3 septembre 2020 - 12:15
Position de l’UPA dans le dossier Exceldor
Pas de compromis sur la protection des terres
Par: Rémi Léonard
L’UPA de la Montérégie tient fermement à conserver le caractère agricole des 23 hectares de terrain en bordure de l’avenue Pinard, à Saint-Hyacinthe. Son président, Christian St-Jacques, insiste pour « laisser la Commission faire son travail » dans ce dossier. Photothèque | Le Courrier ©

L’UPA de la Montérégie tient fermement à conserver le caractère agricole des 23 hectares de terrain en bordure de l’avenue Pinard, à Saint-Hyacinthe. Son président, Christian St-Jacques, insiste pour « laisser la Commission faire son travail » dans ce dossier. Photothèque | Le Courrier ©

La Fédération de l’Union des producteurs agricoles (UPA) de la Montérégie n’a pas l’intention de faire de concession pour aider l’entreprise Exceldor à installer son usine sur des terres agricoles à Saint-Hyacinthe. « On n’a pas de deal à faire » dans ce dossier, a clairement exposé son président, Christian St-Jacques, en entrevue au COURRIER vendredi dernier.

Plus tôt la semaine dernière, son organisation avait été interpelée à ce sujet par le premier ministre du Québec alors qu’il était de passage à Saint-Hyacinthe. Tout en se rangeant derrière le projet d’Exceldor, François Legault avait demandé à l’UPA de s’asseoir avec l’entreprise et les élus de la région afin de trouver une entente.

Le dossier est présentement devant la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), qui a déjà émis une orientation préliminaire défavorable à cette demande, en plus d’en avoir rejeté une autre similaire en 2019. Dans les deux cas, l’UPA de la Montérégie s’était positionnée contre le dézonage demandé. La décision finale revient cependant à la CPTAQ.

C’est d’ailleurs ce sur quoi l’UPA veut insister. En réaction à l’intervention du premier ministre, le syndicat agricole a invité les élus à respecter l’indépendance de la CPTAQ. « Notre position a toujours été de laisser la Commission faire son travail », a rappelé Christian St-Jacques.

Pas négociable

Il a aussi confirmé que la position de l’UPA restera toujours la même : celle de défendre les terres agricoles. Invité à préciser si cet impératif était pour lui « non négociable », M. St-Jacques a répondu au COURRIER par l’affirmative, reconnaissant que l’UPA applique ici la « ligne dure ». Cette fermeté est particulièrement nécessaire en ce moment, selon le syndicat, dans un contexte où l’étalement urbain exerce une « pression insoutenable » sur le territoire agricole, a-t-il réagi par communiqué.

« Nous ne sommes pas contre le projet, il n’est simplement pas à la bonne place », a aussi soutenu Christian St-Jacques. Il a rappelé que son organisation avait déjà soumis devant la CPTAQ des alternatives qui prouvaient que le projet pouvait se faire ailleurs qu’en zone agricole, arguments qui n’ont toujours pas été contredits par les demandeurs, d’après lui.

Il a ainsi affirmé que l’UPA de la Montérégie n’avait pas l’intention de rencontrer « pour l’instant » les élus de la région, comme l’aurait souhaité le premier ministre. « On ne veut pas embarquer là-dedans », a-t-il réagi, rejetant pour la même raison l’argument de « garantir » le caractère agricole de 38 hectares de terrains pour lesquels la Ville de Saint-Hyacinthe aurait un droit acquis pour une utilisation industrielle, en échange des 23 hectares convoités par Exceldor à quelques kilomètres de là, toujours à Saint-Hyacinthe.

La suite

Ce sera donc au cours d’une audience à venir devant la CPTAQ que les élus de la région devront tenter de renverser la vapeur dans l’espoir d’obtenir une décision finale favorable, ce qui rendrait possible la réalisation du projet d’Exceldor à l’endroit visé. Le gouvernement Legault pourrait également intervenir par décret pour retirer le dossier des mains de la Commission.

Questionné sur ses intentions par LE COURRIER la semaine dernière, le PM avait reconnu que l’utilisation de décret dans ce dossier n’était pas son « premier choix », mais il n’a pas fermé complètement la porte non plus. Appréhendant cette intervention, l’UPA de la Montérégie a déjà affirmé qu’elle trouvait « cette façon de procéder honteuse, surtout dans une période où les citoyens du Québec parlent de plus en plus d’autonomie alimentaire ».

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