11 août 2022 - 07:00
Faillite de la Pâtisserie Gaudet à Acton Vale
Oh làlà!
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

La vie est un dessert, paraît-il. C’est du moins ce que l’on peut lire sur les emballages de tartes Oh làlà! produites et commercialisées par la Pâtisserie Gaudet à Acton Vale.

Pouvait lire, devrais-je écrire, car les tartes Gaudet risquent de disparaître des étalages des supermarchés à tout jamais, emportées par une gargantuesque faillite de 23,8 M$ qui touche plus de 200 créanciers et près de 115 employés.

Ce n’est pas de la tarte, ça!

Ce sont plutôt des dettes et des pertes considérables pour des entreprises et des fournisseurs, mais plus encore pour des individus et des familles qui voient s’envoler du salaire impayé et leur gagne-pain. Le choc est brutal.

Selon les relevés préliminaires du syndic, les salaires et vacances impayées aux employés de l’entreprise s’élèvent à près de 350 000 $, dont une tranche de 128 000 $ figure parmi les créances non garanties par la liquidation des actifs. Ces pertes affectent des gens ordinaires comme vous et moi, qui n’ont pas les moyens de s’en priver, contrairement à un prêteur comme Investissement Québec qui était déjà engagé jusqu’au coude avec des prêts totalisant près de 7,6 M$.

On comprend donc mieux pourquoi le ministre de l’Économie n’a pas lancé une ultime bouée de sauvetage.

On sait très peu de choses, à ce stade-ci , des circonstances de cette faillite monumentale. De mémoire de rédacteur en chef, je ne me souviens pas d’une faillite comparable dans la grande région de Saint-Hyacinthe et d’Acton.

Et en attendant que le syndic dresse le bilan complet et apporte quelques précisions sur les circonstances de la faillite de Gaudet, l’heure est aux grandes spéculations afin de tenter d’expliquer les déboires de l’entreprise fondée en 1953 sous le nom de Boulangerie Beauséjour.

J’ose croire que les deux dernières années de pandémie n’expliquent pas entièrement la déroute de cette entreprise qui se targuait d’être, en 2017, le troisième fabricant de masse dans la production de tartes et tartelettes au Canada, derrière un gros et féroce joueur comme Weston Foods et Apple Valley.

En l’espace de cinq ans, le numéro 3 au pays dans son domaine, avec un chiffre d’affaires estimé et annoncé de 30 M$, s’apprête à être rayé de la carte!

Comment et pourquoi? C’est ce que plusieurs cherchent à comprendre. Conjoncture, mauvaise gestion, erreur stratégique, l’ensemble de ces réponses peut-être? Il aurait été intéressant et certes pertinent d’entendre les propriétaires de l’entreprise, mais on raconte qu’ils brillaient même par leur absence quand les employés ont appris la mauvaise nouvelle pendant les vacances de la construction. Drôle de façon de faire.

Mais nous n’en sommes plus à une décision déroutante de cette entreprise depuis 2015, année à laquelle la famille Joly a cédé les rênes de l’entreprise qu’elle possédait depuis 1992 à de nouveaux propriétaires reconnus pour leurs connaissances du domaine agroalimentaire et leurs habiletés en redressement d’entreprises!

Encore heureux, se dit-on, à la vue des récents événements.

Des décisions déroutantes, disais-je? Comme des tentatives pour percer les marchés étrangers, que ce soit les États-Unis, le Mexique ou l’Inde. Souvenez-vous de tous ces efforts déployés pour exporter des tartes aux prunes en Inde ou des tartes aux cerises au Mexique.

Ou encore la construction d’une nouvelle usine de 8 M$ en 2017 afin de maximiser la capacité de production. Un investissement qui est venu avec son lot de problèmes. Et parmi les autres pépins qui ont pu contribuer à la perte de Gaudet, on pourrait aussi parler de cette incapacité chronique à se réinventer, malgré plusieurs tentatives. Les tartes et tartelettes valoises étaient réputées pour évoluer dans un créneau bon marché avec ses produits à la garniture peu généreuse.

Cette étiquette bas de gamme lui a toujours collé à la peau malheureusement.

Est-ce qu’une relance est possible? Une fois l’ardoise et les dettes de 23,8 M$ effacées complètement peut-être, mais repartir la machine et surtout regagner la confiance des employés et des fournisseurs ne sera pas du gâteau.

Si la vie est un dessert, ils sont maintenant des dizaines dans la région d’Acton à se dire qu’elle a parfois un goût bien amer en bouche.

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