13 octobre 2016 - 00:00
Poisson d’octobre
Par: Martin Bourassa

Rien, ni personne ne sera finalement blâmé pour le déversement d’eaux usées qui a mis à mal la rivière Yamaska à la fin du mois de juin, à la hauteur de Saint-Hyacinthe.


Mieux encore, la réorganisation du service de Génie, qui découle directement de cette tourmente, a permis au plus haut responsable de l’usine d’épuration au moment des événements d’obtenir une promotion et une augmentation salariale. Ce n’est pas un poisson d’avril en retard (ou en avance c’est selon), mais le constat qui s’impose à l’heure du bilan.

À écouter la Ville, il faut blâmer la culture de l’organisation au moment des faits, ce qui à notre avis est encore plus inquiétant que le simple blâme d’un individu. Il aura en effet fallu six jours, six longs jours, dont trois passés à chercher une cause logique et extérieure à la mortalité massive de poissons et d’alevins, avant que ce déversement et son impact ne viennent aux oreilles de la direction générale de la Ville de Saint-Hyacinthe. Mais rassurez-vous, elle a appris de ses erreurs. La Ville de Saint-Hyacinthe a revu en profondeur ses façons de faire afin de changer cette bonne vieille culture. Au prochain déversement, on s’assurera que le niveau de la rivière soit assez élevé pour absorber tous nos déchets et les pousser le plus loin possible.

Mais on ne s’étonnera pas outre mesure que la Ville de Saint-Hyacinthe n’ait pas trouvé personne à blâmer pour ce déversement mal planifié et pour le cafouillage au niveau des communications qui ont terni son image.

Ce qui étonne et déçoit à la fois, c’est que la Ville de Saint-Hyacinthe ait décidé de ne rien faire pour redorer cette image incrustée d’une ville qui scrappe sa propre rivière et prise d’eau, mais qui ne fera rien de plus que ce qu’elle fait déjà pour lui refaire une santé. Cette ville a orchestré une campagne publicitaire de 1,2 M$ pour véhiculer une image de marque qu’un déversement a écorchée, mais elle ne dépensera pas une cenne noire pour la redorer avec un coup d’éclat à saveur écologique.

Si nos élus pensent que les gens vont oublier et passer à autre chose, ils se trompent, d’autant plus que le ministère de l’Environnement déposera lui aussi éventuellement son propre rapport. Et désormais, chaque fois qu’un déversement semblable se produira, il se trouvera quelqu’un pour rappeler ou se rappeler l’épisode maskoutain, un peu à l’image de la crise du C. difficile à l’hôpital Honoré-Mercier il y a 10 ans. On retiendra surtout que Saint-Hyacinthe n’a rien fait de spécial pour réparer ses dégâts. Bon, peut-être qu’un ensemencement pourrait faire plus de mal qu’autre chose dans un milieu fragilisé, mais entre faire un ensemencement massif et rien du tout, il y a un pas. Pourquoi ne pas créer une bourse annuelle pour soutenir une initiative citoyenne, que ce soit un ensemencement printanier, l’aménagement de frayères ou de bandes riveraines ou le nettoyage des berges à grande échelle? Il faut croire que n’est pas non plus dans la culture municipale d’avoir des idées et le sens des responsabilités.

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