18 mai 2023 - 07:00
Contrats répertoriés en cinq ans
Plus de 500 000 $ en dépenses de consultants
Par: Sarah-Eve Charland
Le roulement au niveau des cadres depuis les cinq dernières années oblige le Cégep de Saint-Hyacinthe à recourir à des services de consultants.Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le roulement au niveau des cadres depuis les cinq dernières années oblige le Cégep de Saint-Hyacinthe à recourir à des services de consultants.Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le roulement chez les cadres au Cégep de Saint-Hyacinthe a entraîné des effets concrets sur le budget du collège. En cinq ans, des centaines de milliers de dollars ont été dépensés pour différents contrats de consultants visant à remplacer des postes vacants parmi les cadres.

À l’automne 2021, le Cégep de Saint- Hyacinthe a annoncé « prêter » Véronique Blain, qui était alors directrice des communications et des affaires corporatives, au Groupe CTT, affilié au collège. Ce transfert devait se dérouler jusqu’à ce qu’elle prenne sa retraite.

Un contrat a alors été donné à G+L conseil stratégique afin d’assumer la direction des communications par intérim. La dépense qui devait au départ s’élever à 15 000 $ a finalement atteint 203 000 $, avant les taxes, pour un service s’étalant sur 10 mois. Selon l’avis publié sur le système électronique d’appel d’offres (SEAO) du gouvernement du Québec, le Cégep affirme, entre autres, que le contrat a été prolongé en raison des effets des mesures sanitaires. Peu de temps après, en mai 2022, l’établissement embauchait une nouvelle directrice des communications.

En parallèle, le collège a aussi donné un mandat à la même firme en communication pour un « accompagnement dans le projet de prolongation du plan stratégique ». Un mandat a été donné en décembre 2020. G+L conseil stratégique a aussi facturé 27 744,76 $, avant les taxes, soit le montant final payé par l’organisme public.

D’autres consultants ont aussi été appelés en renfort par le Cégep de Saint- Hyacinthe depuis cinq ans. Ce sont tous des contrats donnés de gré à gré, dont le montant n’inclut pas les taxes, et qui excluent les contrats d’ingénierie ou d’architecture liés à des travaux ou au projet d’agrandissement. Depuis cinq ans, LE COURRIER a répertorié 32 départs de cadres au collège, dont deux au cours de la dernière semaine.

Notamment, deux contrats totalisant 94 904,80 $ ont été donnés pour un soutien aux opérations de l’équipe de comptabilité en novembre 2021 et en juillet 2022.

En mai 2020, la firme Dotemtex a été embauchée pour offrir un service de soutien professionnel et administratif ainsi qu’un soutien à la gestion en ressources humaines. Le mandat de consultant a représenté une dépense finale de 35 537,50 $.

Après avoir pris sa retraite en juillet 2021, Dominique Lestage, ancien directeur adjoint à la direction des études et de la vie étudiante, a obtenu un contrat de consultant pour assurer « l’intérim et la transition » en août 2021. Son contrat s’est élevé à 33 750 $.

Trois contrats ont aussi été donnés à Collecto, un organisme à but non lucratif qui offre des services d’accompagnement en éducation. Un premier contrat a été donné en 2018, dont le mandat était d’accompagner « pour toutes questions de nature pédagogique et reliées à la direction des études ». Deux autres mandats ont été accordés en 2022 pour des services d’accompagnement en éducation. Au total, le Cégep a déboursé 110 136 $ pour ces services.

À titre comparatif, LE COURRIER a effectué la même recherche, avec la même période de temps donné, aux Cégeps de Sorel-Tracy, de Saint-Jean-sur-Richelieu et de Granby. Pour ce dernier, aucun contrat de gré à gré n’a été trouvé. À Sorel-Tracy, près de 139 000 $ ont été octroyés en contrats de consultants, alors que le Cégep de Saint-Jean-sur-Richelieu a octroyé près de 190 000 $ en consultants.

Durant les années où Roger Sylvestre assumait la direction générale du Cégep de Saint-Hyacinthe, de 2007 à 2018, on n’a trouvé aucun contrat de gré à gré pour des services de consultants donné par le collège maskoutain.

Selon la politique d’acquisition de biens et services du Cégep de Saint- Hyacinthe, les contrats de service inférieurs à 28 750 $ peuvent être négociés de gré à gré. Pour les contrats variant entre 28 750 $ et 121 200 $, la Direction des services administratifs peut négocier de gré à gré auprès d’un seul fournisseur, sans faire d’appel d’offres public ou sur invitation, si le collège requiert un consultant spécifique, si l’établissement élargit la portée d’un mandat en cours ou si le collège doit retenir les services d’un fournisseur pour remplacer un cadre.

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Au cours des cinq dernières années, le Cégep a aussi dépensé des centaines de milliers de dollars en publicité sur Facebook et Google. En 2022, le collège a donné un contrat de gré à gré de 75 000 $ à Facebook et deux autres totalisant 50 000 $ à Google. Facebook a reçu 75 000 $ du Cégep en 2021 et 44 081,91 $ en 2020. En 2019, l’établissement a tout d’abord donné un contrat de 25 000 $ à Facebook avant de l’annuler. La journée même, un autre contrat de 5000 $ a été donné au réseau social, mais qui s’est finalement soldé à 35 000 $. À cela s’ajoute un deuxième contrat de 29 393,51 $ pour un total de 64 393,51 $ en 2019.

Selon nos informations, ces contrats prennent la forme de bon de commande ouvert, dont le montant est préautorisé, regroupant ainsi les différents achats au fur et à mesure durant l’année, comme les publicités pour les portes ouvertes ou la promotion de la formation continue.

La directrice des communications du Cégep de Saint-Hyacinthe, Annie Hulmann, n’a pas souhaité commenter cette multiplication des contrats de gré à gré dans les cinq dernières années. « Vous comprendrez qu’avec la situation actuelle, notre priorité est de nous assurer du bon fonctionnement du Cégep et de finaliser notre année scolaire », a-t-elle répondu.

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