2 juillet 2020 - 13:37
Haltérophilie
Plaidoyer pour un sport en santé
Par: Maxime Prévost Durand
L’haltérophilie est loin d’en être à son premier scandale, mais le plus récent à avoir été mis au jour lève le voile sur un système de corruption bien implanté au sein de la fédération internationale (IWF) dans les dernières années. Des révélations qui ont poussé l’espoir olympique de la région, Tali Darsigny, à faire un vibrant plaidoyer pour un sport plus en santé dans une sortie sur les réseaux sociaux.

Une enquête menée par Richard McLaren au sujet de l’IWF a permis d’apprendre qu’une quarantaine de cas de dopage, principalement des champions ou vice-champions du monde, ont été camouflés dans les dernières années et que des millions de dollars sont manquants. Le blâme revient principalement à la tête dirigeante de l’organisation, Tamas Ajan, qui a été le président de l’IWF pendant une vingtaine d’années avant de quitter ses fonctions en avril 2019 en réponse à ces allégations de corruption.

« C’est si triste pour ceux qui se sont entraînés en empruntant le chemin ardu toute leur vie [de voir] que leur propre président de fédération [ne les] appuyait pas, s’est désolée Tali Darsigny dans un message publié sur Facebook après les révélations du rapport McLaren. Souhaitons que les années à venir soient meilleures pour notre beau sport et que les athlètes canadiens puissent être célébrés à leur juste valeur. »

À la fin de son message, elle a notamment fait la nomenclature de tous les Olympiens canadiens qui n’ont pas été classés justement dans les dernières années en raison de cas de dopage révélés plus tard. Parmi ceux-ci, on retrouve Annie Moniqui, la dernière membre du club La Machine Rouge de Saint-Hyacinthe à avoir participé aux Jeux olympiques, à Londres en 2012. Elle était passée du 16e au 14e rang.

Jointe par LE COURRIER, Tali Darsigny a indiqué ne pas être particulièrement surprise des conclusions du rapport McLaren. « Ça fait plusieurs années que tout le monde se pose des questions à savoir si on peut se fier ou non à la fédération. Il y a six mois, un documentaire allemand avait aussi été fait sur l’IWF et on a réalisé que c’était pire qu’on pensait. Mais on a toujours su qu’il y avait des choses pas trop claires. »

Évoluant sur la scène internationale depuis plusieurs années déjà, Tali ne croit pas avoir déjà été affectée directement pas les cas de dopage camouflés dont il est question dans le rapport. « Pas à ce que je sache », note l’haltérophile de 22 ans.

Cela ne l’empêche pas d’avoir des doutes sur certains athlètes. « C’est dur à dire parce qu’on n’a pas encore de preuves que certaines auraient testées positif, mais on dirait qu’on le sait quand même quand une personne a tellement d’avance sur les autres. Oui, il y a la génétique, mais il y a des limites à ce que le corps humain peut faire. Une fille qui arrache plus que mon épaulé-jeté, alors que je suis quand même pas mal de niveau olympique, tu te poses des questions. Ça ne devrait pas arriver. »

D’autres aspects révélés par l’enquête l’ont par contre touchée, notamment sur le plan financier. Elle raconte que les entraîneurs devaient toujours payer les inscriptions des athlètes en argent comptant et en dollars américains, des sommes qui pouvaient s’élever à plusieurs milliers de dollars. Comme il s’agit d’argent comptant, il est plus difficile de savoir si l’argent s’est vraiment rendu là où il était destiné. À la lumière du rapport McLaren, ces montants pourraient avoir été mis directement dans les poches de l’ex-président.

D’autres situations ont fait sourciller l’athlète de Saint-Simon dans les dernières années. Comme c’est le cas dans plusieurs sports, un hôtel était désigné par la fédération lors de compétitions internationales pour accueillir tous les athlètes, sauf que des frais excessifs étaient parfois chargés. « Je me souviens au Championnat du monde en Thaïlande l’an dernier, on devait payer 100 $ US de plus que le prix réel de la chambre. On avait regardé pour une chambre dans l’hôtel et elle coûtait 50 $ CA alors qu’on devait débourser 150 $ US. On se rend compte que la fédération a beaucoup volé les athlètes autant en termes de positions qu’en argent. »

Heureusement, un changement de culture semble s’opérer depuis que Tamas Ajan n’est plus le président. « Du fait que c’est une Américaine [qui soit la présidente par intérim], il y a de meilleures chances que ça change à la fédération, croit Tali. C’est une philosophie qui ressemble plus à la nôtre [au Canada] sur les valeurs sportives. »

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