Il s’agissait d’un avis aux plaisanciers les informant que les activités nautiques étaient temporairement interdites dans un secteur de la rivière Yamaska situé entre l’usine d’épuration de la rue Girouard Est et la municipalité de Saint-Barnabé-Sud. La raison? Une coupure de courant à la station Girouard avait provoqué une surverse d’eaux usées dans la rivière Yamaska. J’ai refermé mon cellulaire en me disant que ça sentait alors la manchette du prochain COURRIER à plein nez.
En fin d’après-midi vendredi, plus précisément à 17 h 15, la Ville de Saint-Hyacinthe a procédé à une mise à jour du communiqué précédent. Un copier-coller à l’exception de trois lignes en rouge nous informant que la station de pompage était de nouveau fonctionnelle et que la surverse était terminée. L’interdiction des activités nautiques demeurait cependant en vigueur de manière préventive, nous informait la direction des communications. Cet avis a finalement été levé samedi matin quand un troisième communiqué de quatre lignes a été acheminé à 9 h 47. « La pratique des activités nautiques est de nouveau autorisée, merci de votre collaboration. »
Bref, on passe à un autre appel, bonnes vacances et on se croise les doigts pour que l’histoire s’arrête là. Malheureusement pour la Ville de Saint-Hyacinthe, ce ne fut pas la cas. Vraiment pas.
Lundi midi, nous recevions déjà des nouvelles alarmantes en provenance du Rapide-Plat et des images de poissons morts en quantité. Même chose le lendemain. Des dizaines et des dizaines de poissons morts, au moment même où la porte-parole de la Ville parlait de peut-être trois poissons morts repérées par les patrouilles nautiques effectuées par nos pompiers. De toute évidence, nos pompiers n’ont pas cherché loin ou longtemps, où encore la Ville de Saint-Hyacinthe était bien plus pressée de noyer le poisson que d’en trouver en décomposition au Rapide-Plat.
Je ne suis pas un spécialiste des incidents écologiques, mais il est difficile de ne pas soupçonner un lien de cause à effet considérant l’expérience de l’été 2016 à Saint-Hyacinthe. Souvenez-vous du fameux flushgate et des 8,5 millions de litres d’eaux usées déversés dans la Yamaska à la suite d’un bris majeur d’équipement à l’usine d’épuration. Là encore, les poissons du Rapide-Plat avaient durement écopé, tout autant que l’image de la Ville de Saint-Hyacinthe avec sa gestion plutôt amateure du dossier. Les similitudes sont nombreuses entre les deux affaires, même si dans ce cas-ci la Ville a tout de suite identifié la cause du déversement et n’a pas changé sa version deux ou trois fois. Sauf que le résultat déplorable est le même puisque les deux incidents survenus à trois ans d’écart se sont produits en pleine canicule estivale, alors que le niveau de la rivière Yamaska était très bas.
Les dommages sont encore considérables, même si aux dernières nouvelles aucun inventaire n’était en cours. Mercredi midi, Urgence-Environnement n’était pas encore dans le décor et nous n’avions encore reçu aucun communiqué de la Ville de Saint-Hyacinthe faisant état de ses préoccupations ou d’un suivi qui pourrait confirmer ou écarter sa responsabilité. C’est incompréhensible.
La Ville de Saint-Hyacinthe devra songer à renouveler son entente et son contrat de services avec l’organisme de bassin versant (OBV) de la Yamaska, qu’elle avait mandaté peu après le désastre écologique de 2016 pour suivre l’état du cours d’eau. Ce dernier, qui semblait vouloir se relever lentement, mais sûrement de l’incident de 2016, vient sans doute de régresser pas mal. Les autorités municipales devraient également réactiver le comité de gouvernance qui avait été formé pour tirer des leçons de 2016. Outre examiner avec attention les événements des derniers jours, il serait bon de se pencher sur les opérations quotidiennes des stations de pompage. Que des incidents se produisent, c’est possible. Qu’ils arrivent chaque fois en plein été, au pire moment pour la faune et la flore de la Yamaska, est-ce juste un mauvais hasard?
Nous aimerions avoir l’assurance que rien ni personne n’aurait pu éviter un tel scénario en 2019 et qu’il ne se répètera pas à nouveau l’été prochain.
Est-ce trop demander?