1 septembre 2011 - 00:00
Rentrée littéraire québécoise
Points de vue multiples
Par: Fabienne Costes
Miron. Tremblay. Senécal. Dompierre. Arcan. Thùy. Sexe. Maternité. Armageddon. Suicide. Modernité urbaine. Voici quelques-uns des noms et des mots qui feront la rentrée littéraire 2011.

Prenons le risque de débuter cette chronique par un titre qui n’a rien de sexy : L’Émergence de la modernité urbaine au Québec, Saint-Jean-sur-Richelieu 1880-1930, de Jean Gaudette, aux éditions Septentrion.

Une période charnière pour le Québec et pour la région. À Saint-Hyacinthe, c’est aussi l’entrée dans la modernité mise en branle par le grand maire que fut Georges-Casimir Dessaulles qui électrifia la ville et procéda à la municipalisation de l’eau. En lisant cet ouvrage consacré à une ville toute proche, on apprendra certainement sur ces temps riches en changements et en espoir d’un monde meilleur.

Points de vue féminins

Ouvrage qui nous emmènera absolument ailleurs, celui de Caroline Allard, auteure des populaires Chroniques d’une mère indigne, qui récidive dans l’inconvenance avec Pour en finir avec le sexe. Une proposition de voyage dans l’univers absurde de la sexualité, d’un « sondage dont vous êtes le héros, jusqu’à la manière d’utiliser ses performances sexuelles pour gagner à la loto. Ça promet d’être drôle. Chez Septentrion.

Le sexe n’est pas que drôle, il peut s’avérer une prison. C’est ce que démontrait Nelly Arcan dans chacun de ses romans. La maison d’édition française Seuil publie des textes inédits ou déjà parus de l’auteure sous le titre Burqa de chair. La romancière québécoise, décédée en septembre 2009, avait signé trois récits, La robe, L’enfant dans le miroir et La honte. Dans ce dernier, elle imagine les effets d’une expérience humiliante sur un plateau de télévision. Retour à une écriture plus légère avec Le journal (de plus en plus) irrévérencieux d’une mère (presque) parfaite de Véronique Fortin aux Éditions de la Bagnole. Un extrait qui dit tout sur les affres de la nouvelle mère au foyer : « Cantonnée dans ma campagne, j’ai longtemps supposé que j’étais la seule qui pleurait de fatigue parce que le riz avait collé. J’ai évalué de manière objective ma qualité de vie. Est-il vraiment possible de TOUT faire convenablement? Être une mère attentionnée, une amie fidèle, une épouse dévouée et cochonne passée 20 heures. Non. C’est inconcevable. »De son côté, Kim Thùy, qui nous avait tant charmés avec Ru, nous revient avec À toi, un recueil de textes écrit avec Pascal Janovjak. Pascal et Kim se sont rencontrés à Monaco, nous dit-on. Et là-bas, ils se sont racontés. Puis, elle est repartie à Montréal et il a regagné Ramallah. Ce livre est une invitation à partager leur univers intime. Chez Libre Expression.Pour conclure sur les auteurs féminins de la rentrée, un mot sur Myriam Caron qui publie chez Leméac Génération pendue, un premier roman bouleversant sur le suicide chez les jeunes. L’auteure est aussi journaliste. Elle a réalisé plusieurs reportages de société à propos de son coin de pays, la Côte-Nord, notamment pour l’émission Kilomètre Zéro.

Points de vue masculins

Dès le 31 août, paraîtra Gaston Miron, La vie d’un homme, chez Boréal. En lisant la vie du poète, on ne peut qu’apprendre sur une période charnière du Québec.

Écrire la biographie de Gaston Miron, explique l’auteur Pierre Nepveu, c’est faire davantage que retracer la vie d’un homme : c’est raconter le Québec de la Grande Noirceur et des communautés religieuses, la Révolution tranquille, la renaissance du nationalisme et les mouvements de gauche, la crise d’Octobre, les deux référendums; c’est raconter l’histoire de l’édition au Québec et la naissance d’une institution littéraire semblable à celle dont sont dotées les autres nations. Chez Boréal, en librairie dès le 30 août.Autres univers, ceux de Patrick Senécal et de Stéphane Dompierre qui proposent respectivement un «Virginie sur l’acide » et un « Mange, prie, aime trash ». Patrick Senécal est un homme très occupé. Après la scénarisation des 7 jours du Talion et de 5150, rue des Ormes, il a écrit la Web série la Reine Rouge et a connu un franc succès avec ses deux dernières briques, Le Vide et Hell.com. Il ne prend pas de vacances et revient avec une nouvelle série littéraire Malphas. Le premier tome intitulé Le cas des casiers carnassiers sortira en novembre chez Alire. La série se passe dans un cégep d’une petite ville de province. On imagine qu’il y aura du sang et des tripes, l’auteur promet qu’il y aura aussi beaucoup d’humour. On ne peut s’empêcher de signaler qu’une adaptation cinématographique d’Aliss est dans l’air. Stigmates et BBQ, de Stéphane Dompierre, paraîtra en octobre aux éditions Québec Amérique. Un retour au roman satirique pour l’auteur qui mettra cette fois en scène deux personnages féminins : une Québécoise de 40 ans et une Siennoise de 18 ans. Aussi, une première pour François Gravel qui se lance dans le roman policier avec À deux pas de chez-elle, toujours chez Québec Amérique.Le grand Michel Tremblay bouclera quant à lui sa saga sur la famille Desrosiers avec La grande mêlée, toujours chez Leméac.

Une montée inquiétante

Enfin, un essai qui a éveillé notre curiosité, Le Facteur Armageddon, la montée de la droite chrétienne au Canada, de Marci McDonald, chez Libre Expression.

Un document-choc détaillant la montée de la droite religieuse au Canada et l’influence de celle-ci sur les politiques du gouvernement Harper. Un automne chargé en perspective.-30-

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