L’humain est fascinant. Par exemple, j’ai un voisin, appelons-le GrosBonSens pour conserver son anonymat. Je le nomme ainsi parce qu’il n’a que ça en bouche : le gros bon sens! Vous avez sûrement un voisin de même. Les éditorialistes, animateurs et commentateurs qu’il adore parlent tous du gros bon sens, cette « capacité à discerner clairement ce qui est évident sans être distrait par d’autres considérations ». Pis que ce soit en économie, en santé, en éducation ou bedon en immigration, GrosBonSens trouve que le gros bon sens, partoutouletemps, ça fait ben du sens.
Mais quand arrive l’interdiction d’arroser son précieux gazon juste pour un tout petit mois… GrosBonSens est tout à l’envers. « Hein? Mais j’paie des taxes moé! Quossé les voisins vont penser voir du gazon brûlé? Tokébec icitte, pas en Russie! J’ai l’doua! » ll chiale, proteste, trouve des astuces pour contourner le règlement. « J’viens juss de mettre d’la tourbe neuve! » ou mieux encore : il lave son char SUR son gazon… et se vante de sa courageuse résistance aux autorités. #Libarté.
Hé boboy. Y a des enfants à qui on diagnostique un trouble de l’opposition pour moins que ça. C’est trop souvent le problème avec ceux qui invoquent le gros bon sens à tour de bras, ils sont incapables de le reconnaître quand ils l’ont dans la face.
Le gros bon sens, c’est que l’eau potable est une ressource essentielle pour l’humain ainsi que les fruits et les légumes qui le nourrissent. Le gros bon sens, c’est que tout le monde se fout de l’allure de ton gazon qui, de toute façon, ne se mange pas. Plante des cactus pis sacre nous patience.
Pis je te rassure, ni ton asphalte ni ton char ne va mourir de soif. Mais toi, oui. C’est ça, le vrai gros bon sens.