16 janvier 2025 - 03:00
Décret de population
On est 60 000, faut se parler
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

C’est bien modestement que la Ville de Saint- Hyacinthe a souligné avoir réalisé un objectif qu’elle caressait pourtant depuis longtemps, soit l’atteinte du cap des 60 000 de population. Une marque qui laisse à peu près tout le monde indifférent, et pour cause, à l’image du budget participatif de la Ville.

C’est par une publication sur sa page Facebook que la Ville de Saint-Hyacinthe a souligné la chose, qu’elle a présentée comme « une grande nouvelle », qui a été accueillie par un concert d’indifférence, si on en juge par le nombre de commentaires et de partages sous cette publication.

Rien de très élogieux parmi les maigres commentaires d’ailleurs. Une personne a reproché à la Ville de n’avoir utilisé que des emojis de personnes blanches dans sa publication, alors qu’une autre s’est demandé où se cachait la bonne nouvelle dans ce message alors qu’il lui faut cinq fois plus de temps matin et soir pour faire le trajet entre Douville et Sainte-Rosalie.

N’empêche, je ne pouvais laisser passer cette grande nouvelle. J’ai eu une bonne pensée pour l’ex-maire Claude Corbeil quand j’ai appris que la Ville avait enfin franchi le seuil des 60 000 de population, selon l’Institut de la statistique du Québec.

C’est M. Corbeil qui avait fait de l’atteinte de ce chiffre magique l’une des grandes priorités de son premier mandat après l’élection de 2013. Il croyait réaliste d’atteindre cet objectif au tournant de 2020 et il a consacré énormément d’argent et d’énergie pour y arriver. Trop et en vain. En 2013, il manquait un peu moins de 6000 habitants pour atteindre la marque des 60 000. En l’espace de deux mandats, la Ville croyait donc possible d’accélérer la cadence à grand renfort de publicité et d’incitatifs financiers!

Le conseil de l’époque a misé gros pour stimuler la croissance démographique et promouvoir la grande région de Saint-Hyacinthe, terre d’innovation, épuisante, énorme, étourdissante et autres superlatifs du genre et dire au monde entier que « l’avenir se construit, se partage, se forme, se cultive et se travaille à Saint-Hyacinthe ». On avait même lancé un site Internet aujourd’hui débranché, monavenirasainthyacinthe.com. Une première campagne de financement, à laquelle la Ville avait versé 327 978 $ et la MRC des Maskoutains 95 685 $, avait permis d’amasser 1,2 M$ pour déployer cette stratégie publicitaire en 2014. La Ville était revenue à la charge en 2018 en réservant 1,5 M$ pour une série d’incitatifs financiers offerts entre autres aux nouveaux résidents souhaitant rénover leur maison.

Résultat des courses? Saint-Hyacinthe ne comptait pas 60 000 habitants au départ de Claude Corbeil après son second mandat en novembre 2021. En début d’année 2022, on lui accolait 58 011 habitants. Il lui aura fallu trois ans de plus pour combler la différence.

Malgré toutes les belles initiatives, la croissance démographique de la Ville de Saint-Hyacinthe n’a jamais connu de gros boom extraordinaire ou démesuré au fil des ans. Elle est demeurée essentiellement organique d’une année à l’autre, preuve qu’il n’y a pas de recette magique pour attirer de nouveaux résidents, bien qu’offrir des services de qualité, des logements abordables et des emplois bien rémunérés ne puisse certainement pas nuire.

À ma connaissance, le maire Corbeil n’a jamais reconnu l’échec de cette offensive municipale et son impact plus que limité sur la démographie. M. Corbeil s’est plutôt toujours défendu en disant qu’il préférait de loin avoir trop d’ambition pour sa ville que pas assez. On ne lui en tiendra pas rigueur. Il a essayé fort.

Mais il est ironique de constater qu’on a atteint la marque des 60 000 alors que la Ville de Saint-Hyacinthe a mis fin à toutes ses campagnes de publicité d’envergure ainsi qu’à tous ses programmes de crédits de taxes au niveau résidentiel et commercial. Et à ce que je sache, cette nouvelle marque ne s’accompagne pas d’un accès accru à des programmes de subventions et n’impose aucune nouvelle obligation à la Ville. Nous sommes maintenant 60 000 Maskoutains, mais pas plus riches ou influents qu’hier. Serons-nous plus de 75 000 habitants en 2040?

On s’en reparle, promis.

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