En fait, je dois être honnête, le pneu à lui seul n’a pas procuré autant d’émotions. C’est son usage, et le contexte dans lequel on l’utilise, qui rendent l’expérience unique.
Quelques explications s’imposent : le Michelin Sport 4S est le nouveau venu de la famille et sa mission est de s’intégrer dans les fonctions des voitures de performance, rien de moins. En fait, les plus familiers auront compris qu’il remplace le Michelin Super Sport en place depuis quelques années, et les plus allumés comprendront qu’il l’améliore à tout point de vue.
Et question de bien situer la chose, quand on parle de performance chez Michelin, on est sérieux. La preuve, c’est que le nouveau Michelin Sport 4S équipera de série la non moins nouvelle Ferrari GTC Lusso.
Techniquement, le nouveau Michelin Sport 4S améliore chacun des éléments de son prédécesseur… qui devançait déjà la concurrence sur tous les aspects. En matière de longévité par exemple, selon les affirmations de Michelin, le nouveau pneu durera 2 300 kilomètres de plus que son plus proche rival, le Pirell P Zero Nero GT, et doublera littéralement la durée de vie du Continental Sportcontact 6.
Il freine en de courtes distances, nécessitant un mètre de moins que son compétiteur Continental, devance tout le monde par plus d’une demi-seconde au tour sur un circuit de 2,6 kilomètres et est d’une grande maniabilité. Bref, on dit qu’il améliore de 10 % en moyenne les performances de l’ancienne génération.
Ces améliorations ne sont pas le fruit du hasard. On a doté le pneu d’une nouvelle composante pour la gomme, de dessins de rainures plus sophistiquées (et plus jolies comme l’a confirmé le département de design esthétique de Michelin) et on a aussi revu le contenu lacé du pneu qui sert de semelle et assure une plus grande rigidité pour garantir un meilleur contact. Bref, le Michelin Sport 4S affirme être plus que jamais devant ses rivaux.
Mise à l’épreuve
J’aime bien les constructeurs, mais pas au point de leur faire aveuglément confiance. Une petite mise à l’épreuve du pneu s’imposait donc. Au menu : quelques tours de piste bien appuyés, un parcours comparatif sur chaussée partiellement sèche, un test de freinage et une vérification du comportement du pneu sur la route. Tout cela, sous le frais, mais radieux soleil de la Californie, dans la région de Palm Springs.
Premier test : la piste. Au volant d’une BMW M3 (bleu poudre, mais on ne peut pas tout avoir…), nous devions parcourir pendant une trentaine de minutes une partie de la piste du Thermal Club, un club privé de la région, en tentant de ressentir les réactions du pneu.
Dès les premiers tours, et les premiers virages, il était facile de constater que la rigidité latérale du pneu a été bien contrôlée. Un long virage en carrousel vers la gauche poussait avec insistance la voiture vers l’extérieur, mais jamais on n’a ressenti la moindre perte d’adhérence. En fait, il a fallu se rendre à des vitesses indécentes (mais permises sur la piste) pour détecter la moindre intervention négative du pneu. Dans les virages plus serrés, dans les chicanes ou en longeant les vibreurs aussi, les pneus ont fait preuve d’une adhérence et d’une résistance au freinage sans reproche.
Puis est venu le temps de l’autocross, un parcours sur piste dessiné par des cônes et dont une portion avait été largement mouillée. J’ai pu parcourir le petit parcours sans trop d’hésitation, réalisant même le meilleur temps de mon groupe. Seul le freinage n’a pas été aussi concluant, atteignant les 120 pieds pour décélérer de 100 à 0 kilomètre à l’heure. Je dois cependant avoir fait quelque chose de mal, puisque tous mes collègues ont retranché une dizaine de pieds à ma performance.
Sur ce même parcours, j’ai eu l’occasion de tester le Pirelli et la différence était importante. Sur chaussée mouillée, le pneu Pirelli n’adhérait que minimalement à la piste, entraînant de ma part quelques balayages de cônes impromptus. En freinage cependant, je n’ai pas autant ressenti la nuance.
Finalement (et c’est ici que l’enfant en moi sourit encore…), la journée de test s’est terminée sur la route : Box Canyon Road, au volant de trois voitures à tour de rôle : une Mercedes AMG C63S, une Audi R8 et une Ferrari California. Mieux encore, même si les tests s’exécutaient sur route, une escorte policière nous ouvrait le chemin.
Ici, la maniabilité et la tenue de route ont été largement mises à l’épreuve, mais dans tous les cas, rien à redire. Même après plusieurs kilomètres de conduite appuyée (surtout après plusieurs kilomètres devrais-je dire), les pneus étaient d’une stabilité sans reproche. Et alors que l’ancienne version offrait un bruit de roulement plus évident, celui des Michelin Sport 4S était beaucoup plus discret, et n’interférait jamais.
Bien sûr, les Michelin Sport 4S ne sont pas pour tout le monde. Ni pour toutes les voitures. Mais tout véhicule de performance de ce nom devrait au moins se permettre de les tester. La nouvelle génération reprend les qualités de l’ancienne et les pousse encore plus loin. Chez Michelin, on dirait que le résultat vaut bien quelques étoiles…