Je sais, je suis loin d’être politiquement correct en disant cela. La voiture pollue, consomme trop de carburant, fait un ronron qui pourrait même déranger les voisins. Ce qui est totalement exact. Mais comme conducteur, le Dodge Challenger SRT 392 demeure une de mes voitures préférées, rien de moins.
Il faut dire que peut-être est-ce que je trahis mon âge, mais j’apprécie le côté nostalgique de la silhouette, marié au modernisme de l’assemblage et de la mécanique. On ne s’attend pas d’un « muscle car » à ce qu’il ait une allure un peu trop léchée et gentille, trop européenne. On aime son allure de mauvais garçon.
De ce point de vue, le Dodge Challenger remporte la palme. On a su lui préserver la partie avant quasi identique à l’originale, avec ses phares ronds et son capot qui s’étire durant de longs centimètres. Parce que notre version d’essai était la STR 392, elle était aussi dotée d’une entrée d’air sur le capot qui lui donnait une allure encore plus étonnante.
Enfin, la ligne de toit de cet immense coupé se prolonge vers l’arrière avec agressivité, pour se terminer sur un coffre aux dimensions impressionnantes et au style tout aussi vieillot que le reste. C’est justement ce côté vieillot qui nous plait.
Bête méchante
Même si, avec le Challenger SRT, on s’arrête essentiellement au moteur (normal me direz-vous quand on abrite un V8 6,4 litres de 485 chevaux sous le capot), mais il y a beaucoup plus à découvrir. La boite de vitesse par exemple, une manuelle 6 rapports qui permet des rapports courts, bien qu’un peu spongieux, totalement à l’image de l’ancienne version.
Les suspensions, que l’on a parfois la sensation de ressentir trop molles, deviennent rapidement plus rigides quand on joue avec les différents modes de conduite. Car, en bonne voiture SRT, le Challenger propose des pages SRT qui permettent de modifier les composantes de conduite pour les rendre, disons-le, plus stimulantes.
En termes simples, on peut ajuster la direction, la suspension et la traction en mode régulier, sport ou course, pour tirer le maximum de la bête. On peut aussi utiliser le « Launch control » et en régler le compte-tour pour s’assurer d’un départ fusée. Le résultat : un 0-100 kilomètres à l’heure en à peine 4,5 secondes, et beaucoup, beaucoup de sensations de conduite. Un peu aussi de perte de traction, d’autant que la voiture est une propulsion aux pneus très larges, et que les frais matins automnaux ont un peu tendance à diminuer l’adhérence.
En fait, pour être totalement franc, même en sortant de ma propre cour, j’ai dû peser avec parcimonie sur l’accélérateur pour ne pas effectuer un petit dérapage surprise.
Voiture de tous les jours
Avec autant de puissance, je vous entends d’ici me dire que vous n’utiliseriez jamais cette voiture pour votre usage quotidien. Détrompez-vous. Elle est spacieuse, et même les places arrière peuvent recevoir des passagers dans un confort relatif, si ce n’était d’y accéder, ce qui s’avère parfois difficile (rappelons que le Dodge Challenger est un deux portes).
La finition est à la hauteur, le système multimédia UConnect est toujours un des meilleurs sur le marché et la visibilité est bonne. Bref, à faible régime, la voiture se conduit sans anicroche et avec un certain bonheur. Même l’espace de chargement est abondant et facilement accessible en raison de sa vaste embouchure.
Alors, presque parfait le Dodge Challenger? Non, loin de là. Il est un vrai muscle car, avec le compromis à faire sur le tangage abondant et sur ses imposantes dimensions. Mais je l’avoue, de tous les muscle car, il est mon préféré. Ne serait-ce que pour entendre ronronner son moteur!