19 septembre 2019 - 14:42
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Pistes de réflexion pour une ville plus mobile
Par: Le Courrier
Ma ville est située en plein champ, elle est au milieu des plus belles terres du Québec. Si elle est mûre pour grandir, c’est en évitant d’empiéter sur les terres agricoles. Alors, elle doit se densifier : la hauteur y sera pour quelque chose.

Par contre, ma ville est coupée par deux barrières : la rivière Yamaska et la voie ferrée. Pour les traverser, quatre ponts en incluant celui de Douville et quatre tunnels incluant le tunnel en construction qui est à l’extrémité ouest et qui servira beaucoup comme voie de contournement de la ville.

Le trafic est de plus en plus saturé avec l’augmentation sans cesse du parc automobile de la région (il faut inclure dans le calcul toutes les voitures et tous les camions transitant par la ville). Les files d’attente se font parfois assez longues à l’abord des ponts et des tunnels.

La décision de construire le 4e tunnel a été longue et il n’y aura pas de 5e tunnel ni de 5e pont. Alors, comment augmenter la densification tout en évitant l’engorgement ou mieux, tout en améliorant la fluidité des déplacements?

La réponse est dans la dimension de la ville. Au centre-ville, un court trajet se fait mieux à pied. Ailleurs, si les trajets sont fluides, le vélo peut faire compétition à la vitesse sans s’essouffler. C’est une ville marchable et cyclable avec de belles voies; mais pas partout, pas suffisamment et dont le réseau est mal relié. On a qu’à penser à l’accès pénible à tous les ponts et à l’absence d’accès à la future bibliothèque.

Il serait souhaitable que la Ville, pour tout aménagement actuel ou futur, entende régulièrement les usagers sur les manques et détériorations du réseau piétonnier et cyclable. En passant, félicitations pour les aménagements récents aux abords de l’école Sacré-Cœur (débarcadère pour les autobus, voie partagée piéton /cycliste repensée).

Le futur du centre-ville

Il doit d’abord passer par la qualité de vie de ses résidents et l’accueil de ses visiteurs. C’est au centre-ville que s’est faite l’histoire de la ville. Son architecture en est le témoin essentiel. Pensons à la préserver. La réfection du marché centre, à ce propos, est une belle réussite. Ses autres atouts sont la proximité des services, des boutiques variées, des étals maraîchers, des attraits culturels et des restaurants à la gastronomie ouverte sur le monde.

On y va pour la lenteur : marcher, arrêter, regarder, socialiser, s’asseoir à une terrasse, etc. On espère y trouver des espaces de verdure : sur une terrasse, un petit parc, le long des rues boisées, près d’une rivière aux berges aménagées intelligemment. On y va aussi pour la foule : on assiste à des défilés, des spectacles en plein air, on participe à des foires de toutes sortes, des fêtes.

Cette vision ne peut se réaliser sans libérer de l’espace, espace occupé par les véhicules dans les stationnements et sur la rue. Peut-on espérer que visiteurs et résidents se « privent » de leurs voitures sur une base volontaire? Mais, ont-ils des alternatives à leurs déplacements vers et hors du centre-ville?

Pour la venue et l’accueil des visiteurs

Après aménagement, la plupart des places de stationnement restantes à la rue devraient être réservées aux visiteurs. Pour tous les Maskoutains résidant hors du centre-ville, le vélo devrait être un choix possible (voir transport actif). L’offre de stationnement sécurisé pour vélo devrait être augmentée de beaucoup. Imaginez fréquenter le Zaricot à vélo!

Pour les résidents, toute nouvelle construction multilogement devrait avoir leur propre stationnement : le nombre de stationnements par logement devrait être limité à un, et un certain nombre de places pourraient être réservées aux visiteurs (non-résidents).

Afin de réduire le nombre de véhicules, la Ville devrait encourager les plus petits véhicules et les moins polluants, donc taxer les plus gros et les véhicules à essence. Elle devrait penser à limiter le nombre de véhicules par logement en taxant le deuxième véhicule.

N’oublions pas que ces contraintes sont pour assurer de l’espace à une meilleure qualité de vie pour tous. Les futurs résidents des logements locatifs annoncés de Groupe Sélection ne songeront à s’installer au centre-ville et n’y resteront que s’ils trouvent les atouts décrits ci-haut.

Une partie des revenus de taxes pourrait servir pour favoriser l’achat de vélo : un montant fixe attribué par vélo, par personne (incluant les enfants), par famille.

Entrer et sortir du centre-ville autrement

Dans l’axe nord-sud, il faudrait réaliser un circuit utilisant des navettes qui passeraient par les deux tunnels piétonniers actuels. Le circuit serait unidirectionnel et circulaire. Les navettes transporteraient un nombre réduit de passagers, mais les passages seraient fréquents. L’aménagement des tunnels actuels serait mineur et donc réalisable. Les vélos pourraient aussi utiliser ces deux tunnels. Pour les piétons, il faudrait des installations plus légères, peut-être des passages aériens couverts en quelques sites stratégiques.

D’autres circuits de navette passant par les ponts seraient envisageables au fur et à mesure des besoins. L’ensemble de ces circuits pourrait réduire de beaucoup l’usage de l’automobile, à moyen et à long terme. En installant des stationnements incitatifs aux extrémités de la ville et en y assurant un service de navette, là encore la ville pourrait s’ouvrir au tourisme et autres tout en se fermant aux voitures.

À court terme, on pourrait sur les axes principaux installer une voie prioritaire au transport collectif et aux véhicules d’urgence, mais il faudrait condamner le stationnement au moins sur un des côtés de la rue (exemples : sur Sainte-Anne, sur Bourdages entre Girouard et Sicotte, sur Dessaulles tout du long).

Et si le transport actif devenait suffisamment attrayant pour transformer un certain nombre d’automobilistes en cyclistes? Il faudrait pour cela que le réseau cyclable récréatif se transforme en circuit cyclable utilitaire. Les modifications des tunnels piétonniers et l’aménagement de la promenade Gérard-Coté, de même que la bonification des pistes cyclables aux abords et sur les ponts garantiraient la sécurité et la fluidité des déplacements à vélo. Il ne resterait plus qu’à convier les employeurs à offrir des places de stationnements sécuritaires pour les vélos. Quatre places pour vélo libérant quatre places de voiture, c’est gagnant. Ça favoriserait l’usage du vélo pour les travailleurs et ça réduirait aussi la pollution.

Il y a plus. Avec un réseau cyclable en été et partagé vélo/piéton en hiver, nos enfants, adultes, personnes âgées pourront l’utiliser à l’année pour l’école, le travail ou tout simplement pour une bonne marche de santé. Ça favoriserait l’usage du vélo pour les travailleurs, ça réduirait aussi la pollution.

Il n’y a rien là-dedans qui soit aussi coûteux qu’une hypothétique 5e voie (pont ou tunnel). La ville devenue cyclable, pourquoi ne pas en faire un attrait touristique? Près des hôtels, offrir la location de vélos et concevoir des dépliants signalant trajet urbain et semi-urbain (campagne et ville) : La Présentation et son église (un quatuor à cordes avec ça?), Rougemont et ses vergers, Saint-Pie et son pont piétonnier, Saint-Jean-Baptiste et ses deux montagnes, Saint-Jude et son « Chouette à voir! », etc. Et la ville elle-même avec son nouveau circuit urbain complété (futur).

Saint-Hyacinthe propre, belle, aller y marcher et vous y promener et y travailler à vélo. Saint-Hyacinthe, la petite Amsterdam d’Amérique (à venir?!)

Gilles Germain, Saint-Hyacinthe

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