« C’était l’endroit où mon père amenait ses vaches au pacage à l’époque. Quand papa a vendu le troupeau, c’est devenu notre lieu informel, à mes sœurs et moi, pour nous ressourcer et prendre des marches. Quand les gens pensent que le terrain n’appartient à personne, et donc à tout le monde, ça cause des problèmes. Il y avait du vandalisme, des pistes de VTT, des feux et des déchets dans le ruisseau », raconte Céline Lussier-Cadieux, présidente du Boisé des Douze
Elle s’est retrouvée à l’hôtel de ville de Saint-Hyacinthe afin d’obtenir des informations sur les différents propriétaires des terrains qui composaient le boisé. Les lots appartenaient à la Ville, à deux agriculteurs et à des entreprises industrielles, en plus de celui de son père. Mme Lussier-Cadieux a obtenu des droits de passage de ces propriétaires. Afin de dissuader les vandales, elle a fait installer des pancartes « boisé protégé ». « Ç’a eu beaucoup d’effet, mais, au fond, ce n’était protégé que par moi! », se rappelle-t-elle.
Ce n’étaient que les balbutiements du Boisé des Douze. Enseignante durant l’année scolaire, elle ne pouvait nettoyer et entretenir le boisé que durant l’été. C’est donc en 1998 qu’elle a recruté des alliés pour mettre sur pied un organisme à but non lucratif. Elle a aussi convaincu les propriétaires de signer des ententes de conservation perpétuelle.
« Bien avant d’avoir un boisé, je rêvais d’avoir un grand jardin où je pouvais accueillir des gens, mais sans ouvrage. Faites attention à ce que vous souhaitez! », ajoute Mme Lussier-Cadieux.
Protéger à tout prix
Mme Lussier-Cadieux reconnaît que sa naïveté lui a permis à quelques reprises d’accomplir de grandes choses. En 1997, elle a réussi à mobiliser près de 400 personnes afin de planter 7200 arbres sur un terrain qui appartenait à la Ville.
« Mais la Ville voulait y mettre un dépôt à neige. Je ne savais pas que je n’avais pas le droit. Ils m’ont laissé faire finalement. J’avais l’audace de la personne qui ne sait pas », dit-elle en riant.
Une autre grande plantation s’est déroulée en 1999 quand l’organisme a planté près de 6500 arbres. « C’est un peu l’arche de Noé de Saint-Hyacinthe. On garde des arbres qu’on ne peut plus avoir ailleurs à Saint-Hyacinthe, comme les peupliers », poursuit-elle.
Le Boisé des Douze s’étend sur 19 hectares et comprend 2,5 km de sentiers. Des patrouilleurs s’y promènent à raison de 75 minutes en semaine et 150 minutes la fin de semaine. On compte une employée depuis 2020 et une multitude de bénévoles qui y consacrent près de 5000 heures par année. Enseignante de métier, Mme Lussier-Cadieux a créé un lien naturel avec des écoles secondaires et primaires de la région. Des centaines d’élèves viennent apprendre au Boisé chaque année en y observant la faune et la flore.
Le député de Saint-Hyacinthe–Bagot, Simon-Pierre Savard-Tremblay, a remis un certificat honorifique à la présidente du Boisé des Douze afin de souligner le 25e anniversaire.