En tant que maire de Saint-Hyacinthe – ou, selon vos termes, « maire de campagne » –, je me permets de rappeler que ce dossier dépasse largement les frontières de la métropole. Il touche de nombreuses entreprises de transformation alimentaire, plusieurs étant établies en région – notamment à Saint-Hyacinthe – et dépendant directement des services d’équarrissage. Pour rappel, Sanimax récupère et valorise chaque année plus de deux millions de tonnes de matières premières, une activité qui émet cinq fois moins de gaz à effet de serre que l’enfouissement.
Il est donc tout à fait légitime que je m’inquiète publiquement des conséquences d’un blocage prolongé, comme l’ont également fait d’autres acteurs majeurs du secteur, dont Olymel.
Vous prétendez que ma position serait influencée par des lobbyistes ou que je prendrais le parti des « pollueurs ». Je vous rassure : mon intervention s’inscrit dans une volonté sincère de contribuer à la recherche d’une solution équilibrée dans un dossier complexe, où les enjeux environnementaux, économiques et sociaux doivent être considérés avec sérieux et responsabilité.
J’invite les lecteurs à faire preuve de discernement. Ce n’est ni en réduisant les enjeux à des affrontements entre administrations ni en caricaturant les élus qui s’expriment qu’on arrivera à faire progresser ce dossier. Tous les acteurs concernés méritent d’être entendus. Et c’est précisément parce que la situation appelle une réponse concertée et à la hauteur des défis qu’elle pose que j’ai interpellé le gouvernement du Québec.
Quant à votre conclusion, selon laquelle on saurait désormais « à quelle enseigne loge notre maire », je me permets de vous retourner la réflexion. Peut-être vaut-il mieux loger à l’enseigne de ceux qui cherchent des solutions et qui invitent à la concertation que de ceux qui préfèrent ridiculiser les voix divergentes.
Respectueusement,
André Beauregard, maire de Saint-Hyacinthe
Notre réplique
Cher André,
Tu ne seras certes pas étonné de lire que je persiste et signe : de quoi te mêles-tu? Pour quelqu’un qui écrit chercher une issue constructive au dossier Sanimax, tu fais étonnement preuve d’un malhabile parti pris.
Je ne suis pas convaincu que c’est en accusant publiquement, comme tu l’as fait, la Ville de Montréal de tenir en otage toute l’industrie agroalimentaire du Québec et de compromettre l’économie de toutes les régions du Québec que tu as pu contribuer à élever le débat et inviter à la concertation.
J’ai effectivement prétendu en éditorial que ta sortie avait été influencée par des lobbyistes du cabinet National. Tu me l’as d’ailleurs confirmé avant de me faire parvenir toi-même la lettre que tu as cru bon adresser au premier ministre.
Enfin, si c’est à moi que tu fais allusion en parlant de ceux qui préfèrent ridiculiser les voix divergentes, rassure-toi, je ne me sens aucunement visé. Tu n’as pas été une voix divergente dans ce dossier André, même pas proche.
Tu as été et demeures le porte-voix, voire l’instrument, d’un puissant lobby.
Martin Bouarssa, éditorialiste