29 février 2024 - 03:00
Conseils municipaux
Plus avec moins
Par: Martin Bourassa
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa

La grosse histoire de la dernière semaine dans le merveilleux monde municipal a été la démission surprise, donc prématurée, de la mairesse de Gatineau, France Bélisle. Une nouvelle qui incite autant à la réflexion qu’à la modération.

À moins de deux ans des prochaines élections, la mairesse Bélisle a décidé de tirer la plogue afin de préserver sa santé physique et mentale, blâmant au passage le climat politique difficile dans sa ville, voire dans l’ensemble du Québec où les élus tombent au combat ou quittent avant l’heure. Elle a entre autres affirmé avoir été l’objet d’attaques personnelles et de menaces de mort et dénoncé la partisanerie, la pression et les luttes de pouvoir qui minent le travail des politiciens. Elle a aussi réclamé un meilleur accompagnement des élus et de meilleures formations. Excellente idée.

Plusieurs élus au Québec ont partagé des préoccupations similaires et lui ont témoigné leur sympathie, dont la mairesse de Sherbrooke, Évelyne Beaudin, en disant que « ça devient inhumain, ce qu’on demande à nos élus ». Cette dernière déclaration a été reprise à la Une de La Presse au cours du week-end.

Inhumain, vraiment? Je suis le premier à penser qu’on en demande beaucoup à nos élus et à reconnaître que leur travail est exigeant. Mais inhumain? Ce qualificatif correspond mieux, à mon avis, à ce que l’on exige des infirmières en TSO dans nos hôpitaux ou même aux enseignants dans certaines classes.

Cela dit, la démocratie municipale traverse des moments difficiles, c’est connu et documenté. L’Union des municipalités du Québec a rappelé au cours des derniers jours que, depuis les dernières élections municipales au Québec, près de 800 élues et élus municipaux, soit environ 10 %, ont quitté leurs fonctions.

Dans la région de Saint-Hyacinthe, il n’y a pas eu de démissions fracassantes d’élus depuis l’élection de novembre 2021, outre peut-être le cas d’un conseiller à Saint-Pie. Mais ne présumons pas que tout est parfait pour autant. Des situations tendues et des séances animées de conseils, même acrimonieuses, nous sont rapportées à l’occasion, dont parfois du côté de Sainte-Marie-Madeleine.

Il y a quelques semaines à peine, la MRC des Maskoutains a cru nécessaire de lancer une campagne de sensibilisation pour rappeler sa tolérance zéro à l’égard de toute forme d’intimidation envers ses employés. Une affiche appelle aussi les citoyens au civisme quand ils se présentent aux séances de la MRC. Plus localement, il n’y a que très rarement des débordements aux séances publiques du conseil municipal de la Ville de Saint-Hyacinthe, que ce soit avec les questions du public ou lors des échanges entre élus.

Rencontré en décembre pour notre entrevue éditoriale annuelle, André Beauregard ne donnait pas l’impression d’être un maire au bord de la crise de nerfs, même s’il confiait qu’il n’avait pas une job facile. « Il y a beaucoup de pression et on reçoit plus de critiques que de positif. »

Publiquement, les critiques acerbes et gratuites à l’endroit des élus maskoutains sont quand même limitées, avouons-le. Récemment, les augmentations de salaire consenties aux cadres, les deux nouvelles taxes d’écoresponsabilité et l’augmentation du compte de taxes 2023 sont passées comme du beurre dans poêle. Les membres du conseil municipal de la Ville de Saint-Hyacinthe seraient également mal venus de se plaindre de la surcharge de travail et des attentes inhumaines à leur endroit puisqu’ils viennent eux-mêmes de décider de supprimer un poste de conseiller en prévision des élections de 2025. Le nombre de conseillers passera de 11 à 10, alors qu’il a déjà été de 13 par le passé.

On croyait pourtant ce débat mort et enterré depuis 25 ans, mais les élus ont décidé de le rouvrir pour des motifs économiques. Pour donner l’exemple et épargner quelque chose comme 62 500 $ par année. Oui, tout cela en continuant d’appuyer majoritairement la réfection de la promenade Gérard-Côté.

Comme à Granby et Victoriaville, ils seront bientôt 10 conseillers et un maire pour dicter les grandes orientations de la Ville, défendre leurs décisions et siéger à de trop nombreux comités ou organismes (44). Ils devront faire plus avec moins, et ce, sans se lamenter au sujet de la lourdeur de la tâche et de leur salaire de misère. Beau défi en perspective.

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