Bien que malheureux, la nouvelle n’a pas surpris Ghislain Dumont, un journalier ayant cumulé 37 ans de loyaux services au sein de l’entreprise. « On voyait que la compagnie opérait drôlement depuis quelque temps. On avait de la difficulté à obtenir de la farine et de la graisse pour opérer au niveau de la production. On nous disait que ça allait revenir à la normale, mais la direction n’a jamais repris le dessus », affirme-t-il.
Le dernier quart de travail de cet employé de longue date remonte au 29 juin. Tout comme ses autres collègues, M. Dumont n’a pas pu remettre les pieds dans l’usine avant le 4 août, soit le jour de l’annonce officielle aux employés faite par Raymond Chabot, le syndic en charge du dossier.
Comme le rapporte Patrick Reneau, un opérateur de soir travaillant pour la Pâtisserie Gaudet depuis trois ans, cette rencontre se serait déroulée rondement. « La rencontre s’est somme toute bien passée. Le syndic nous a bien outillés en ce qui concerne les procédures à suivre pour les paies de vacances et le chômage. J’ai juste trouvé dommage que le président de l’entreprise ne soit pas présent lors de cette annonce pour des raisons familiales. Bref, tout ceci n’était pas une surprise pour personne. Il y avait déjà beaucoup de mes collègues qui étaient partis travailler ailleurs. C’était malheureusement une question de semaines avant que la clé soit mise dans la porte », souligne M. Reneau.
Une dette colossale
Dans son récent bilan, le Bureau de surintendant des faillites rapporte une dette évaluée à plus de 23,8 M$ pour l’entreprise qui opérait à Acton Vale depuis 70 ans. À ce jour, 210 créanciers non garantis figurent dans la liste de réclamations pour un total de 14,5 M$. Plusieurs entreprises de la région figurent parmi les créanciers telles que Entreposage JSMG à Acton Vale qui revendique une somme de près de 170 000 $ et la Ville d’Acton Vale pour un montant de 37 000 $ en taxes municipales impayées.
L’un des grands perdants parmi les créanciers garantis est Investissement Québec avec une réclamation de près de 7,6 M$. À eux seuls, cette société d’État et la Banque TD réclament près de 9,2 M$ à l’entreprise valoise. Toujours selon les chiffres fournis dans le document, le montant de la réclamation entourant les salaires et les vacances impayés tourne autour de 348 000 $, dont une somme de 220 000 $ figure dans la liste des créanciers garantis.
Une mauvaise gestion?
Jointe par le journal, Line Lamothe, copropriétaire de l’entreprise de 2015 à 2017, se dit dévastée par cette nouvelle. « Pour moi, il n’y a pas de raisons qu’une entreprise qui célèbre ses 70 ans d’opérations à Acton Vale en arrive ainsi. On devrait être reconnu comme étant des spécialistes de la tarte. Effectivement, la pénurie de main-d’œuvre et le manque de matières premières n’aident pas à la tâche, mais ce n’est pas une raison de faire faillite », soutient celle qui s’est dissociée de l’équipe de direction actuelle en 2017.
Rappelons que l’entreprise a vu le jour en 1953 sous l’impulsion de la famille Beauséjour et a été achetée en 1994 par les frères Denis et Marcel Joly. Ils s’en sont départis en 2015.