16 février 2023 - 07:00
Prioriser les plus appauvris par l’inflation
Par: Le Courrier
Au gouvernement du Québec, l’inflation est reconnue comme un problème, et une récession appréhendée apportera davantage de conséquences néfastes à ceux et celles qui avaient déjà un faible revenu. Rappelons que les coûts pour les hypothèques, les loyers, l’essence et l’épicerie sont beaucoup trop élevés pour les capacités financières de plusieurs. La hausse du salaire minimum à 15,25 $ ne changera pas grand-chose pour y faire face.

L’un des signes importants indiquant que nous nous orientons vers un problème économique majeur est l’augmentation de 9,5 % des dossiers d’insolvabilité pour la période de novembre 2021 à novembre 2022 (TVA nouvelles, 16 janvier 2023). Malheureusement, un trop grand nombre de personnes tombe dans le déni en faisant appel au crédit, ce qui a pour effet de remettre à plus tard une plus grande incapacité de rembourser leur dette. La dette non hypothécaire moyenne des consommateurs est, selon Equifax, de 21 188 $, un niveau jamais vu depuis le premier trimestre de 2020 (La Presse canadienne, 2 novembre 2022).

Tout le monde est touché par cette inflation, mais nous devons convenir que les répercussions au quotidien ne sont pas les mêmes pour tous. Il n’est pas certain que cela soit bien compris par plusieurs politiciens de la CAQ qui ont pourtant les deux mains sur le volant. Pourquoi avoir distribué à tous des chèques au lieu de prioriser une aide plus substantielle aux personnes à faible revenu? Serait-ce des motifs électoraux? Nous pouvons le penser, car cela a été sûrement débattu préalablement, entre eux, avant cette prise de décision.

Le gouvernement au pouvoir, les partis politiques comme tous les citoyens et citoyennes se doivent d’être attentifs aux conséquences concrètes de l’augmentation du coût de la vie auprès de ceux et celles qui avaient déjà de très faibles revenus dans notre société. C’est fondamental si nous souhaitons être une société juste et respectable. La situation est grave et alarmante lorsqu’il y a plus de 2,2 millions de demandes d’aide alimentaire chaque mois. Pour Martin Munger, directeur général de Banques alimentaires du Québec, c’est une augmentation de 20 % depuis 2021. Ces personnes sont de plus en plus de travailleurs et travailleuses qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts.

C’est scandaleux de constater qu’on ne peut pas, au Québec, nourrir convenablement ses enfants même si on travaille. Plusieurs aînés aussi doivent choisir entre se nourrir ou se priver de médicaments. Pourquoi alors ne pas intervenir rapidement pour leur apporter un soutien significatif afin de mieux répondre aux demandes d’aide?

Il y a également des hausses importantes et inacceptables de loyer qui conduisent à un grand appauvrissement. Au lieu de distribuer des chèques à tout vent, venons-leur en aide rapidement avec la construction de logements au coût réellement abordable. Le gouvernement, comme l’ensemble de la population, est invité à prioriser dans les choix politiques ceux et celles qui sont les plus appauvris par l’inflation. Pour entendre les « cris » de souffrance dans la population, écoutons le mouvement communautaire qui est l’un des haut-parleurs importants.

Jean-Paul St-Amand, Saint-Hyacinthe

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