Les puits de gaz de schiste forés dans le rang Salvail Sud à La Présentation avaient suscité beaucoup de mécontentement au sein des citoyens. Maryse Méthot se remémore le calvaire qu’elle a vécu en 2009 lorsque les puits ont été forés du jour au lendemain à 350 mètres devant sa maison.
« Ils ont commencé à faire des radiographies du sol, puis un matin, tout est arrivé d’un coup. Il y avait de la machinerie, beaucoup d’éclairage, du bruit 24 heures par jour et une immense flamme de gaz. Ça a duré un été de temps. C’était l’enfer. Nous avons dû rénover la maison et changer la chambre à coucher de place puisque nous étions incapables de dormir avec tout ce vacarme. Nous avions déménagé en campagne pour avoir la tranquillité et nous nous retrouvions dans un endroit plus bruyant que la ville », indique-t-elle.
Des présidents de l’entreprise qui exploitait les gaz, Pacific Cambriam Energy, étaient venus la rencontrer chez elle pour constater les conséquences de l’exploitation. Ils ont offert de lui acheter une thermopompe afin qu’elle n’ait plus à ouvrir ses fenêtres, ce qu’elle a refusé.
D’après Mme Méthot, personne n’est venu voir le puits depuis deux ans.
« Le projet de loi est encourageant, mais il y a toujours des inquiétudes. Nous ne savons pas si le sol peut s’affaisser ou si tout cela peut exploser. Nous avons constaté qu’un coin de notre garage s’est affaissé de quelques pouces. J’ai été diagnostiquée de la maladie auto-immune du tissu conjonctif. Nous ne saurons jamais si ça a un rapport avec les puits, mais c’est une drôle de coïncidence », poursuit-elle.
Des incertitudes face au projet de loi
Le Comité des citoyens et citoyennes pour la protection de l’environnement maskoutain (CCCPEM) lutte notamment contre les hydrocarbures depuis 12 ans et les étudie.
« Après tant d’années, je suis très heureux de ce projet de loi. C’est une récompense pour les citoyens qui ont milité pendant plusieurs années. J’ai cependant trois bémols. Les compagnies vont exiger des compensations financières malgré le fait qu’elles ont acquis les droits à un prix dérisoire. Les puits fracturés sont problématiques pour l’avenir, car ils laisseront s’écouler du méthane et d’autres produits chimiques pendant des milliers d’années. Est-ce que les compagnies nous refileront la facture pour réparer et entretenir ces puits de façon définitive? Plusieurs aspects m’inquiètent », souligne Gérard Montpetit, membre du CCCPEM.
Les coûts des compensations et de l’aide à la réhabilitation sont estimés à un peu moins de 100 M$, selon le ministre de l’Énergie et des Ressources naturelles, Jonathan Julien. Il prévoit que 33 M$ serviront à couvrir 75 % des coûts estimés pour la restauration des sites de l’ensemble des puits sur le territoire du Québec et que le reste servira à rembourser les frais de licences ainsi que les frais d’exploitation qui ont été encourus au cours des dernières années.
La MRC des Maskoutains compte sept puits modernes qui pourraient faire l’objet d’une fermeture, soit à un Saint-Louis, deux à La Présentation, un à Saint-Barnabé-Sud, un à Saint-Simon et deux à Saint-Hyacinthe.
D’après les données de la carte interactive des hydrocarbures d’Énergie et Ressources naturelles Québec, un total de 23 puits auraient été forés entre 1910 et 2010, soit cinq à Saint-Barnabé-Sud, un à Saint-Jude, sept à Saint-Hyacinthe, trois à La Présentation, un à Sainte-Marie- Madeleine, deux à Saint-Simon, un à Saint-Hugues, un à Sainte-Hélène-de-Bagot, un à Saint-Valérien-de-Milton et un à Saint-Louis. La majorité d’entre eux sont non localisables.
Le projet de loi 21 sur les hydrocarbures a fait l’objet de consultations en commissions parlementaires les 22, 23 et 24 février. Si ce projet de loi passe, le Québec serait le premier État en Amérique du Nord à interdire l’exploitation et l’exploration des hydrocarbures sur son territoire. Selon le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles, il y a 182 licences d’exploration en vigueur au Québec. Quelque 62 puits devront être réhabilités.