2 mai 2024 - 03:00
Histoire d’ici
René Saint-Pierre, député provincial (1956-1966)
Par: Le Courrier
René Saint-Pierre en 1961. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH548 Raymond Bélanger, photographe

René Saint-Pierre en 1961. Photo Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe, Fonds CH548 Raymond Bélanger, photographe

Le 20 juin 1956, lors des élections générales, le comté de Saint-Hyacinthe est témoin d’un coup de théâtre. Le député de l’Union nationale, Jacques Bousquet, qui avait pourtant devancé son adversaire, Raoul Lassonde du Parti libéral, lors de l’élection partielle de l’année précédente, est défait par le candidat René Saint-Pierre, du même parti politique. Saint-Hyacinthe se retrouve alors dans l’opposition pour la première fois depuis douze ans.

René Saint-Pierre est né à Granby le 14 décembre 1899. Il est le fils de Philéas Saint-Pierre, marchand-tailleur, et de Sylvanie Girard. Il fait ses études classiques au collège Sacré-Cœur de Granby. Plus tard, il étudie la comptabilité bancaire à l’Université Queen’s à Kingston en Ontario. En 1917, il entre à l’emploi de la Banque Canadienne Nationale. Il travaillera dans plusieurs succursales de cette institution avant d’être nommé gérant à Belœil. En 1938, il épouse Thérèse Chapdelaine. Le couple aura neuf enfants.

En 1934, il s’associe à Dollard Aubin pour former la Yamaska Automobile Inc., puis la compagnie de tracteurs et de machines agricoles Aubin et Saint-Pierre à Saint-Hyacinthe. René Saint-Pierre est très impliqué dans sa communauté, principalement dans le domaine de l’éducation. Il sera, entre autres, en 1947, le président fondateur de la Fédération des Commissions scolaires du Québec.

À Saint-Hyacinthe, Saint-Pierre sera président de la commission scolaire de 1948 à 1954. Lorsqu’en 1977, on change la vocation de l’édifice, qui fut pendant de nombreuses années l’École de textiles, pour en faire une école dédiée à l’enfance inadaptée, on lui attribue l’appellation École René-Saint-Pierre, et ce, certainement en raison de son implication dans le domaine de l’éducation.

Le 7 septembre 1959, le premier ministre du Québec, Maurice Duplessis, décède subitement alors qu’il est en visite à Schefferville, sur la Côte-Nord. Il sera remplacé par Paul Sauvé qui, à son tour, trépasse après 117 jours en poste. Pour le remplacer, l’Union nationale mise cette fois sur la continuité en nommant comme chef Antonio Barrette, député depuis 1936 et ministre du Travail depuis 1944. Sa vision de la politique québécoise est en droite ligne avec celle de Duplessis.

Lors des élections suivantes, le 22 juin 1960, les organisateurs de l’Union nationale à Saint-Hyacinthe misent également sur la continuité pour tenter de vaincre René Saint-Pierre. En effet, le candidat de l’Union nationale sera Gilles Chartier, le fils d’Ernest-J. Chartier, qui fut député du comté de 1944 à 1954.

Malgré tout, René Saint-Pierre conservera son poste avec une confortable majorité de 2212 voix sur son adversaire. Au niveau provincial, les libéraux de Jean Lesage prennent le pouvoir.

Le 1er avril 1961, René Saint-Pierre est assermenté comme ministre des Travaux publics. Il le demeurera jusqu’à la défaite de 1966. Le ministre Saint-Pierre a dès lors les coudées franches pour mener à bien les nombreux projets qu’il a en tête pour son comté.

C’est sous sa gouverne qu’a lieu la construction de l’Institut de technologie agricole, l’un des fleurons de Saint- Hyacinthe. Il voit également au développement de la route 9, qui plus tard deviendra la route 116 passant ainsi à une voie à double circulation.

En 1962, Lesage déclenche des élections, deux ans avant la date prévue. René Saint-Pierre conserve son comté. En 1966, il se présente pour la quatrième fois. Son adversaire est Denis Bousquet de l’Union nationale. Cette fois, Saint-Pierre est défait, mais par une toute petite différence de 30 voix.

À la surprise générale, le phénomène se répète à travers toute la province et Daniel Johnson, le député du comté voisin, en l’occurrence Bagot, devient premier ministre du Québec. Après sa défaite, René Saint-Pierre se retire de la politique active, avant de décéder six ans plus tard, le 5 novembre 1972, à l’âge de 72 ans.

Par Martin Ostiguy, membre du Centre d’histoire de Saint-Hyacinthe

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