8 octobre 2020 - 13:51
Raphaël Girard à cœur ouvert
Par: Félix-Antoine Bourassa
Raphaël Girard, l’ancien gardien des Gaulois midget AAA et de la prestigieuse université Harvard, a plusieurs belles leçons de vie à partager, lui qui négocie actuellement son après-carrière. Photo Melissa Wade

Raphaël Girard, l’ancien gardien des Gaulois midget AAA et de la prestigieuse université Harvard, a plusieurs belles leçons de vie à partager, lui qui négocie actuellement son après-carrière. Photo Melissa Wade

Quand le rêve de la Ligue nationale s’éteint chez un joueur de hockey, cette fin de parcours marque le début d’un autre chapitre de vie : l’après-carrière. Poussé par la même détermination que dans sa carrière de hockeyeur, Raphaël Girard a parcouru plusieurs chemins différents pour trouver ce qu’il aimait vraiment.

Raphaël Girard est né le 24 janvier 1991 à Granby, où il a donné ses premiers coups de patin et commencé son hockey mineur. À sa deuxième année au secondaire, il s’amène au Collège Antoine-Girouard de Saint-Hyacinthe pour y poursuivre son cheminement au hockey dans la structure des Gaulois. À sa première année au niveau midget, le jeune gardien alors âgé de 15 ans intègre la formation du AAA. Il connaît alors une saison respectable, mais c’est à sa deuxième saison chez les Gaulois que le cerbère connaît, selon lui, sa meilleure saison en carrière.

Cette année-là, Girard fait la rencontre de son entraîneur des gardiens, Olivier Michaud, une rencontre qui changera le cours de sa carrière, dira-t-il. « Je crois qu’Olivier est l’une des principales raisons de mes succès cette saison-là. J’étais un gardien dans le même moule que lui, il a donc pu corriger mes lacunes et il est même resté mon entraîneur durant tout le reste de ma carrière. Je peux même dire qu’il est devenu plus un ami qu’un entraîneur à mes yeux », exprime Girard.

Du côté d’Olivier Michaud, ce dernier raconte que cette rencontre a aussi été spéciale pour lui. « Je me suis beaucoup vu en Raphaël, explique Michaud. J’ai développé un bon lien avec lui, ce qui m’a vraiment permis de travailler sur ses lacunes. C’était vraiment un gardien rapide! J’aimais le gardien, mais j’adorais surtout le kid qu’il était. »

Lors de cette saison 2007, Girard égale le record de Patrick Roy datant de la saison 1981 pour le nombre de victoires en saison régulière (27). Il prend part à 34 rencontres, un sommet dans l’histoire des Gaulois, en plus de maintenir une excellente moyenne de 1.81 et un taux d’efficacité de .926. Ces performances lui permettent de mettre la main sur le trophée Ken Dryden, remis au meilleur espoir chez les gardiens, et sur le trophée Mario Gosselin pour le moins de buts accordés en saison. Malgré cette saison incroyable, il se fait repêcher en 11e ronde seulement par les Sea Dogs de Saint John. Pourquoi? En raison de sa décision de poursuivre sa carrière dans les collèges américains, un chemin peu fréquenté à l’époque.

The American dream

Lors de la saison 2008, Girard poursuit son chemin vers les États-Unis, plus précisément à Northwood School, dans l’État de New York. Comme à sa première saison midget AAA, il connaît une saison « correcte » dans la USHS, ligue menant aux ligues universitaires. Mais à sa deuxième saison, il explose alors qu’il est devant la cage à 35 reprises et termine la saison avec une incroyable moyenne de buts alloués de 1.55.

Durant l’été 2009, Girard participe à un showcase en présence des recruteurs des universités américaines. C’est durant cette semaine-là que le talent de Girard tombe dans l’œil de la prestigieuse université Harvard. L’organisateur de l’événement était justement le frère de l’entraîneur-chef du club de hockey de Harvard, Ted Donato.

