Comme à peu près tous les éditorialistes du Québec, j’ai commenté la tragédie de Lac-Mégantic l’an dernier.
Comme à peu près tous les éditorialistes du Québec, je vais le faire un an plus tard par devoir de mémoire.Pour honorer la mémoire des innocentes victimes d’abord. Douze mois plus tard, force est de constater que le sinistre bilan s’est alourdi de façon exponentielle. Aux 47 victimes tuées dans les secondes et les minutes du déraillement et de l’explosion se sont ajoutées des centaines de victimes directes, indirectes et collatérales.Des proches endeuillés, des gens d’affaires qui doivent repartir de zéro ou même en deçà, une population traumatisée et prise en otage d’une petite ville à reconstruire. Il y a des choses que tous les fonds d’aide au monde, les programmes de relance et les gouvernements ne pourront jamais soulager ou remplacer.Quand je fais allusion à notre devoir de mémoire, je pense aussi à notre devoir collectif de garder vivant ce douloureux souvenir, question de voir à ce que les conditions qui ont permis ce terrible drame ne puissent plus jamais être réunies.À cet effet, il est permis de se demander si on a tiré les bonnes leçons de cette tragédie et dans quelle mesure ces enseignements ont été profitables.Au niveau des gouvernements et de la législation en vigueur, on retiendra surtout comme principale amélioration la décision d’Ottawa de forcer le retrait ou la modernisation des wagons-citernes DOT-111. Le gouvernement a haussé le ton, mais il a laissé à l’industrie ferroviaire trois ans pour se conformer.Pour les autres changements notables, la récolte est plutôt mince, même si on annonce pour bientôt le dépôt d’une série de recommandations pour éviter un autre Lac-Mégantic. Selon Radio-Canada, un comité de travail sur la sécurité ferroviaire et le transport des matières dangereuses formé d’intervenants des villes de Montréal et Québec, de l’Union des municipalités du Québec et de trois ministères serait sur le point d’accoucher d’une vingtaine de recommandations à l’intention de l’industrie, des gouvernements fédéral et provincial et des municipalités.On proposerait entre autres la création d’un Fonds d’assurance national pour les entreprises ferroviaires, de subventionner l’entretien des rails, de planifier le développement des villes en fonction du danger en balisant l’urbanisation près des voies ferrées et d’assurer un meilleur partage de l’information.À vue de nez, il y a des recommandations moins évidentes que d’autres à mettre en application, mais ça donne matière à réflexion, même localement à des centaines de kilomètres de Lac-Mégantic. À Saint-Hyacinthe, le mal semble plutôt fait en matière d’urbanisation près des voies ferrées, et ce, autant dans le secteur résidentiel qu’industriel dans le parc Théo-Phénix. Chez nous, tout ce qui a pu être développé en bordure de la voie ferrée l’a été depuis longtemps. On s’apprête même à revitaliser d’ici 2017, avec la bénédiction de la Ville et des fonds municipaux, le site de l’ancienne usine Goodyear. Cet argent ne servira pas à financer une étude d’impact ou de dangerosité, ni même à instaurer une zone tampon, mais il servira à élaborer un plan d’ensemble visant la densification du quartier dans une perspective de développement durable et de redynamisation de la zone urbaine! Ici, l’heure est à la densification les amis.Enfin, la Ville de Saint-Hyacinthe annonçait l’an dernier à pareille date qu’elle travaillait à l’élaboration d’un plan particulier d’intervention en cas de déraillement.Aux dernières nouvelles, nos pompiers prévoient organiser une simulation de déraillement en 2015, question de tester leurs procédures.Voilà certes une excellente initiative.