21 septembre 2017 - 00:00
Tunnel Casavant
On ne crachera pas sur 8 M$
Par: Martin Bourassa

LLes fidèles lecteurs du COURRIER, et ils sont nombreux et on les remercie, n’ont pas été surpris d’apprendre lundi que la Ville de Saint-Hyacinthe récolterait 8 M$ de subventions pour le prolongement du boulevard Casavant et l’aménagement d’un tunnel. Que non.


C’était écrit en primeur à la UNE de notre édition du 20 juillet, il y a donc deux mois! On vous le signale au cas où vous auriez manqué cette édition estivale. Le maire Claude Corbeil était conscient que l’affaire était dans le sac à ce moment, mais il refusait de pavoiser tant qu’une confirmation sous forme de conférence de presse avec ministres et tout le tralala n’aurait pas lieu. C’est chose faite depuis lundi matin et le moment ne pouvait être mieux choisi, à environ deux semaines du déclenchement de la campagne électorale. Lundi soir, le conseil municipal a confirmé deux fois plutôt qu’une son engagement à réaliser ce projet qui frise les 34 M$, une fois additionnées toutes les dépenses associées à ce vaste chantier.

Mais pour établir la part de la Ville de Saint-Hyacinthe, on ne comptera pas trop sur le communiqué de presse officiel de la Ville de Saint-Hyacinthe. Il n’offre absolument aucune ventilation budgétaire du projet dans son ensemble.

Sachez qu’il en coûtera à la Ville de Saint-Hyacinthe au moins 24 M$ pour prolonger le boulevard Casavant et assumer toutes les dépenses requises à la réalisation des travaux d’étagement dans l’emprise du CN. S’il n’y a pas d’imprévus, ce qui serait étonnant dans un dossier aussi complexe et coûteux.

On comprendra dans ce contexte que les 8 M$ reçus par Québec et Ottawa sont les bienvenus, mais qu’ils ne pèsent pas lourd dans la balance. Ce sont même des peanuts considérant la provenance des fonds, puisque dans un monde idéal il aurait été possible et certes préférable de pouvoir couper la poire en trois parts égales. C’est pour cette raison que la députée Chantal Soucy souriait à moitié. Elle est consciente que la Ville a laissé de l’argent sur la table et que Québec aurait pu faire mieux. Sa collègue fédérale du comté pensera la même chose.
Mais ne crachons pas dans la soupe pour autant. Prenons ces 8 M$ et soyons heureux, dans la mesure où les Maskoutains avaient déjà manifesté leur accord à la réalisation de ce projet sans subvention. C’est le conseil actuel, élu en 2013, qui n’avait pas respecté l’engagement du conseil précédent en repoussant ce projet tant que des subventions ne feraient pas diminuer la facture.

C’est ce que l’ex-député péquiste Émilien Pelletier n’a pas manqué de rappeler aux élus, lundi soir, en soulignant sa satisfaction face au feu vert donné au projet, mais en s’inquiétant du même coup des intentions du prochain conseil ou d’un prochain maire qui pourraient voir d’un mauvais œil pareille dépense. « On va attacher ça solide pour ne pas avoir à retourner 8 M$ de subventions », a répliqué M. Corbeil.

Il est d’ailleurs assez ironique de voir avec quelle facilité le maire est prêt à engager le prochain conseil dans une dépense de 24 M$, tout en refusant de promettre l’abandon de la taxe compensatoire imposée aux organismes communautaires propriétaires. Mais comme ce projet fait l’unanimité au conseil et qu’il est attendu depuis longtemps, tenez pour acquis qu’il va se faire, tout comme la deuxième voie d’accès vers le Cégep de Saint-Hyacinthe. Elle a été reportée à l’été 2020 et n’a pas été chiffrée.

Parlant de chiffes, il serait plus que temps d’avoir une mise à jour de la dette de la Ville de Saint-Hyacinthe. Le conseil actuel n’a pas été avare de dépenses financées par des règlements d’emprunt ces derniers temps. Pensons au centre de congrès, à l’achat de l’immeuble où loge la Fédération des caisses Desjardins et maintenant au tunnel Casavant. Ce sont toutes des dépenses qui s’imposaient, doit-on préciser tout de go.

Le fait de vouloir veiller à la saine gestion des finances de la municipalité devra être un élément incontournable des programmes électoraux de tous les candidats aux élections de novembre. Il ne suffira plus de le dire, il faudra aussi le démontrer.

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