Quand le refus a été rendu public par la Ville de Saint-Hyacinthe mercredi dernier, il nous restait moins de deux heures avant la tombée pour prendre connaissance du document et recueillir des commentaires à chaud des différents intervenants. Nous avons été en mesure de livrer la marchandise haut la main, comme toujours, direz-vous.
Dans l’excitation du moment, nous avons toutefois gonflé artificiellement le nombre d’emplois en jeu dans ce dossier. Il serait plus juste de parler d’un investissement de 200 M$ à court terme pour 600 emplois, ainsi que de 400 M$ d’investissements totaux sur un horizon de 10 ans. Ce n’est pas négligeable.
Évidemment, on comprendra la déception d’un peu tout le monde, à commencer par les dirigeants d’Exceldor, de la Ville de Saint-Hyacinthe, de Saint-Hyacinthe Technopole et de la députée caquiste de Saint-Hyacinthe. La déception oui, mais la surprise telle qu’évoquée par le président-directeur général d’Excelor pas vraiment.
Tous ceux qui connaissent les rouages de la CPTAQ savent qu’il est très difficile de renverser une décision préliminaire négative comme c’était le cas dans le dossier qui nous intéresse. La réelle surprise aurait été que la CPTAQ change d’idée, pas qu’elle confirme son refus préliminaire. Pour qu’elle autorise le projet, il aurait fallu présenter des arguments béton, ce que croyait avoir fait le PDG d’Exceldor.
De toute évidence, il n’a pas été assez convaincant. On s’en rend compte quand on prend le temps de lire avec attention et la tête reposée la décision de 34 pages.
Ce que j’ai eu le temps de faire depuis. Et je n’ai pas été plus convaincu que ne l’ont été les commissaires de la CPTAQ par toute la question de biosécurité soulevée par Exceldor pour écarter le seul autre grand terrain disponible à Saint-Hyacinthe pour accueillir les nouvelles installations, soit celui situé près du parc Les Salines. Cela dit, cette décision demeure une vraie catastrophe pour les Maskoutains. Elle fragilise la possibilité qu’Exceldor relocalise son abattoir de Saint-Damase à Saint-Hyacinthe, même si la direction d’Exceldor dit garder le cap et ne pas avoir de plan B, tout comme la Ville de Saint-Hyacinthe d’ailleurs. C’est ici que je décroche.
Autant Exceldor que la Ville de Saint-Hyacinthe et la députée disent étudier toutes leurs options pour renverser la vapeur. La députée s’est même mise en tête d’asseoir l’Union des producteurs agricoles, Exceldor et la Ville à la même table pour trouver une solution, comme si cela pourrait émouvoir la CPTAQ. Il est trop tard. Il y a bien une ou deux possibilités d’en appeler de ce refus, mais les chances de succès apparaissent bien minces. Et en ce qui concerne les chances de voir le gouvernement imposer un décret pour permettre la réalisation du projet malgré l’avis de la CPTAQ, oubliez cela. Il ne l’aurait fait qu’une fois par le passé pour permettre l’aménagement de la ligne électrique Hertel-Des Cantons d’Hydro-Québec. Nous ne sommes pas devant un cas de sécurité nationale.
Québec a pourtant le devoir de s’impliquer dans le dossier. Comment? En s’assoyant avec la Ville de Saint-Hyacinthe et Exceldor afin de voir comment et à quel prix il serait possible de rendre le plan B que représente le terrain près des Salines acceptable sur les plans logistique, d’infrastructures et de biosécurité. En partageant les risques et les investissements, qui sait si les réticences d’hier ne pourraient pas bientôt s’envoler.
Pour l’instant, ce sont plutôt les millions promis par Exceldor et quelque 600 emplois de qualité qui risquent de prendre le bord. Il faut donc se démener, travailler en concertation et avec un peu d’imagination. Cette usine doit être construite à Saint-Hyacinthe, peu importe où et peu importe ce que cela prendra.