1 avril 2021 - 13:30
Plus de collaboration pour moins d’homicides conjugaux
Par: Olivier Dénommée

La cellule de crise ECLAIR a été formée récemment dans la région Richelieu-Yamaska pour prévenir de nouveaux cas de féminicides dans un cadre de violence conjugale et intrafamiliale sur le territoire. Sept meurtres de femmes, dont celui de Nancy Roy à Saint-Hyacinthe le 23 février, sont déjà survenus depuis le début de l’année au Québec. Photothèque | Le Courrier ©

La cellule de crise ECLAIR a été formée récemment dans la région Richelieu-Yamaska pour prévenir de nouveaux cas de féminicides dans un cadre de violence conjugale et intrafamiliale sur le territoire. Sept meurtres de femmes, dont celui de Nancy Roy à Saint-Hyacinthe le 23 février, sont déjà survenus depuis le début de l’année au Québec. Photothèque | Le Courrier ©

En réponse à la vague de féminicides qui ponctue malheureusement l’actualité du Québec des dernières semaines, une cellule de crise en prévention des homicides conjugaux et intrafamiliaux a été mise sur pied sur le territoire Richelieu-Yamaska.

Sans avoir la prétention de pouvoir empêcher tous les futurs meurtres conjugaux dans la région, les membres de la cellule ECLAIR promettent d’unir leurs forces pour offrir un meilleur filet de sécurité aux personnes à risque.

En début de semaine, les membres de la Table de concertation Richelieu-Yamaska – violence conjugale et familiale, agression sexuelle ont annoncé la création de la cellule de crise ECLAIR – Entente de Collaboration concertée pour Les situations À haut risque d’homicide Intrafamilial Richelieu-Yamaska – un « partenariat entre divers organismes afin de faciliter la mise en place d’un plan de sécurité lorsqu’il y a un risque d’homicide » dans un contexte conjugal ou intrafamilial, selon le communiqué.

Concrètement, « cela permet d’avoir accès à tous les intervenants gravitant autour d’un dossier et de voir ensemble s’il y a une façon de diminuer le risque dans cette situation plutôt que de travailler en vase clos », précise Valérie Grégoire, coordonnatrice au centre d’hébergement pour femmes La Clé sur la Porte, membre de la cellule de crise.

La cellule unit donc les forces de La Clé sur la Porte, de l’Entraide pour hommes Vallée-du-Richelieu/Longueuil, de la Direction des poursuites criminelles et pénales, du Centre d’aide aux victimes d’actes criminels, du CISSS de la Montérégie-Est, de la Régie intermunicipale de police Richelieu-Saint-Laurent, de la Sûreté du Québec, des Services correctionnels du Québec et de Contact Richelieu-Yamaska.

Malgré cette annonce, Mme Grégoire ne se fait pas d’illusions. « Tous les jours, des femmes sont victimes de tentatives de meurtre, on ne pourra pas toutes les empêcher », reconnaît-elle. On ne sait pas si le meurtre de la Maskoutaine Nancy Roy, poignardée dans son appartement le 23 février, aurait pu être évité par cette cellule de crise si elle avait été créée plus tôt, mais Mme Grégoire invite tous ceux qui ont des craintes quant à la sécurité d’une femme à prendre contact avec La Clé sur la Porte pour mieux voir les risques avant qu’il soit trop tard. « On reçoit beaucoup d’appels d’amis, de proches et même d’employeurs qui s’inquiètent », confirme-t-elle.

Beaucoup de demandes

Si le nombre de féminicides est anormalement élevé en ce début d’année, on n’a pas de statistique sous la main affirmant que les cas de violence conjugale ont été à la hausse depuis le début du confinement imposé par la lutte à la COVID-19.

« Je ne pense pas que la pandémie a créé de façon subite des situations de violence conjugale, même si elle a peut-être contribué à exacerber certaines situations qui n’auraient normalement pas mené au meurtre », mentionne Valérie Grégoire, qui note tout de même un important achalandage à La Clé sur la Porte depuis environ deux mois, autant pour l’hébergement que pour le volet consultation.

« Mais plus on aide de monde, plus nos besoins de financement sont importants. On espère que l’argent nécessaire arrivera vite du gouvernement », soutient Mme Grégoire pendant que de nombreux acteurs du milieu déplorent que le dernier budget provincial prévoie un montant jugé beaucoup trop faible pour véritablement répondre aux besoins des organismes s’occupant des femmes victimes de violence.

Au moins, Mme Grégoire se réjouit que la question de la violence conjugale fasse de plus en plus son chemin dans la population. « C’est touchant de voir que de plus en plus de gens réalisent que la violence conjugale sous toutes ses formes, c’est criminel et qu’ils parviennent à la nommer. Il faut continuer dans cette direction. »

Toute personne s’inquiétant d’une situation conjugale ou familiale où un drame pourrait survenir est invitée à communiquer avec La Clé sur la Porte au 450 774-1843. Ce numéro est joignable 24 h sur 24, 7 jours sur 7.

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