les signataires du manifeste disent avoir reçu l'appui de professeurs, d'étudiants et de retraités.

Les signataires du manifeste disent avoir reçu l'appui de professeurs, d'étudiants et de retraités.

Les signataires du manifeste disent avoir reçu l'appui de professeurs, d'étudiants et de retraités.

Les signataires du manifeste disent avoir reçu l'appui de professeurs, d'étudiants et de retraités.

Des professeurs du Cégep de Saint-Hyacinthe ont lancé, la semaine dernière, un véritable cri du coeur pour dénoncer « l'éducation fast-food », soit la réussite à tout prix des étudiants au détriment du réel apprentissage.

Le manifeste, publié vendredi dernier dans plusieurs médias dont les quotidiens La Presse et Le Devoir, se veut une réplique cinglante aux mesures mises en place par le ministère de l’Éducation qui visent la réussite du plus grand nombre d’élèves (voir l’intégral du manifeste dans la page Forum en A11).

« Des illuminés de la pédagogie s’évertuent à nous prouver, à nous qui avons fait nos classes, qu’en allant reconduire des élèves à la porte de leurs cours, en leur donnant d’avance les questions d’examen, en leur donnant des points pour être venus s’asseoir devant nous, en les tenant par la main, en les mouchant, en écoutant leurs jérémiades, nous, les professeurs, permettrons aux élèves d’avoir de meilleures chances de réussite », écrit le collectif de huit enseignants. Les signataires du manifeste disent avoir reçu l’appui de professeurs, d’étudiants et de retraités. Leur objectif est de remettre sur la place publique l’importance de l’éducation au Québec. Bien que tous les professeurs enseignent à Saint-Hyacinthe, ils disent ne pas viser le cégep en soi, mais tout le réseau de l’éducation post-secondaire au Québec. « C’est un véritable cri du coeur que nous lançons pour défendre l’éducation post-secondaire, s’exclame la professeure de chimie au Cégep de Saint-Hyacinthe, Isabelle Duchesne. On a l’impression que le MELS [ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport] veut niveler par le bas. On veut rétablir la satisfaction de réussir par l’engagement et l’effort. Que les étudiants soient fiers d’obtenir leur diplôme. »Selon la professeure Duchesne, une des signataires du manifeste, il y a un risque de « trop préparer les étudiants », puisque la qualité de l’enseignement en écope. « Nous devons respecter certaines cibles de réussite imposées par le Ministère. Il est donc difficile d’offrir une éducation de qualité. »

Des réactions mitigées

Les réactions n’ont pas tardé à fuser à la suite de la sortie publique des enseignants du Cégep de Saint-Hyacinthe. Du côté du ministère de l’Éducation, on a voulu remettre les pendules à l’heure.

« Le Ministère n’établit pas de cibles de réussite pour les collèges. Le plan stratégique du Ministère comprend des orientations générales dont s’inspirent les collèges pour établir leur propre plan stratégique, a-t-on indiqué. Le fait de prendre l’étudiant où il est ne veut pas dire baisser les exigences, mais plutôt le faire cheminer, même si cela nécessite plus de temps. » Même son de cloche du côté de la Fédération des cégeps. Son président-directeur général, Jean Beauchesne, a indiqué au journal Le Devoir qu’il s’agissait d’un point de vue isolé. « On ne fait pas de lien entre le nivellement par le bas soulevé par les gens du manifeste et l’encadrement accru aux étudiants », a-t-il expliqué. Le président de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ), le Maskoutain Léo Bureau-Blouin, estime pour sa part que le manifeste publié par les enseignants est trop émotif. « On a l’impression, encore une fois, qu’on tape sur la tête des étudiants du renouveau pédagogique. Il y a certes des questions intéressantes soulevées dans ce manifeste, mais le problème est au niveau de la forme. Par exemple, on y remet en question la possibilité pour les étudiants de contester les résultats des examens, alors que nous pensons que ce droit est tout à fait légitime », estime M. Bureau-Blouin.Le président de la FECQ, lui-même un ancien étudiant du Cégep de Saint-Hyacinthe, estime que le diplôme d’études collégiales a encore une grande valeur en 2011 et même « beaucoup plus qu’à une certaine époque ».La FECQ s’en remet à la Commission d’évaluation de l’enseignement collégial (CEEC), un organisme gouvernemental indépendant, qui doit analyser les plans stratégiques des collèges depuis 2008, dans un rapport qui devrait être publié au cours de l’année 2011.

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