C’est le temps de ce que j’estime au top du sommet du pinacle du panthéon des petits fruits : la framboise. La plus admirable création de la nature. Avec sa pulpe légèrement acidulée en équilibre parfait avec le sucré sous ses perles à la peau de velours, elle est la plus belle des baies, l’apothéose de nos prés et le champagne de l’été.
Je n’ai pas de haine envers ceux qui pérorent que la fraise est la reine des petits fruits, je n’ai pour eux que compassion et peine, mais s’ils osent me le dire en pleine face, je n’hésiterai pas à les gifler au visage avec un gant de crin lesté de plomb et à les provoquer en duel au petit matin sur la promenade Gérard-Côté afin de laver cet affront. La souveraine de mon palais, c’est la framboise.
Mais plus que le goût, il y a le sacrifice exigé avant de déposer sur mes lèvres ce délicieux calice. Ce fruit fragile qu’il faut dénicher à travers un amas de ronces acérées demande une cueillette immédiate et délicate. Il faut suer pour chaque drupe, souffrir pour chaque bouchée et mériter chaque casseau.
À moins de les acheter. Pas de troubles, tu manges pis c’est toute. Mais pas le droit de chialer sur le prix! D’autres que vous l’ont payé en partie par leur sueur et leur ouvrage. Ç’a m’a pris des années pour avoir des framboises sur mon terrain et quand je mesure les efforts (et les entailles sur mes avant-bras) pour que ces petits délices arrivent à mon assiette, je suis plein de respect et d’admiration pour ceux et celles qui les produisent, les cueillent et les vendent.
Facque, chialez pas sur le prix ou bedon allez les cueillir vous-mêmes, mais encouragez les producteurs de ces petites pépites de bonheur.