Cet amour des mots l’habite depuis longtemps. En plus d’être une lectrice aguerrie, la native de Saint-Hyacinthe se plaisait à écrire de temps à autre, mais principalement pour elle.
« Je suis tellement entourée de scénaristes et d’auteurs que je n’osais pas. Je me trouvais encore une fois – ça a été le combat de ma vie – un peu imposteur de prétendre que je pouvais écrire moi aussi. Mais à un moment donné, je me suis dit : la différence, c’est qu’eux le font et pas moi. »
Geneviève Brouillette avait déjà travaillé sur des projets de scénario par le passé, mais aucun n’avait abouti. « Je voulais m’affranchir de la nécessité de trouver des gens qui investiraient dans mon projet. Ça a été un peu ça les années que j’ai passées à écrire pour la télé et où je devais convaincre tellement de gens de prendre mon projet. Le fait de plonger dans mon roman a été un geste de grande libération. C’est un peu une prise de pouvoir sur ma créativité », affirme-t-elle.
Traverser la tempête avec un sombrero est le fruit de près de deux ans et demi d’écriture, entre les tournages et ses apparitions au théâtre. Le projet est né à la suite d’un atelier d’écriture que Geneviève Brouillette a suivi auprès d’une dramaturge en compagnie de son amie Pascale Montpetit, une comédienne avec qui elle partageait l’écran dans District 31.
« Ça a été la bougie d’allumage, raconte-t-elle. La première version du premier chapitre est née dans le contexte de cet atelier. »
De fil en aiguille, l’histoire du personnage de Julie a pris forme et Traverser la tempête avec un sombrero est né.
Se reconstruire après un échec
Dans ce roman, on trouve Julie Beausoleil, une reine de l’évitement et du déni qui a vu sa carrière et sa vie amoureuse s’écrouler au même moment. Dans l’espoir de se reconstruire, mais aussi de fuir sa réalité, elle se rend au Mexique pour un séjour dans un petit village. Dès son arrivée, elle se prendra d’affection pour Pepito, un chien errant de l’orphelinat d’animaux situé tout près de la maison qu’elle a louée. Cette rencontre l’entraînera dans une aventure insoupçonnée sur les routes du Mexique, où son passé reviendra la hanter malgré les kilomètres qui la séparent de Montréal.
« L’échec, c’est un thème qui m’obsède depuis un bon bout de temps. C’est dur de traverser l’existence sans vivre de gros échecs et je ne suis pas sûre qu’on est bien équipé pour se relever de ça. Au lieu de fuir l’échec, on devrait se dire que ce n’est pas grave, se dire qu’on a essayé quelque chose et qu’on doit se relever maintenant. Personnellement, je trouve que j’ai perdu du temps à fuir ces échecs, alors qu’on gagne peut-être à être un peu plus courageux », soutient l’autrice.
Y a-t-il un peu de son histoire dans celle de Julie? « Ceux qui me connaissent bien vont me reconnaître dans certains traits de Julie, répond-elle. Le ton me ressemble, il y a une espèce d’autodérision et d’ironie, avec une grande sensibilité en même temps. Mais Dieu merci, j’ai un peu moins tendance que Julie à me mettre dans le trouble! »
Si la trame narrative principale du roman tourne autour du personnage de Julie, Geneviève Brouillette fait aussi une place importante à Pepito dans son récit. « Quand tu es dans le quatrième sous-sol, les animaux peuvent vraiment aider. Quand il ne reste plus personne [pour Julie], il y a ce chien qui est là et qui l’accompagne », mentionne cette amoureuse inconditionnelle des animaux.
Une révélation
L’expérience d’écriture de ce premier roman a été une sorte de révélation pour Geneviève Brouillette.
« Ça change complètement ma posture d’actrice tout d’un coup. C’est clair que je vais en écrire un autre. Avant, les espèces de passages à vide qui sont inévitables dans une carrière d’actrice, je les voyais venir avec angoisse, et là, j’ai hâte d’avoir des pauses de jouer parce que je vais pouvoir écrire et je n’aurai plus besoin d’attendre [que le téléphone sonne] », souligne-t-elle.
La Maskoutaine d’origine se plaît d’ailleurs à découvrir ce nouveau monde qui s’ouvre à elle depuis la parution du livre à la fin février.
« C’est vraiment stimulant. Le monde des livres, je ne connaissais pas ça. La vie d’auteur, les rencontres avec les gens et avec les autres auteurs, c’est bien plaisant. J’avance là-dedans avec beaucoup d’ouverture, de naïveté et de curiosité », lance-t-elle.
En plus de sillonner les salons du livre du Québec au cours de la prochaine année, Geneviève Brouillette remontera sur les planches cet été. Elle fera partie de la distribution de Peut contenir des traces d’égo, une pièce qui sera en résidence au Théâtre La Marjolaine, à Eastman. Celle-ci sera aussi présentée au Centre des arts Juliette-Lassonde à l’automne, mais la date de cette représentation sera annoncée seulement lors du dévoilement de la programmation 2025-26 de la salle maskoutaine plus tard ce printemps.