2 février 2023 - 07:00
Que pouvons-nous faire pour qu’une mort indigne n’arrive plus?
Par: Le Courrier
Le 18 janvier dernier, mon oncle Denis est décédé à l’Hôpital Honoré-Mercier de Saint-Hyacinthe. Il était atteint d’amiantose et de polyarthrite rhumatoïde qui le faisaient souffrir depuis des années. Mon oncle était farceur et bon vivant. Malheureusement, ses derniers jours n’ont pas été à l’image de l’homme et il n’est pas mort dans la dignité. Laissez-moi vous raconter son histoire.

Denis a été trouvé chez lui en souffrance, semi-conscient le vendredi 13 janvier au matin. Il est conduit à l’hôpital en ambulance. Installé sur une civière dans un corridor d’urgence débordée, on lui diagnostique une pneumonie. Le samedi matin 14 janvier, toujours dans le corridor de l’urgence, Denis est plus éveillé, il refuse les soins et demande les soins de confort. Avec ses antécédents, il savait que la fin était proche. On lui dit qu’il aura droit à de bons soins et à une chambre privée.

Il attend sa chambre patiemment, toutefois, son séjour à l’urgence s’éternise. Ne voyant pas l’extérieur, n’ayant aucun repère du jour ou de la nuit, avec l’infection, Denis fait un délire qui le rend très anxieux : il veut quitter l’hôpital, il veut arracher sa sonde… Ce n’est qu’après plus de 80 heures à l’urgence qu’il est transféré dans une chambre double, soit le soir du lundi 16 janvier. Toujours en délire, cette nuit-là, mon oncle tombe et se fracture la hanche droite…

Le mardi matin 17 janvier, souffrant encore plus, mais revenu à lui, il demande l’aide médicale à mourir. Le document officiel est rempli avec l’infirmière, mais aucun médecin n’a donné suite. On nous dit qu’il peut y avoir jusqu’à une semaine de délai.

En plus de cinq jours, personne n’est venu le nettoyer, il n’a pas eu de chambre privée ni le matelas thérapeutique promis. Il est parti dans la souffrance et la confusion le soir du 18 janvier 2023.

J’écris cette lettre non pas pour avoir des excuses comme les gens connus ont… J’écris pour que les choses changent. Il faut changer l’approche globale des soins de fin de vie. Est-ce normal qu’une personne en fin de vie passe quatre jours sur une civière à l’urgence?

Est-ce normal qu’une personne en fin de vie se fasse refuser l’accès aux unités de soins palliatifs parce qu’elle n’a pas le cancer?

Est-ce normal que le délai pour une demande d’aide médicale à mourir soit aussi long?

Mon oncle Denis n’était pas juste un autre « vieux chialeux » avec une famille exigeante. Mon oncle Denis était en train de MOURIR. Pourquoi le personnel soignant n’a-t-il pas compris cela?

Voudriez-vous mourir de cette façon?

Denis est parti et ne reviendra pas. Mais que pouvons-nous faire pour qu’une mort indigne n’arrive plus?

Alix Gauthier Loiselle, Notre-Dame-du-Mont-Carmel

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