27 janvier 2022 - 07:00
Pour l’amour du drum
Par: Maxime Prévost Durand
Après une carrière des plus diversifiées, le Maskoutain Nicolas Quintal a posé ses cymbales dans le quartier La Providence où il vient d’ouvrir la Drumathèque. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Après une carrière des plus diversifiées, le Maskoutain Nicolas Quintal a posé ses cymbales dans le quartier La Providence où il vient d’ouvrir la Drumathèque. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Le Maskoutain Nicolas Quintal a eu une vie un peu folle jusqu’ici. En tant que musicien, il a participé dans les années 1990 à des tournées d’envergure avec Econoline Crush en première partie de groupes comme Kiss, Green Day et Foo Fighters. De retour à Saint-Hyacinthe depuis deux ans, après quelques autres détours, il réalise une autre folie en ouvrant la Drumathèque, un repère pour les amateurs de batterie, comme lui.

À mi-chemin entre une école de musique spécialisée en batterie et un local de pratique, la Drumathèque a été pensée comme un endroit où l’objectif premier est d’avoir du plaisir autour de l’instrument. Pas besoin d’être un virtuose pour y aller, bien que ceux qui le sont y soient aussi les bienvenus.

« Ici, il n’y a pas de fausse note et il n’y a pas d’erreur. Il y a juste du fun », lance Nicolas Quintal en entrevue avec LE COURRIER.

Même s’il a une feuille de route impressionnante, c’est sans prétention que l’homme dans la cinquantaine a donné vie à la Drumathèque.

« Je l’ai fait d’abord pour moi. C’est un peu comme mon salon personnel », soutient-il à propos de cet espace qu’il a aménagé dans une bâtisse de l’avenue Bourdages Sud, dans le secteur La Providence, où d’autres groupes y ont leur local de pratique.

Ses deux passions y sont réunies, soit le vinyle – il y en a tout un mur – et la batterie. Bien que l’espace soit plutôt restreint, trois batteries y prennent place, dont le « spaceship », une immense batterie hybride qui s’avère être un véritable terrain de jeu pour un musicien. On y trouve aussi une batterie plus standard, élevée sur une « scène », puis une autre, plus petite, prend place au sol.

Tant qu’à créer cet espace, Nicolas Quintal a voulu en faire profiter à d’autres. Pourtant, il n’avait jamais envisagé de devenir professeur de batterie, malgré ses connaissances et son expérience dans le domaine.

« C’est grave de penser comme ça, mais je me disais : il n’y a pas de métier, alors pourquoi j’enseignerais ça? Oui, j’ai été chanceux, j’ai eu une carrière, mais les gens qui vont en faire un métier, c’est rare. Par contre, je me suis dit que je pourrais peut-être amener le monde à rêver. Surtout que c’est important de rêver en ce moment. »

Depuis qu’il a ouvert ses portes, en janvier, déjà une vingtaine de personnes suivent des cours privés – permis par les mesures sanitaires – avec lui. Le plus jeune a 3 ans et on y trouve des gens jusque dans la cinquantaine. Ceux qui veulent simplement jouer pour le plaisir y trouvent leur compte, tout autant que ceux qui souhaitent se développer comme musicien, indique-t-il.

« Ce qu’on fait ici, c’est de l’expérimentation. L’important, c’est de se comparer à soi-même », souligne-t-il, expliquant préférer une approche de mentorat plutôt que celle d’une relation élève/prof.

Un parcours au rythme effréné

Baignant depuis toujours dans la musique, alors que son père était le gérant du groupe Les Aristots, Nicolas Quintal a lui-même commencé à suivre des cours de batterie très jeune à l’école de musique Victor Martin. Il est devenu un véritable passionné de son instrument et a commencé à obtenir ses premiers contrats dès l’adolescence. Après avoir poursuivi ses études en percussion classique au Cégep de Drummondville, il a traversé le pays pour s’établir à Vancouver, où sa carrière a pris son envol.

C’est surtout avec le groupe rock Econoline Crush, dont il a fait partie pendant quelques années, que le Maskoutain a vécu ses expériences musicales les plus folles. La formation a notamment été appelée à se produire en première partie de Kiss, ce qui lui a permis, entre autres, de monter sur la mythique scène du Madison Square Garden. Durant cette même période, Nicolas Quintal a également foulé les mêmes planches que Green Day, Foo Fighters et The Tea Party.

En tant que batteur, le Maskoutain a aussi participé à des projets d’enregistrement studio aux côtés de France d’Amour, de Kevin Parent et de Nicola Ciccone, notamment.

Au début des années 2000, il accrochait ses baguettes pour se tourner vers le développement d’artistes avec une agence de Toronto qui a notamment propulsé les carrières de Billy Talent, Three Days Grace et Alexisonfire.

Il a ensuite été recruté par le Cirque du Soleil pour devenir l’assistant personnel de Guy Laliberté, une expérience qui lui a fait vivre des moments – on s’en doute bien – invraisemblables.

« C’est une sphère de la société qui vit sur un autre diapason. Il ne faut pas que tu penses que c’est ta vie. Tu es juste une mouche sur le mur », image-t-il en reprenant l’expression anglaise pour décrire cette période de sa vie.

Au tournant de la quarantaine, il a fait un virage à 180 degrés en s’inscrivant en cuisine à l’Institut de tourisme et d’hôtellerie du Québec. Cela l’a amené, dit-il, à continuer à faire ressortir son côté artistique, mais d’une manière différente.

La vie l’a ensuite ramené à Saint- Hyacinthe pour se rapprocher de ses parents. À travers la Drumathèque, un projet qu’il a élaboré durant la pandémie, il renoue du même coup avec son premier amour : la batterie.

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