13 février 2020 - 19:11
La fin des commissions scolaires
Place à la modernité…
Par: Martin Bourassa
C’est fait. La Coalition Avenir Québec a tenu et livré une promesse électorale phare de son programme et de son ADN : elle a aboli les commissions scolaires et liquidé les commissaires d’école dans la précipitation et sous bâillon.

Ils s’en trouvent plusieurs pour s’en réjouir et plusieurs pour s’en inquiéter.

La députée Chantal Soucy appartient évidemment à la première catégorie. « L’adoption et la sanction du projet de loi 40 vise principalement à abolir les élections scolaires. À doter le Québec d’une gouvernance scolaire moderne et à mieux répondre aux besoins des élèves », a-t-elle commenté par communiqué de presse.

Personnellement, j’appartiens à la seconde catégorie. Au camp des inquiets dans lequel se trouvent également nombre de parents, d’enseignants, d’anciens commissaires et même de maires de municipalités qui viennent d’apprendre qu’ils devront peut-être céder gratuitement des terrains aux centres de services scolaires, le nouveau nom donné à l’entité administrative qui remplace les commissions scolaires.

Cette nouvelle gouvernance moderne dont parle notre députée sera-t-elle aussi ou plus efficace que l’ancienne? Plus engagée et dédiée à la cause des élèves et de la réussite éducative du fait que les décisions seront prises par les membres d’un conseil d’administration plutôt que par des commissaires élus démocratiquement? Nous n’en avons aucune assurance. Il faut avoir la foi ou se croiser les doigts. Au final, on remplacera des gens élus par trop peu de gens, avouons-le, par des administrateurs nommés… par encore moins de gens! Est-ce une nette amélioration? Pour avoir suivi de près le conseil des commissaires et le conseil d’administration du Cégep de Saint-Hyacinthe pendant quelques années, je ne suis pas convaincu que le modèle du second soit une si grande amélioration et un signe de modernisme.

D’autant plus que j’ai connu au fil des ans des commissaires qui étaient vraiment investis par leur mandat. Des Lise Desmarais Grimard, des Raymonde Rivard, des Ginette Avard Forand, des Luc Pelland et plus récemment des Jacques Favreau, des France Martin et des Richard Flibotte qui ont pris leur engagement à cœur. Et j’ai aussi vu des commissaires devenir conseillers municipaux, puis renoncer à leur chapeau de commissaire, souvent faute de disponibilité. Beaucoup de gens sous-estiment la charge de travail inhérente au rôle de commissaire. Ceux et celles qui se retrouveront sur les CA des centres de services scolaires risquent d’être surpris!

Les prochains mois sentent donc l’improvisation dans le monde scolaire moderne de la CAQ, où les directeurs généraux en mèneront plus large que jamais. On ira de l’avant avec des essais et des erreurs, par conviction et en faisant taire les critiques. Comme avec la réforme Barrette dans le réseau de la santé. Si vous pensez que le changement de gouvernance dans le réseau de la santé a amélioré les soins aux malades, vous arriverez peut-être à vous réjouir des effets de la Loi 40 dans le petit monde scolaire. Sinon…

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