19 septembre 2019 - 14:10
Philippe Chagnon : un auteur bien de son temps
Par: Maxime Prévost Durand
Le Maskoutain Philippe Chagnon a fait paraître trois livres cette année, dont le plus récent est L’essoreuse à salade. Photo Guillaume Chagnon

Le Maskoutain Philippe Chagnon a fait paraître trois livres cette année, dont le plus récent est L’essoreuse à salade. Photo Guillaume Chagnon

Avec un recueil de poésie et deux romans, l’année 2019 a été faste pour l’auteur maskoutain Philippe Chagnon, dont la plus récente proposition, L’essoreuse à salade, vient tout juste de paraître. La plume contemporaine du jeune trentenaire - dont c’était le 33e anniversaire de naissance mercredi - fait de plus en plus sa place dans le paysage littéraire québécois avec sa touche absurde et ironique.

Entrer dans ce monde n’a pas été facile pour autant. Même s’il se retrouvait il y a deux ans sur une liste de dix auteurs à surveiller par la réputée émission Plus on est de fous, plus on lit de la Première chaîne de Radio-Canada, Philippe Chagnon a dû essuyer de nombreux refus avant d’en arriver là.

« Mon premier recueil de poésie était drôle. Ça parlait de boisson, d’amour, ça faisait sourire et même rire. Je voulais montrer que ce n’est pas juste triste la poésie, que c’est vivant comme style littéraire. Au départ, les maisons d’édition refusaient mes manuscrits parce qu’ils trouvaient que ce n’était pas assez sérieux, que ce n’était pas dans l’air du temps. Mais j’ai quand même continué à écrire », mentionne-t-il dans un entretien téléphonique accordé au COURRIER.

Sa persévérance a porté ses fruits puisqu’il compte maintenant trois recueils de poésie à son actif (Cœur takeout, Arroser l’asphalte et Le triangle des berceuses) en plus de ses deux romans (Le pourboire et L’essoreuse à salade). Tout ça, sans même avoir suivi de formation en littérature. Passionné de lecture, il a appris à écrire de façon autodidacte.

D’ailleurs, rien ne le prédestinait à percer dans le paysage littéraire puisque c’est en musique qu’il a fait ses études collégiales, au Cégep de Drummondville. Il a ensuite bifurqué vers la philosophie à l’université, des études qu’il n’a finalement jamais complétées. Aujourd’hui, le Maskoutain-devenu-Montréalais est gérant de succursale chez Renaud-Bray en plus de mener sa carrière d’auteur.

Ses moments d’écriture, qui prennent la plupart de ses temps libres, sont pour lui des périodes de recueillement avec lui-même. « Ça me permet de me poser, de m’assoir et de réfléchir », souligne-t-il.

Pour chacun de ses ouvrages, Philippe Chagnon tente d’explorer de nouvelles avenues, tout en conservant une signature qui lui est propre. « J’essaie toujours de trouver une approche différente pour amener mes histoires. Je veux constamment pousser plus loin pour que chaque livre soit unique. »

En exemple, le Maskoutain s’était fixé trois lignes directrices pour L’essoreuse à salade, une histoire sur fond de triangle amoureux racontée uniquement du point de vue du narrateur. « Je voulais qu’il se forme une boucle dans l’histoire, que le ton soit absurde et ironique et qu’il y ait une scène vraie qui m’est réellement arrivée », énumère l’auteur.

Cette scène, c’est la vente de sa contrebasse, instrument qu’il a affectionné lors de ses études en musique et dont il s’est départi à un moment de sa vie. Il la recrée avec quasi exactitude dans les pages de ce roman, dit-il. « Le reste de l’histoire a été brodé autour de cette scène-là, ajoute-t-il. Il y a un peu de vrai parce que je m’inspire du quotidien, mais j’ai beaucoup inventé. »

Depuis sa première publication aux Éditions de l’Écrou en 2013 (Cœur takeout), Philippe Chagnon a été publié chez trois autres éditeurs, soit Del Busso (Arroser l’asphalte et Le triangle des berceuses), Triptyque (Le pourboire) et Hamac (L’essoreuse à salade). Si trois d’entre eux sont parus cette année, il s’agit surtout d’un concours de circonstances, indique-t-il.

« Des fois, c’est comme ça, tu envoies ton manuscrit et les réponses viennent plus tard. J’ai un bon rythme d’écriture, alors le fait d’avoir plusieurs éditeurs permet de faire paraître plus de livres. J’ai de bonnes relations avec chacun d’eux. Comme j’aime explorer les styles et les genres, si ça ne fit pas avec une maison d’édition, ça me donne une certaine latitude pour le faire paraître ailleurs. C’est comme une relation de couple ouvert qu’on a », lance-t-il avec humour.

Le Maskoutain se compte d’ailleurs privilégié de pouvoir rejoindre les gens avec son écriture. « Je me trouve chanceux, mais en même temps je travaille tellement fort là-dessus. Pour moi, c’est juste un moyen de m’exprimer, mais si je peux le partager avec des lecteurs, je suis vraiment content. »

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