En novembre 2018, il y a déjà cinq longues années, la remise en état de cette promenade piétonne de 2,4 kilomètres aménagée le long de la rivière Yamaska entre les avenues Bourdages et Pratte, avait été estimée à 33 M$, incluant l’aménagement d’une place des spectacles d’environ 4,5 M$ près du Centre des arts.
À ce moment, cette facture salée paraissait déjà nettement exagérée, dans le sens d’inutilement dispendieuse, pour la réfection d’une infrastructure qu’on avait tout simplement laissée dépérir avec le temps, faute d’entretien.
Mais cette dépense de 33 M$ appartient au passé. Elle fait même figure de véritable aubaine face à la plus récente estimation des coûts. On apprenait dans ce journal la semaine dernière que ce vaste chantier nécessiterait maintenant des investissements de l’ordre de 50,5 M$ pour arriver à ses fins. Vous avez bien lu.
Je veux bien croire que le prix des matériaux et de tous les projets d’infrastructures a bondi, voire explosé, depuis la pandémie, mais il y a des limites. On se le rappelle, il est question de refaire une promenade piétonne qui EXISTE DÉJÀ, pas de développer un nouveau vaccin ou de bâtir un cinquième pont dans le secteur Douville.
Pour vous donner une idée de ce que représente ce 50,5 M$, sachez que la dette à l’ensemble de la Ville de Saint- Hyacinthe tournera bientôt autour de 95 M$. Les élus ont d’ailleurs relevé cette « limite psychologique » de quelques millions récemment. Vu l’état des finances municipales à l’aube du budget 2024, la prudence est de mise avant de donner le go à toute dépense significative. Les élus ont joué de la plus élémentaire prudence en décrétant le report de la première étape, soit l’aménagement de la place des spectacles, au mieux en 2025, au lieu de l’an prochain comme prévu.
Ils hésitent à mettre le bras dans l’engrenage et on les en remercie. Ils comptent d’ailleurs profiter d’une pause pour réfléchir à la suite du projet. C’est la moindre des choses, merci. L’évidence saute aux yeux : nous n’avons et n’aurons jamais les moyens de nous payer une promenade de 50 M$. Et nous n’en avons pas besoin.
Par ailleurs, il serait insensé d’investir 12 M$ ou même plus dans une place des spectacles tant et aussi longtemps que nous ne serons pas fixés sur le sort qui attend le chantier du défunt Groupe Sélection au centre-ville. Dépenser pour l’aménagement d’une place des spectacles au pied d’un immeuble qui n’est pas terminé serait du gaspillage. Ce serait comme réaliser le terrassement d’une maison avant même de creuser ses fondations. Le report du chantier de la place des spectacles s’imposait de lui-même vu l’incertitude avec le complexe inachevé, tout comme la remise en question de tout le projet.
Un passage du reportage de la journaliste Sarah-Eve Charland à propos de la promenade a aussi capté mon attention, ce qui est rarement une bonne chose. Après avoir supplié la députée Chantal Soucy de dénicher de l’argent pour ce projet, les autorités municipales semblent aujourd’hui regretter qu’elle ait réussi à obtenir une aide de 5 M$ par décret étant donné qu’aucun programme de subventions ne répondait à ce besoin.
« C’était bien agréable d’avoir une subvention de 5 M$ à l’époque, mais elle nous bloque maintenant. Il y a plein de nouveaux programmes de subvention pour lesquels on a appliqué, mais on nous répond qu’on a déjà un décret de 5 M$. À l’époque, il n’y avait pas de programme correspondant à notre projet », a expliqué le maire, sans pour autant préciser de quels nouveaux programmes il s’agit au juste.
En lisant ce commentaire, la députée Soucy a sûrement dû avaler son café de travers. Réussir à obtenir un décret de 5 M$ pour refaire une promenade à Saint-Hyacinthe était déjà vu comme un exploit considérable.
S’en désoler maintenant témoigne bien de la panique qui habite les élus face à la facture révisée du projet.
L’heure est au pétage de balloune.
Pffffffff…