Certaines choses autour de cette initiative ont cependant changé. Selon les plus récentes estimations, cette nouvelle bibliothèque coûtera autour de 33 M$ aux contribuables de la ville de Saint- Hyacinthe. La différence est notable. Mais on a malgré tout revu à la baisse les attentes autour de la collecte de fonds, réduites à 705 000 $. On a aussi décidé de cibler spécifiquement le milieu des affaires en lui demandant de mettre l’épaule à la roue. Du même coup, on a soulagé la Fondation de ce fardeau en faisant appel à deux coprésidents d’honneur, l’ancien maire de Saint-Hyacinthe Claude Corbeil et le courtier en assurances Yvon Pinsonneault, le fameux P de DPA Assurances dont il est l’un des fondateurs. Ils sont la version 2022 de ce que le regretté André H. Gagnon et sa conjointe Lucie ont été pour la campagne de financement du Centre des arts Juliette-Lassonde. Il y a plus de 15 ans, ce couple chéri avait récolté la somme de 2,4 M$, pulvérisant l’objectif qui avait été fixé à 1,2 M$.

C’est une somme qui ne devrait pas être égalée ni battue en 2022 pour la bibliothèque, même si on s’est fortement inspiré du modèle qui avait fonctionné à l’époque. Cette fois, on recherche 25 généreux donateurs à qui on donnera la chance de voir accoler le nom de leur entreprise à toutes les pièces de la bibliothèque, à savoir le grand hall, les salles, le vestiaire, les toilettes, alouette. J’exagère à peine.

Le choix des coprésidents d’honneur de cette campagne de financement n’aurait pu être plus judicieux. Outre ses qualités humaines et son sens des affaires reconnus, on devine que M. Pinsonneault est aussi la personne toute désignée pour convaincre Intact de contribuer généreusement à la réussite du projet de bibliothèque. Cet équipement porte le nom T.-A.-St-Germain, l’ancien fondateur du Groupe Commerce, et ce n’est pas près de changer.

Pour sa part, l’ex-maire Corbeil aura tout le loisir d’expliquer dans ses propres mots aux gens d’affaires pourquoi la Ville a décidé de faire l’impasse sur les subventions des paliers supérieurs pour financer la construction. Persuasif, il saura les convaincre de l’importance de contribuer à l’aménagement intérieur de la bibliothèque, alors qu’ils n’ont pas été sollicités lors de la construction du centre aquatique ni du centre de congrès. On me dira que pour la culture avec un grand C, ce n’est pas pareil et que c’est plus vendeur. Faut croire en effet qu’il est plus noble et prestigieux de voir son logo ou son nom sur le vestiaire d’une bibliothèque que sur le vestiaire d’un centre de congrès.

Mais n’en doutez pas une seconde, nos entreprises et nos gens d’affaires vont emboîter le pas et répondre présents. C’est ce qu’ils ont toujours fait et c’est tout à leur honneur. Pas plus tard que l’été dernier, ils ont embrassé goulûment la cause des plus démunis. Le temps d’une collecte silencieuse qui avait ciblé exclusivement les entreprises ainsi que les municipalités.

Tout ce beau monde avait répondu à l’appel, ce qui avait permis de récolter l’impressionnant total de 4,1 M$ pour la Fondation du bénévolat maskoutain. Cet argent servira entre autres à la relocalisation du Centre de bénévolat. Le Fonds du Grand Mouvement de Desjardins avait versé 1 M$, la caisse régionale 250 000 $, la Ville de Saint-Hyacinthe 325 000 $ et la MRC des Maskoutains 175 000 $ sur cinq ans. Ajoutez à cela tous les plus petits joueurs habituels que vous connaissez. C’est grosso modo dans la même talle, un an plus tard et après plus de deux ans de pandémie, qu’on compte trouver les 705 000 $ requis pour meubler la bibliothèque. Cette somme s’ajoutera aux grenailles de 1,6 M$ consenties par Québec pour l’aménagement intérieur.

Comme toutes les années, la Fondation des Amis de la médiathèque partira elle aussi en campagne de sociofinancement auprès du grand public afin de bonifier les services et la programmation, une démarche simultanée qui n’a pas été chiffrée. On vous invite à être généreux quand le chapeau passera sous votre nez.

La cause reste importante.