10 octobre 2024 - 03:00
Rapport d’enquête sur la gouvernance du Cégep
René Vincelette consterné
Par: Sarah-Eve Charland
René Vincelette a assumé la présidence du Cégep de Saint-Hyacinthe de 2012 à 2021. Photothèque | Le Courrier ©

René Vincelette a assumé la présidence du Cégep de Saint-Hyacinthe de 2012 à 2021. Photothèque | Le Courrier ©

Ayant assumé la présidence du conseil d’administration du Cégep de Saint-Hyacinthe de 2012 à 2021, René Vincelette est tombé des nues à plusieurs reprises en lisant les constats du rapport d’enquête commandé par le ministère de l’Enseignement supérieur.

« Il y a eu des prises de position que je qualifierais d’individuelles, au lieu de privilégier des décisions qui respectent la synergie du Cégep et de sa communauté. Il y a quelque chose qui s’est brisé. Je n’ai aucune idée de ce que certains recherchaient en adoptant un tel comportement et en imposant un paquet de choses. […] Il y a eu un élément déclencheur. Est-ce une soif de pouvoir? Est-ce une soif de vouloir gérer à sa façon? Est-ce une volonté de prendre le contrôle absolu? Est-ce qu’il y a eu d’autres éléments? » s’interroge-t-il.

En 2020, M. Vincelette a participé à un processus d’évaluation 360 degrés du directeur général Emmanuel Montini. Des préoccupations ont été soulevées à ce moment, menant à l’élaboration d’objectifs, soit améliorer le climat organisationnel et établir des stratégies d’attraction et de rétention des employés.

« J’ai rencontré M. Montini avec l’administrateur Augustin Brais à mes côtés. On a mis en évidence des situations. Entre autres, les employés et les cadres voulaient avoir un leader rassembleur, un joueur d’équipe. J’ai été surpris qu’il n’ait pas saisi le message. […] Je croyais réellement, avec la façon positive et constructive que nous avions apporté les conclusions de l’évaluation, qu’il aurait pris le temps d’écouter et d’ajuster le tir. Est-ce qu’il a pris ça comme une agression contre lui? Je ne sais pas. Avec le recul, sa réponse a été complètement le contraire à ce qu’on souhaitait », mentionne M. Vincelette.

Ce dernier a appris l’existence du diagnostic de climat de travail commandé par l’Association des cadres au moment de recevoir le rapport final des mains de son président en mai 2021. Le document a été transmis au directeur général le jour même. Selon le rapport d’enquête du Ministère, M. Vincelette a analysé le diagnostic de climat de travail et a fourni des synthèses des données quantitatives pour permettre aux membres du comité exécutif de « mieux saisir les messages ».

« Le directeur général et le directeur des ressources humaines [Daniel Cormier] n’étaient pas contents de l’évaluation 360 degrés. Ils l’étaient encore moins en consultant le rapport de l’Association des cadres. À ce moment-là, j’ai rappelé ce qui était ressorti de l’évaluation 360 degrés l’année précédente. [Ce que je trouvais important], c’était de prendre connaissance du diagnostic de climat de travail, d’en faire une analyse profonde, de prendre position et de revenir à l’Association », raconte-t-il.

Toutefois, une situation, qui n’est pas liée avec ce document, a poussé M. Vincelette à remettre sa démission à effet immédiat en juin 2021. Les enquêtrices notent que les observations de M. Vincelette n’ont pas été considérées par la suite par le comité exécutif.

Dans le rapport d’enquête du Ministère, les enquêtrices mentionnent que M. Montini avait donné une directive de détruire le rapport sur le climat de travail et qu’il a évoqué la possibilité de « mesure appropriée » si le document était rendu public dans une rencontre en juin avec les cadres. M. Vincelette s’est d’ailleurs dit surpris d’apprendre les détails de cet événement.

« J’ai des problèmes avec une vision comme ça. Je ne suis pas capable de comprendre ça. J’éprouve un grand malaise. C’est inquiétant. Je ne savais pas qu’il y avait eu ces commentaires-là. Ce n’est pas ma façon d’administrer. S’il y a des employés qui s’expriment, c’est au gestionnaire de bien comprendre la perception sur le plancher et de s’assurer qu’elle soit plus positive. Ce n’est pas ce qui s’est passé. C’est malheureux. Avec les décisions qui ont été prises [à l’été 2021], je ne suis pas surpris de voir toute la situation problématique qui a suivi », ajoute-t-il.

Selon M. Vincelette, membre de l’Ordre des conseillers en ressources humaines agréés, la première chose que les administrateurs du Cégep de Saint-Hyacinthe devront faire après avoir lu le rapport d’enquête du Ministère est de se questionner sur le mandat d’Emmanuel Montini. Rappelons que M. Montini est en congé de maladie depuis mai 2021. Son mandat se poursuit, en principe, jusqu’en mai 2027.

« Cette question-là est primordiale. Si M. Montini ne revient pas, la personne choisie pour accomplir le mandat de la direction générale aura un grand défi. Elle devra mettre l’accent sur le retour d’un climat de confiance et sur la collaboration avec toutes les instances. C’est aussi tout à fait pertinent de réviser les politiques et règlements », mentionne-t-il.

« Ce que je retiens, c’est que le Cégep ne mérite pas de se retrouver dans cette situation-là avec un climat de travail difficile. Saint-Hyacinthe a un très beau cégep. Il a une très belle renommée. Il ne faut pas diminuer sa crédibilité. La région en a besoin », conclut-il.

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