Je la revois sur une estrade, derrière un micro, devant des foules immenses, au premier rang de cette grande bataille citoyenne contre les gaz de schiste qui enflamma nos campagnes il y a quelques années.
Récemment décédée, Mme Odette Larin avait participé activement à sensibiliser, informer et mobiliser toute une population et était devenue une inspiration pour les militants.
C’était David contre Goliath version québécoise. Pendant de longs mois, elle affronta seule une puissante industrie qui venait de s’imposer dans son village de Saint-Louis… directement derrière chez elle. Dans sa cour, dans son coeur et dans sa tête. De son balcon, chaque jour, elle pouvait voir, entendre et sentir Goliath perforer la terre, l’exploser et la fracturer à grand bruit à la recherche de profit et au risque de tout détruire autour de lui.
Dans la vie, il y a ceux qui regardent les choses de leur balcon et il y a ceux qui en descendent pour plonger dans l’action. Faisant partie de la deuxième catégorie, Odette et son mari Roland, à grands coups de fronde populaire, on fait plier puis reculer le géant. Odette était devenue une héroïne. Mais comme paisible projet de retraite, on aura vu mieux.
Elle ne cherchait pas à être sous les feux de la rampe et tenir le flambeau de la révolte populaire à bout de bras devant des foules d’opposants et les mener jusqu’au Parlement! Elle aurait très bien pu détourner le regard et s’occuper de ses enfants et petits-enfants, mais elle a choisi de protéger les enfants et petits-enfants de tout le monde. Elle y aura laissé beaucoup d’énergie. Elle aura perdu beaucoup pour que plusieurs ne perdent pas tout.
C’est pour moi, l’essence même de l’héroïsme. Le faire par devoir, et non pour la gloire. Odette Larin était une héroïne. Merci à toi Odette.