11 juin 2020 - 14:29
À l’ère de la COVID-19
Quel avenir pour les salles de réception?
Par: Olivier Dénommée
Johanne Dufresne, propriétaire de la Salle Théâtre La Scène, attend impatiemment des nouvelles des autorités gouvernementales quant aux modalités dans lesquelles elle pourra rouvrir en toute sécurité. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Johanne Dufresne, propriétaire de la Salle Théâtre La Scène, attend impatiemment des nouvelles des autorités gouvernementales quant aux modalités dans lesquelles elle pourra rouvrir en toute sécurité. Photo Robert Gosselin | Le Courrier ©

Jean-Pierre Bergeron, copropriétaire de la salle Chez Jacques, se demande quand il pourra de nouveau organiser des soirées de danse qui attirent souvent plus de 200 personnes. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Jean-Pierre Bergeron, copropriétaire de la salle Chez Jacques, se demande quand il pourra de nouveau organiser des soirées de danse qui attirent souvent plus de 200 personnes. Photo François Larivière | Le Courrier ©

La pandémie de COVID-19 a convaincu les propriétaires du Pavillon de l’érable de miser sur le prêt-à-manger dans leur local situé sur la rue Dessaulles à Saint-Hyacinthe. Une décision qui leur sourit pour le moment. Sur la photo, on reconnaît les copropriétaires Michel Hénault et Lorraine Bousquet. Absents : Sylvain Pelletier et André Trépanier.  Photo François Larivière | Le Courrier ©

La pandémie de COVID-19 a convaincu les propriétaires du Pavillon de l’érable de miser sur le prêt-à-manger dans leur local situé sur la rue Dessaulles à Saint-Hyacinthe. Une décision qui leur sourit pour le moment. Sur la photo, on reconnaît les copropriétaires Michel Hénault et Lorraine Bousquet. Absents : Sylvain Pelletier et André Trépanier. Photo François Larivière | Le Courrier ©

Alors que le Québec se déconfine petit à petit après s’être mis sur pause pour combattre la pandémie de COVID-19, il reste encore un gros point d’interrogation du côté des salles de réception qui n’ont toujours aucune idée de quand ni comment elles pourront recommencer à accueillir des groupes de plusieurs dizaines de personnes dans une même pièce. Les annonces gouvernementales se font toujours attendre.

Les mesures de confinement de la mi-mars ont coupé court à la saison des sucres qui venait à peine de débuter, un dur coup pour certaines salles qui misent normalement sur cet achalandage printanier. « Quand le gouvernement a coupé l’accès aux cabanes à sucre, on a décidé d’écouler nos stocks en installant un comptoir take-out qu’on a tenu jusqu’à Pâques. Mais malgré ça, on a perdu une grosse source de revenus et on n’a pas servi le quart des gens qu’on aurait pu servir en temps normal », soutient Michaël Bazinet, copropriétaire du Domaine de l’érable dans le secteur Sainte-Rosalie.

Le Pavillon de l’érable de Saint-Jude a aussi été affecté par l’annulation du temps des sucres, mais a pu compenser en misant sur les commandes pour emporter au restaurant et sur un de ses camions de rue. Les quatre partenaires ont aussi pris le temps de concrétiser un projet qu’ils avaient depuis quelques années.

« Nous sommes propriétaires de la bâtisse de l’ancien Ti-Père sur la rue Dessaulles à Saint-Hyacinthe depuis 3 ans et on voulait y installer un comptoir prêt-à-manger. Le projet était sur la glace depuis un moment, mais la glace a fondu! », lance Lorraine Bousquet, une des copropriétaires du Pavillon de l’érable. Comme les cuisines étaient déjà fonctionnelles, l’équipe n’a eu qu’à rénover le local à l’avant avant d’officiellement ouvrir les portes de Pavillon Service Traiteur en mai.

Une décision que l’équipe du Pavillon de l’érable est loin de regretter. « Une chance qu’on avait cette porte de sortie! On a eu droit à une très bonne réponse de la clientèle. Il faut dire que le pavillon de l’érable existe depuis 45 ans et qu’il a acquis une bonne réputation et de la notoriété au fil du temps, note Mme Bousquet. On ne pense pas qu’un nouveau commerce aurait pu ouvrir avec autant de succès dans le contexte actuel. »

À la salle Chez Jacques, à La Présentation, on mise aussi sur la formule des plats pour emporter en attendant de pouvoir reprendre du service. « On a toujours été très polyvalents dans notre offre de services, mais avec la pandémie, c’est 85 % de nos activités qui ont cessé d’un coup. En mars et avril, on a commencé à cuisiner et à vendre des plats surgelés, chose qu’on n’avait jamais faite avant, mais on a vu qu’il y avait une demande pour des plats simples et de qualité », affirme de son côté Jean-Pierre Bergeron, copropriétaire de la salle, qui croit que ce volet pourrait demeurer même une fois que la crise sera passée.

