17 juillet 2014 - 00:00
MRC vs CLD
Qui porte les culottes?
Par: Martin Bourassa

En mars 2013, LE COURRIER a fait éclater ce qu’il est désormais convenu d’appeler le CLDGATE. En exposant publiquement les problèmes de gouvernance et de reddition de comptes du CLD Les Maskoutains, nous avons en quelque sorte cassé le party et sonné la fin de la récréation.

Plusieurs de nos révélations ont depuis été documentées et confirmées par des sources indépendantes, à savoir l’Institut sur la gouvernance d’organisations privées et publiques et Raymond Chabot Grant Thornton (RCGT). Malgré les mandats limités, elles ont relevé des anomalies et des situations de conflit d’intérêts.Sauf que 15 mois plus tard, on constate que rien n’a pratiquement changé, à part le directeur général du CLD qu’on s’apprête à remplacer. Pire, ce dossier continue d’embarrasser les milieux de la politique et des affaires maskoutaines.Et c’est loin d’être terminé puisque LE COURRIER et le CLD ont rendez-vous devant la Commission d’accès à l’information. Le CLD fait l’impossible pour nous empêcher de mettre la main sur le contrat de travail et les relevés de carte de crédit sans caviardage de l’ex-directeur général. Pendant que le CLD déplore l’acharnement du COURRIER, plusieurs observateurs se demandent plutôt ce qu’il cherche tant à cacher.Ce qui saute aux yeux pourtant depuis 15 mois, c’est le peu d’empressement du CLD à corriger ses lacunes et le manque total de leadership de la MRC, voire son aveuglement volontaire quand il est question du CLD. Lorsque la saga a débuté l’an dernier, le directeur général de la MRC, Gabriel Michaud, a tout de suite cherché à prendre ses distances et à minimiser le rôle de son organisme versus le CLD.« Au niveau de la reddition de comptes, notre rôle est de recevoir les rapports annuels et de les transmettre au Ministère. Sur tous les plans, notre rôle est celui d’une courroie de transmission », déclarait-il à notre journaliste en mai 2013. M. Michaud estimait qu’il revenait au Vérificateur général du Québec plutôt qu’à la MRC de mettre son nez dans les livres et les affaires nébuleuses du CLD. Or, la MRC s’est joyeusement fait ramener à l’ordre par Québec quelques mois plus tard quand le ministère des Finances et de l’Économie a forcé la MRC à commander une analyse externe pour clarifier la gouvernance du CLD et le partage des dépenses du CLD avec ses organismes apparentés. Cette analyse imposée au CLD par la courroie de transmission (!) a été réalisée par RCGT. Nous ne répèterons pas toutes les réserves que nous avions exprimées sur cette analyse, mais disons que nos récentes révélations sur la façon dont ce rapport a cheminé ne font que confirmer le caractère partial de l’opération. En laissant au CLD l’opportunité de lire et de faire modifier le rapport avant sa diffusion, la MRC a réduit à néant la crédibilité du document. C’est même loufoque de penser que pour faire corriger ce rapport, la directrice du CLD a écrit une lettre de quatre pages au préfet de la MRC, Francine Morin, qui occupe aussi la présidence du CLD.En laissant le CLD s’immiscer ainsi dans la rédaction du rapport final, il est permis de se demander quels intérêts servait réellement Mme Morin. Défendait-elle ceux du CLD ou ceux de la MRC? La question se pose aussi envers tous les maires qui siègent à la MRC et au CLD et qui ont permis que soit produite une version édulcorée du rapport qui a été remis au ministère des Finances et de l’Économie.Si la version préliminaire contenait des faits erronés ou une mauvaise lecture de la situation, la direction du CLD aurait eu tout le loisir d’apporter les nuances qui s’imposent après sa diffusion. Au lieu de ça, son intervention laisse présumer que les experts de RCGT ont tout compris de travers quand ils sont allés questionner le CLD ou qu’il s’est égaré lui-même dans ses propres contradictions et les méandres de son fonctionnement. C’est à se demander surtout qui porte les culottes à la MRC quand il est question du CLD : Nathalie Laberge, Francine Morin ou Gabriel Michaud?Le fameux « aucune de ces réponses » ne saurait être une option.

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