9 février 2023 - 07:02
La nouvelle usine d’Exceldor sur pause
Pas de panique
Par: Le Courrier
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

En affaires comme en amour, timing is everything, veut l’expression consacrée. Et dans le cas de la nouvelle usine de la coopérative Exceldor à Saint-Hyacinthe, la fenêtre d’opportunité s’est soudainement refermée comme par magie. Bang. Sur pause, bien que l’expression « sur la glace » soit sans doute plus dans l’air du temps.

N’empêche, la magie n’a que très peu à voir avec la décision de reporter la concrétisation de cet ambitieux projet qui excite les sens des élus et des Maskoutains depuis des années déjà, vu l’investissement qu’il commande et les retombées qui viennent avec au chapitre de la création d’emplois dans un créneau qui colle parfaitement à notre identité.

Nos fidèles lecteurs savent que le maire de Saint-Hyacinthe, André Beauregard, avait lui-même ébruité ce report dans l’entrevue de fin d’année qu’il m’avait accordée en décembre. Le compte-rendu de cet entretien figure d’ailleurs dans la toute première édition de 2023.

Cette décision a été confirmée au COURRIER par un porte-parole officiel de l’entreprise par la suite et elle a fait l’objet de notre manchette économique de la semaine dernière, avant d’être reprise sans trop de considération par La Terre de chez nous et Noovo.

Pour motiver la mise sur pause du projet maskoutain qui demeure toutefois « actif », la coopérative avicole pointe du doigt le contexte économique actuel qui est peu propice à un investissement maintenant estimé à près de 400 M$, soit deux fois plus qu’à l’origine.

Pour ceux et celles qui trouvent l’excuse du contexte économique bien commode, sachez que cela englobe des variables aussi imprévisibles que l’inflation, la hausse des taux d’intérêt – donc du coût d’emprunt –, la hausse des matériaux et des coûts de construction et l’impact de la pénurie de main-d’œuvre. Voilà autant d’éléments qui incitent à la prudence et on ne peut certainement pas blâmer Exceldor d’y penser à deux fois. Même à trois fois considérant tout ce qui se passe présentement dans l’industrie agroalimentaire québécoise où un géant comme Olymel semble bien vulnérable, lui qui multiplie les mauvaises nouvelles.

Certes, le contexte économique était plus favorable en juillet 2015 quand les premières discussions ont été amorcées entre Exceldor et Saint-Hyacinthe Technopole. Qui aurait pu prédire à ce moment qu’il s’écoulerait sept longues années (!) et toute une partie de bras de fer avec l’Union des producteurs agricoles du Québec avant que la coopérative n’obtienne le feu vert de la Commission de protection du territoire agricole du Québec de s’installer sur une terre agricole de Saint-Hyacinthe. Il s’en passe bien des choses en sept ans! Faut-il s’inquiéter pour la suite du projet? Le maire Beauregard ne semble pas trop l’être. La Ville ne peut d’ailleurs pas faire grand-chose pour dénouer l’impasse, sinon espérer que le contexte économique s’améliore. Ou que les gouvernements supérieurs donnent une impulsion soudaine au projet.

Vous pouvez aussi ajouter mon nom à la liste des optimistes. Le déménagement de l’usine de Saint-Damase a tellement été décrit comme nécessaire, voire essentiel, au niveau organisationnel et stratégique par Exceldor devant la CPTAQ qu’on voit mal l’entreprise faire une croix définitive sur son déménagement en sol maskoutain.

À écouter les représentants d’Exceldor lors des audiences, l’usine de Saint-Damase a atteint sa fin de vie utile. Le statu quo ne sera pas possible éternellement, sans risque de mettre à mal toute la filière qui en dépend. La patience est donc de mise. Il n’y a aucune autre alternative possible. La Ville de Saint-Hyacinthe ne peut rien faire avec ces dix hectares de terre agricoles disponibles au bout du parc industriel Olivier-Chalifoux.

Dans sa décision, la CPTAQ a bien pris soin de les réserver à l’usage exclusif d’Exceldor. Il n’y a pas de date de péremption, aucune issue possible. Rien n’empêche toutefois la Ville de Saint-Hyacinthe et Exceldor de négocier dès maintenant la vente du fameux terrain.

C’est le souhait qui a été émis par le maire lors de notre entrevue, avant de promettre que l’entente liant les deux parties sera remise de façon intégrale au COURRIER une fois la transaction complétée. Un peu de lecture avant la première pelletée de terre, il n’y a rien de mieux pour passer le temps.

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