18 mai 2023 - 07:00
Ô-Lit fait son retour à la musique
Par: Maxime Prévost Durand
Paru le 28 avril, l’album Blessures de l’homme marque le retour à la musique du rappeur maskoutain Ô-Lit après une pause de sept ans.Photo François Larivière | Le Courrier ©

Paru le 28 avril, l’album Blessures de l’homme marque le retour à la musique du rappeur maskoutain Ô-Lit après une pause de sept ans.Photo François Larivière | Le Courrier ©

Fidèle acolyte de Rymz au sein de Mauvais Acte, au début des années 2000, avant de faire carrière en solo, Ô-Lit n’avait pas sorti de nouveau matériel depuis sept ans. Mais voilà que le rappeur maskoutain fait son retour à la musique avec Blessures de l’homme, un troisième album solo qui le présente sous un nouveau jour.

« J’ai une autre vision de la vie maintenant, confie le trentenaire en entrevue avec LE COURRIER. Ça paraît en matière de maturité, de sagesse et dans la façon de dire les choses. Ce sont des cris du cœur, mais mieux dosés. Ma voix est plus posée aussi. Je n’ai pas changé le genre d’artiste que je suis, mais je pense avoir amélioré ma façon de faire les choses. »

Durant sa pause de la musique, Ô-Lit s’est consacré entièrement à sa compagnie de gestion immobilière. Il compte près de 200 portes, à Saint-Hyacinthe et à Granby surtout. « J’ai monté un quatre logements moi-même », lance-t-il aussi avec une fierté évidente dans la voix, signe d’un accomplissement personnel.

Olivier Lasnier-Hébert – de son vrai nom – avait fait une croix sur la musique pour plusieurs raisons, autant personnelles que professionnelles, et ça ne lui manquait pas. « J’avais tourné la page sur le mode de vie », dit le natif de Saint-Hyacinthe.

Une invitation de Saye, un artiste de Québec, a toutefois rallumé une étincelle lorsqu’il a été appelé à collaborer sur la chanson « Tous unis », lancée en 2022.

« Ça m’a forcé à réécrire un texte. […] J’ai eu à nouveau la piqûre de devoir m’asseoir et d’écrire, chose que j’avais perdue [avec le temps]. »

Habitué d’aborder des enjeux qui le touchaient et de partager ce qu’il vivait dans ses chansons, Ô-Lit a ainsi renoué avec une partie de lui qu’il avait rangée pendant trop longtemps.

« Pendant ces sept ans [de pause], j’ai juste vécu et vu tellement de choses sans jamais les vulgariser en rimes poétiques que ça m’a amené à reprendre l’écriture. »

Sans se mettre de pression, il s’est donc mis à travailler sur des chansons. En seulement un an, il avait déjà un album complet en poche.

« J’ai écrit la première chanson, “Blessures”, tranquillement, puis de là est venu le titre de l’album, Blessures de l’homme, relate le rappeur. Ici, je parle de l’homme avec un grand H, pour l’humanité. Il y a beaucoup de souffrance humaine et j’ai voulu l’amener en chansons. […] Ce n’est pas du rap à la mode, mais c’est du rap conscient. J’appellerais ça de la poésie introspective identitaire. »

Depuis quelques mois, Ô-Lit avait mis la table à ce disque en partageant cinq chansons, qui étaient toutes accompagnées d’un vidéoclip. De cette façon, le rappeur voulait montrer qui il est devenu durant cette longue pause musicale.

« Je me disais qu’après sept ans d’inaction, c’était bon de me repositionner avec des visuels et de montrer la nouvelle image de moi. J’ai fait ressortir mon côté plus humain, plus moi, comment Olivier est. C’est plus sain que ce ne l’était dans le passé. »

Retrouver les vieux amis

Ô-Lit fait néanmoins un clin d’œil à ce passé dans une collaboration 100 % maskoutaine alors qu’il partage le micro avec Rymz et Farfadet sur « Éphémère ».

« Quand j’étais dans Mauvais Acte [avec Rymz], j’étais ailleurs dans ma vie. Je n’ai jamais été un ange, mais j’étais moins mature. C’est pour ça que “Éphémère” ne pouvait pas mieux cadrer. Les trois, on sait très bien que le succès, la santé et le bonheur, c’est souvent éphémère. Ça reflète bien où on est rendu dans nos vies, à une époque où on est rendus parents [moi et Farfadet] et où on avance dans la trentaine. C’est le noyau du passé. On dit souvent qu’il ne faut pas vivre dans le passé, mais il faut s’en inspirer. »

Farfadet, qui est l’un des compositeurs les plus en vue sur la scène rap au Québec, a d’ailleurs signé presque toutes les mélodies, à l’exception de la dernière pièce de l’album, « Vivant ».

Plusieurs autres collaborateurs se sont joints à Ô-Lit sur cet album, dont Taktika, Die-On, Saye, Paranoize, Big-P et Haven.

Signe qu’il est à une belle place dans sa vie, le Maskoutain se laisse même aller au romantisme sur « Amoureux », une chanson comme il n’en avait jamais écrit jusque-là. « C’est la première chanson positive que j’écris sur l’amour dans toute ma vie », dit-il avec le sourire.

Même si Ô-Lit avait œuvré sur la scène rap pendant près de 15 ans, ce retour à la musique est pour lui synonyme de plusieurs premières fois. Il a entre autres assuré la production et la coréalisation de l’album en plus d’être le coréalisateur pour les vidéoclips qu’il a lancés, toutes des choses qu’il n’avait jamais faites par le passé. Il a même retranscrit lui-même les paroles pour le livret qui est intégré aux copies physiques du CD.

« Mon ambition avec cet album, c’est d’en profiter au maximum. C’est sûr que j’aimerais que ça lève et que la musique se propage le plus possible, mais je ne me mets pas de pression », affirme-t-il.

Ce retour à la musique est accompagné de quelques spectacles, dont un qui se tiendra à Québec la semaine prochaine. Ô-Lit renouera également avec son public maskoutain le vendredi 13 octobre au Zaricot. Don Cash et Gunzo seront les premières parties.

image