C’est le producteur agricole Jocelyn Michon de La Présentation, qui pratique le semis direct depuis plus de 30 ans, qui lui a appris la nouvelle chez lui avec quelques amis. « C’est très touchant, car l’initiative de m’inscrire pour cette reconnaissance est venue des producteurs agricoles avec qui je travaille. Cela signifie que j’ai laissé ma marque aussi dans le cœur de ces gens-là », a-t-elle confié.
Lors du gala visant à officialiser son entrée au Temple en tant que l’une des rares femmes, Mme Ménard a axé son discours sur le thème de la chance. « La vie m’a donné les outils pour faire un bon travail », a-t-elle affirmé au COURRIER. Elle dit avoir eu le privilège d’avoir des parents qui l’ont laissée explorer le monde.
Puis, alors qu’elle a été engagée au ministère de l’Agriculture en 1988, dans un poste qui devait concerner l’infrastructure des bâtiments après un processus de plusieurs mois parmi 400 postulants, son patron, Paul Sauvé, lui a plutôt offert une autre voie : se spécialiser dans la santé des sols. Elle a alors sauté à pieds joints sur l’occasion de relever ce nouveau défi. En fait, elle était la seule à ce moment à travailler sur ce sujet.
« J’avais tout un monde à découvrir, alors j’ai foncé avec toute mon intensité. »
Projets majeurs
Odette Ménard a d’abord organisé des voyages à l’international pour les producteurs agricoles pour les inspirer. Les premiers qui ont opté pour le semis direct ont fait preuve de courage et d’audace, dit-elle. Pour les soutenir, elle a démarré en 2000 des cours à ce sujet qui ont été donnés partout au Québec pendant 12 ans. Puis, en 2011, elle a lancé un nouveau projet pour donner plus de vie aux cours en allant directement à l’extérieur. Il s’agit de la Caravane Santé des sols qui permet à des experts de se rendre directement dans les fermes pour évaluer la santé des sols et proposer des solutions. Depuis sa création, plus de 200 caravanes ont été organisées au Québec, en Ontario, en Alberta et dans les Maritimes. Entre-temps, elle a aussi mis sur pied, en 2013, le Colloque Santé des sols, un événement annuel qui réunit des spécialistes de plusieurs pays pour discuter des dernières avancées en matière de conservation des sols.
Seulement à mi-carrière
Bien qu’elle ait pris très récemment sa retraite du ministère de l’Agriculture à 61 ans, Odette Ménard considère qu’elle est seulement à mi-carrière. C’est justement ce qu’elle a réussi à prouver pour obtenir, en 2022, une bourse de la Fondation Nuffield du Canada. Ce programme permet aux boursiers de voyager pendant au moins dix semaines pour approfondir leurs connaissances. Elle devait alors présenter un projet à réaliser sur 18 mois et elle a décidé de découvrir ce qui fait que certains producteurs adhèrent au semis direct.
C’est cette opportunité qui lui a donné le goût de sortir du cadre de son travail afin de vivre un renouveau. Nombreux sont les projets qui lui trottent encore dans la tête. Elle était d’ailleurs en Guinée récemment pour discuter de santé des sols, un sujet dont elle ne se lasse pas.