21 avril 2022 - 07:00
Relance du centre-ville de Saint-Hyacinthe
Prêcher pour sa paroisse
Par: Le Courrier
Martin Bourrassa

Martin Bourrassa


Oui, je vais prêcher pour ma paroisse. Ce n’est pas la première fois. Cela va peut-être en surprendre plusieurs, mais j’ai un amour profond pour la ville de Saint-Hyacinthe et ses institutions. À commencer bien sûr par ce journal auquel je me donne corps et âme depuis plus de 25 ans. J’ai aussi un préjugé favorable envers tout ce qui est maskoutain. Il ne passe pas une semaine sans que ce journal témoigne de nos réussites individuelles ou collectives.

Il est important de reconnaître et de saluer les bons coups, de mettre en lumière le talent local, de le soutenir et de l’encourager. Et aussi de le favoriser.

Tout comme mon employeur, DBC Communications, je n’ai pas eu besoin qu’on me rappelle tout au long de la pandémie l’importance de favoriser l’achat local et de soutenir les commerces et les services de chez nous. Il y a longtemps que j’ai acquis ce réflexe. Saint-Hyacinthe d’abord, aussi souvent que possible. Je vois mes dépenses locales comme un investissement, un vase communicant. Je t’encourage, tu m’encourages.

Cette philosophie a bien servi le journal jusqu’ici, comme en fait foi l’atteinte de notre 170 anniversaire de fondation. Il semble pourtant que le réflexe de favoriser les commerces, les entreprises et les créateurs de chez nous ne soit pas un automatisme pour tout le monde.

Permettez que je vous partage ma déception, pour ne pas dire ma frustration, à l’idée qu’une entreprise de Beloeil ait été choisie par la SDC centre-ville pour orchestrer la campagne publicitaire de 300 000 $ qui donnera le go à la relance de notre centre-ville.

Avant même de savoir que ce mandat avait été octroyé à l’extérieur, je dois avouer que j’avais déjà eu la nausée à la seule lecture du communiqué de presse officiel de la Ville de Saint-Hyacinthe exposant les grandes lignes de cette campagne : « Diffusée à grande échelle et regroupée sous une identité visuelle forte, cette campagne promotionnelle visera à faire rayonner le centre-ville sur les réseaux sociaux, sur les panneaux d’affichage et sur le web. »

Excusez pardon, mais j’aurais aimé y lire qu’elle fera aussi rayonner le centre-ville dans les médias locaux et régionaux ainsi que leurs sites web respectifs. D’autant plus que c’est un journaliste du COURRIER, et non de Facebook ou d’Instagram, que la Ville de Saint-Hyacinthe et la SDC centre-ville avaient convié à cette conférence de presse. Un journaliste salarié d’une entreprise de communication locale qui est un membre important de la SDC centre-ville et qui dépense une bonne partie de son salaire dans les commerces des environs, contrairement aux employés de Facebook qui n’en ont rien à branler. On me dira peut-être qu’une part de gâteau de 300 000 $ ira forcément aux médias régionaux qui desservent le public cible du centre-ville, qui va de la MRC des Maskoutains aux MRC d’Acton et Pierre-de-Saurel en passant par la MRC de la Vallée-du-Richelieu, et que c’était inutile de le préciser. Sauf que j’ai appris à me méfier de ce qui va de soi et qui n’est pas nommé dans les communiqués de presse. Le choix délibéré d’une entreprise de Beloeil pour élaborer la campagne publicitaire a bien failli m’achever.

Je n’ai absolument rien contre la firme retenue. Elle est sûrement très compétente. Mais j’ai bien du mal à accepter le fait qu’on n’a pas trouvé une ou deux firmes capables d’en faire autant à Saint-Hyacinthe. D’autant plus qu’on avait toute la latitude requise pour les favoriser puisque la SDC a invité et sollicité elle-même des entreprises pour ce mandat, mais pas DBC Communications. Elle aurait même pu inciter deux ou trois entreprises locales à unir leurs forces pour ce mandat spécifique, ce qui aurait contribué à maximiser les retombées. Mais non, la SDC va diriger son budget à Beloeil et en faire profiter largement aux géants du web, en prenant peut-être soin de saupoudrer quelques dollars localement pour sauver les apparences. Tout cela avec la bénédiction de la Ville de Saint-Hyacinthe, de Saint-Hyacinthe Technopole et le silence de la Chambre de commerce qui vous font la morale avec l’achat local et l’importance de soutenir les commerces d’ici. Wow…

À la place de la députée caquiste Chantal Soucy, j’aurais un malaise certain à l’idée de savoir que les 300 000 $ versés par mon gouvernement profiteront largement aux géants du web, à des entreprises d’affichage et à une entreprise de marketing qui n’ont aucune racine dans mon propre comté. Assez gênant merci.

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