C’est le scénario auquel s’attend le maire de Saint-Hyacinthe, Claude Corbeil. Lorsque le citoyen Carl Vaillancourt a demandé, à la dernière période de questions tenue à l’hôtel de ville, ce mardi, si le conseil était « prêt à aller en référendum » pour s’assurer de l’acceptabilité sociale du projet, le maire a plutôt répondu que le dossier cheminerait éventuellement au comité consultatif d’urbanisme (composé de six citoyens et de deux élues), puis jusqu’au conseil pour approbation. « On n’acceptera pas n’importe quoi. […] Soyez assurés que [les plans] seront vus et revus pour répondre à nos préoccupations », a exprimé M. Corbeil.
En plus de la hauteur du bâtiment, d’autres conditions sont également exigées dans l’aire « centre-ville riveraine », notamment quant au nombre de cases de stationnement que devra intégrer le projet ou la proportion d’espaces verts compris sur le terrain. Des plans d’implantation et d’intégration architecturale ont aussi été adoptés au début de l’année pour guider les grandes orientations voulues pour les immeubles construits en bordure de la promenade. « Le conseil est très au fait de l’importance d’amener une installation qui va être acceptable et acceptée de tout le monde », a aussi spécifié M. Corbeil.
Le maire a néanmoins confirmé au COURRIER que le projet ne ferait pas l’objet d’une approbation référendaire (encore une fois s’il s’intègre au cadre règlementaire en vigueur), pas plus que d’une consultation publique.
Danger d’embourgeoisement?
Seul citoyen présent à la séance, M. Vaillancourt a également évoqué le danger de favoriser l’embourgeoisement du centre-ville avec ce type de projet, au détriment des résidents actuels. Le conseil « travaille toujours sur des pistes de solution » pour ajouter du logement social au centre-ville, a alors expliqué le maire. L’idée d’imposer des quotas de logements sociaux ou abordables pour les projets des promoteurs privés, comme l’a fait la Ville de Montréal, ne semble toutefois pas retenue pour l’instant.
Le conseiller Jeannot Caron a aussi exposé la vision de la « mixité sociale » voulue par le conseil au centre-ville. « On se fie sur les gens qui viennent de l’extérieur pour faire vivre le centre-ville », a-t-il déploré en analysant que les clients qui viennent consommer dans le secteur n’habitent pas à proximité et prennent donc leur automobile. « Le conseil essaie de faire en sorte qu’il y ait une mixité au centre-ville parce que, présentement, il n’y en a pas, ou à peine », a-t-il commenté en parlant du type de logements qu’on y retrouve. Cette situation « doit être corrigée », a-t-il soutenu.
Aucun plan du projet annoncé par Groupe Sélection n’avait encore été déposé à la municipalité en date de mardi, a indiqué le maire. Évoquant l’accueil favorable exprimé par la Ville et sa volonté déjà affichée de vendre une partie du stationnement derrière le Centre des arts Juliette-Lassonde, Carl Vaillancourt a soutenu que le conseil semblait « quasiment signer un chèque en blanc » au promoteur, avant d’être chahuté par des élus mécontents. « Là, je vous arrête. On n’a pas signé de chèque en blanc. Tout est conditionnel à ce qu’il se construise une bâtisse qui sera approuvée », a répondu Claude Corbeil.
La vente en question concerne un espace de 2000 m2 qui correspond à la section du stationnement Intact comprise entre les résidences de l’avenue Saint-François et le prolongement de l’avenue Sainte-Anne, soit environ trois rangées de stationnements. Chose certaine, « s’il n’y a pas de construction, il n’y a rien qui va se faire », a déclaré le maire.