Cela a même permis à l’entreprise familiale, en activité depuis 60 ans, de se faire découvrir par une nouvelle clientèle. « Des gens nous découvrent ou nous redécouvrent et certains viennent de loin pour nos pizzas! », ajoute-t-il avec fierté.

Été tranquille en vue

Mais ce ne sont pas toutes les salles de réception qui sont capables d’offrir un service de restauration pour emporter en attendant de pouvoir rouvrir ses portes. Dans le cas de la Salle Théâtre La Scène, au centre-ville de Saint-Hyacinthe, toutes les activités sont complètement arrêtées alors que les factures continuent d’arriver.

« On commençait notre dixième année d’existence, et ça s’annonçait une très belle année. De la mi-avril à la fin décembre, toutes les fins de semaine étaient déjà réservées. Ça a été déstabilisant de devoir fermer du jour au lendemain. Et le plus difficile pour notre milieu est de n’avoir encore aucune idée de la date de réouverture », affirme de son côté la propriétaire Johanne Dufresne.

Mme Dufresne se dit optimiste de voir sous peu une annonce gouvernementale qui pourrait enfin donner une date et des balises pour que les salles de réception puissent reprendre leurs activités, même à capacité réduite. « La Scène aurait aisément la capacité pour accueillir de 50 à 75 personnes en respect avec les normes de distanciation, on n’attend que le feu vert! »

Mais les propriétaires à qui LE COURRIER a parlé semblent tous croire que leur saison estivale est déjà compromise. La plupart des mariages prévus cet été ont été reportés en 2021 et la majorité des grands rassemblements ont été annulés jusqu’à la fin de l’été. « On aurait dû avoir un gros mois de mai cette année, mais tout a été annulé. Quant aux mariages, presque tout a été reporté en 2021; il n’en reste que trois qui doivent avoir lieu un peu plus tard et qui attendent de voir comment se passe le déconfinement avant de décider si ça a lieu cette année », commente Michaël Bazinet. Selon lui, c’est l’annulation des festivals qui lui fera le plus mal financièrement.

Horizon 2021?

Le copropriétaire du Domaine de l’érable craint aussi que les dommages s’étendent bien au-delà de l’été et qu’ils affectent aussi les derniers mois de l’année. « On souhaite une reprise des activités, mais on est bien conscients que ça ne sera plus pareil avant un bon moment. Ce n’est pas sûr non plus que les partys de bureau vont se faire cette année. Je ne m’attends pas à pouvoir reprendre le même rythme avant le temps des sucres 2021. »

Johanne Dufresne croit quant à elle que c’est l’hypothétique deuxième vague de coronavirus qui décidera de quoi auront l’air les rassemblements permis cet automne. Elle compte aussi miser sur les captations vidéo, permises depuis peu, pour permettre à la Salle Théâtre La Scène de reprendre en partie ses activités en attendant de pouvoir accueillir davantage de gens.

Du côté de la salle Chez Jacques, Jean-Pierre Bergeron doute que ses soirées de danse où plus de 200 personnes se retrouvent sur le même plancher puissent revenir avant la création d’un vaccin. « On ne se le cachera pas, la clientèle qui danse est souvent plus âgée et donc à risque. Ça m’étonnerait beaucoup que ce volet puisse reprendre avant le printemps prochain. »

« On s’attend à une longue année pour le milieu de la restauration et des salles de réception, mais on attend les directives de la santé publique. En attendant, comme les petits rassemblements de 10 personnes sont maintenant permis, on serait en mesure d’accommoder ce type de demandes », lance Lorraine Bousquet du Pavillon de l’érable.

Si les quatre propriétaires de salles de réception joints par LE COURRIER ont assuré qu’ils seront toujours de la partie en 2021 malgré l’année difficile que plusieurs traversent, ils prédisent tous que la crise actuelle en poussera plusieurs à se poser de sérieuses questions sur leur avenir et que certains ne rouvriront jamais leurs portes.

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