« Je savais que j’avais le potentiel pour évoluer avec une université américaine, mais jamais je n’aurais pensé rejoindre une école comme Harvard », affirme le sympathique gardien. C’est finalement à l’automne 2010 que Raphaël Girard rejoint Harvard et l’apprentissage est ardu pour le cerbère. « J’ai toujours été bon à l’école dans ma vie, mais sans avoir la meilleure éthique de travail, étant donné que je réussissais facilement. Mais quand tu rentres à Harvard, tu es avec la crème des étudiants, alors j’ai vraiment dû commencer à travailler très fort pour réussir mes cours, déclare Girard. J’avais des horaires très intenses pour jumeler études et hockey. Je commençais l’école le matin jusqu’en fin d’après-midi, après je sautais sur la patinoire en début de soirée et je retournais à l’école en soirée pour faire mes labos. Au final, je terminais ma journée d’école à 21 h, alors que je voulais d’abord jouer au hockey! »

La fin du rêve

Après quatre saisons à Harvard, le gardien de but ne se fera pas repêcher dans la Ligue nationale et jouera quelques matchs dans la East Coast Hockey League (ECHL). « Peu à peu, je voyais mon rêve se terminer et ce n’était pas facile à accepter. De belles histoires comme celles de Alex Belzile et Mike Condon, ça existe, mais c’est difficile d’atteindre la LNH quand tu évolues dans la ECHL. »

Girard ne met pas fin à sa carrière professionnelle et décide de s’envoler vers la France afin de jouer dans la Ligue Magnus. Après deux saisons chez nos cousins français et un court passage en Roumanie, il décide de rentrer au Québec et de prendre en main sa vie professionnelle. C’est alors que le gardien met en perspective sa carrière et commence à se remettre en question, une réalisation très dure pour l’homme alors âgé de 26 ans. C’est d’ailleurs un processus qu’il a décrit dernièrement sur les réseaux sociaux en participant au Afterword-Le projet, une initiative de son amie Cynthia Leblanc, afin de parler des autres côtés du sport. « J’ai participé pour aider mon amie dans son projet, mais j’ai finalement reçu énormément de réactions positives sur ma publication et de support. Je n’aurais jamais pensé que cela prendrait de telles proportions. »

Une Formule 1 sur les routes du Québec

Malgré les embûches, l’homme de 29 ans a adoré son expérience à Harvard, où il a obtenu un baccalauréat en littérature. « De retour au Québec, j’ai commencé un certificat en traduction à l’Université de Montréal, mais j’étais un peu indécis par rapport à mes études. Je suis donc allé sur le terrain, travailler pour une compagnie d’assurances pour de la traduction de textes. Mais c’est à force de travailler dans ce domaine que je me suis rendu compte que ce n’était pas ça que je voulais faire dans la vie. J’étais tout simplement incapable de me fixer des objectifs, comme je le faisais auparavant au hockey. » Girard comprend alors qu’il n’avait peut-être pas pris le bon chemin pour réussir professionnellement. « D’avoir un diplôme de Harvard, c’est comme si on te donne une Formule 1 dans les mains, mais quand ton diplôme n’est pas associé à quelque chose que tu veux vraiment faire, oui tu as une Formule 1, mais c’est comme si tu roulais sur les routes du Québec avec elle. Ce n’est aucunement adapté et tu ne peux pas l’utiliser à son plein potentiel. »

Afin de se trouver et de mettre ses idées claires, Raphaël a décidé d’aller voir une conseillère en orientation et une psychologue. « Le fait d’aller chercher de l’aide a souvent une connotation négative aux yeux des gens, mais ces rencontres m’ont vraiment permis de comprendre certains aspects de ma vie et de trouver ce que je voulais vraiment faire. J’avais l’idée première de faire un reset dans ma vie et ça m’a aidé à le faire. Je n’ai aucun regret à la suite de ce processus. »

La nouvelle vie de Raphaël

Girard a maintenant une autre décision à prendre dans l’immédiat alors qu’il hésite entre devenir pilote d’avion dans l’armée ou ingénieur mécanique. Il aura la chance d’évoluer dans ces domaines, étant donné qu’il aura un horaire lui permettant de s’enrôler dans l’armée, tout en restant aux études. Il continuera aussi de pratiquer sa passion pour le hockey dans la Ligue nord-américaine de Hockey pour le COOL-FM de Saint-Georges-de-Beauce, une ligue qu’il aime bien pour son bon calibre et son côté fraternel entre les joueurs. Questionné sur ce qu’il souhaite pour son futur, le chic gardien y est allé d’une simple phrase, mais qui signifie beaucoup : « Tout simplement faire ce que j’aime. »

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