Le 21 octobre 1977 à la maison Beaujeu de Montréal, Robert Gravel et Yvon Leduc créent, en collaboration avec le Théâtre Expérimental, un spectacle où s’affronteront actrices et acteurs sur des thèmes improvisés dans un décor parodiant les codes du hockey.
Ainsi naissait la Ligue nationale d’improvisation (LNI). Ce qui au départ ne devait être joué qu’une fois est aujourd’hui reconnu par l’Assemblée nationale comme un courant artistique emblématique de la culture québécoise, une forme d’expression unique et une discipline artistique à part entière.
Pour moi, c’est à Saint-Hyacinthe que tout commence. Dans les années 80, le « petit pogné boutonneux à lunettes qu’on poussait dins cases » découvrait la LNI à la télévision. Certains rêvaient au chandail du CH, je fantasmais sur celui de la LNI. Dans ce jeu, je trouvais le courage de sortir de ma coquille, de m’ouvrir au monde, bref, d’exister.
J’allais aussi découvrir quelque chose d’encore plus précieux à propos de moi-même : les autres. Car si la pratique de l’impro nous enseigne des choses formidables : l’écoute, la générosité, la répartie, l’écriture, l’humilité et l’échec (très important d’apprendre ça jeune), elle enseigne surtout… la rencontre avec l’autre. Cet « autre » sans qui rien ne serait possible. Et c’est de ça dont on a le plus besoin, surtout quand règnent la division et la confrontation. On a besoin de l’autre. De l’écouter, de partager, de jouer et de rigoler ensemble. Pour des raisons de santé mentale, on veut sauver la pratique sportive chez nos jeunes, mais on doit aussi penser, pour les mêmes raisons, à sauver la pratique artistique. Pis quant à moi, la LNI devrait être un service essentiel et prescrite ben plus que des antidépresseurs!